Avec une brûlante inquiétude


Reprenant le titre de la célèbre encyclique de Pie XI en 1937 "Mit brennender Sorge", les sites <The Remnant> et <Catholic Family News> publient sous la forme d'une lettre ouverte à François un réquisitoire implacable mais très argumenté en trois parties (25/9/2016).




Les deux premières parties ont déjà été traduites en français ici.
La troisième partie est pour le moment en anglais.
Et je vois aussi une traduction en hongrois, qui intéressera je pense certains de mes lecteurs (!!).

La lettre s'ouvre sur ce préambule, précèdant un réquisitoire certes implacable - mais qui ne rapporte que des faits - que j'invite évidemment mes lecteurs à lire en entier.

Votre Sainteté

Le récit qui suit, écrit dans notre désespoir en tant qu’humbles membres laïcs, est ce que nous devons appeler une accusation concernant votre pontificat, qui a été une calamité pour l'Église, en proportion inverse du ravissement des puissances de ce monde. Le point culminant qui nous a poussés à entreprendre ce pas a été la révélation de votre lettre « confidentielle » aux Évêques de Buenos Aires les autorisant, uniquement sur la base de vos propres points de vue exprimés dans Amoris Laetitia, à admettre certains adultères publics en « deuxième mariage » aux Sacrements de la Confession et de la Sainte Communion sans ferme intention de modifier leur vie en cessant leurs relations sexuelles adultères.

Vous avez ainsi défié les Paroles de Notre Seigneur Lui-même qui condamne le divorce et le « remariage » comme étant de l'adultère en soi, sans exception, vous avez bravé l'avertissement de Saint Paul sur la peine divine pour la réception indigne du Saint-Sacrement, vous avez défié l'enseignement de vos deux prédécesseurs immédiats qui est conforme avec la Doctrine morale bimillénaire et la discipline Eucharistique de l'Église enracinée dans la Révélation Divine, le Code de Droit Canon et toute la Tradition.

Vous avez déjà provoqué une fracture dans la discipline universelle de l'Église alors que quelques Évêques la maintiennent encore malgré Amoris Laetitia tandis que d'autres, y compris ceux à Buenos Aires, annoncent un changement basé uniquement sur l'autorité de votre scandaleuse « Exhortation Apostolique ». Rien de tout cela n’est jamais arrivé dans l'histoire de l'Église.

Pourtant, presque sans exception, les membres conservateurs de la hiérarchie observent un silence politique tandis que les libéraux se réjouissent publiquement de leur triomphe grâce à vous. Presque personne dans la hiérarchie ne s'oppose à votre mépris total de la saine Doctrine et de la pratique même si plusieurs murmurent en privé contre vos déprédations. Ainsi, comme il en a été pendant la crise Arienne, il incombe aux laïcs de défendre la Foi au milieu d'une défection quasi-universelle du devoir de la part des hiérarques.

Bien sûr, nous ne sommes rien dans l'ordre des choses et pourtant, en tant que membres laïcs baptisés du Corps Mystique, nous sommes dotés du droit donné par Dieu et du devoir corrélatif consacré par le droit de l'Église (cf. CDC, canon 212) de vous communiquer ainsi qu’à nos frères Catholiques ce qui concerne la crise aiguë que votre gouvernement de l'Église a provoqué au milieu d'un état déjà chronique de crise ecclésiale suivant le Concile Vatican II.

Les instances privées s’étant avérées tout à fait inutiles, comme nous le soulignons ci-dessous, nous avons publié ce document pour décharger notre fardeau de conscience face au grave préjudice que vous avez infligé et menacez d'infliger sur les âmes et le bien commun ecclésial, et aussi pour exhorter nos frères Catholiques à se tenir dans une opposition de principe à votre abus continu de la fonction papale, en particulier lorsque cela concerne l'enseignement infaillible de l'Église contre l'adultère et la profanation de la Sainte Eucharistie.

En prenant la décision de publier ce document, nous avons été guidés par l'enseignement du 'Docteur angélique' (Thomas d'Aquin, ndr) sur une question de justice naturelle dans l'Église :

« Remarquons toutefois que, s'il y avait danger pour la foi, les supérieurs devraient être repris par les inférieurs, même en public. Aussi Paul, qui était soumis à Pierre, l'a-t-il repris pour cette raison. Et à ce sujet la Glose d'Augustin explique : « Pierre lui-même montre par son exemple à ceux qui ont la prééminence, s'il leur est arrivé de s'écarter du droit chemin, de ne point refuser d'être corrigés, même par leurs inférieurs » ».[Summa Theologiae, II-II, Q. 33, Art 4]

Nous avons été guidés aussi bien par l'enseignement de Saint Robert Bellarmin, Docteur de l'Église, en ce qui concerne la résistance licite à un rebelle Pontife Romain :

« Par conséquent, tout comme il serait légitime de résister à un Pontife qui envahirait un corps, il est donc légitime de lui résister dans son invasion des âmes ou d’en déranger l’état, et beaucoup plus s'il devait essayer de détruire l'Église. Je dis qu’il est permis de lui résister, en ne faisant pas ce qu'il commande et en le bloquant de peur qu'il puisse procéder selon sa volonté ... [De Controversiis sur le Pontife Romain, Bk. 2, chap. 29] ».

Les Catholiques du monde entier, et pas seulement les « Traditionalistes », sont convaincus que la situation hypothétiquement envisagée par Bellarmin est aujourd'hui une réalité. Cette conviction constitue la motivation sous-jacente à ce document.

Que Dieu soit le juge de la droiture de nos intentions.


Christopher A. Ferrara, Chroniqueur Principal, The Remnant
Michael J. Matt, Editeur, The Remnant
John Vennari, Editeur, Catholic Family News


J'imagine que les catholiques bien pensants et autres thuriféraires rejeteront avec mépris et dégoût ce manifeste comme expression d'une idéologie nauséabonde émanant de la "réacosphère", c'est-à-dire ce ramassis de fascistes, d'hystériques malveillants et calomniateurs qui "aiment détester le Pape". (1)
Laissons-les s'égosiller. Ils sont d'autant plus agressifs qu'ils commencent eux aussi à s'inquiéter, car ils doutent.
Bien entendu, aucun média "respectable" n'osera relayer le brûlot, sauf éventuellement en se mettant une pince à linge sur le nez comme les électeurs socialistes de Chirac en 2002, et en dénonçant l'intolérable crime de lèse-papauté. Mais il y a quelques années, la moindre lettre écrite à Benoît XVI par les mémorables "quattro gatti" - "femmes de prêtres", "fidèles" ou curés lecteurs de La Repubblica et du Monde, dénonçant le "luxe" des appartements pontificaux, le coût pharaonique des vacances du Saint-Père, etc.. - était pieusment relayée et amplifiée par les même médias aujourd'hui passés avec armes et bagages du côté des papolâtres, comme s'il s'agissait d'une lame de fond populaire!
Même si le manifeste aura un impact quasi-nul dans l'opinion publique, il sera lu par ceux qui doivent le lire...
C'est sans doute ce qui compte.

* * *

(1) Un phénomène qui est parfaitement analysé par Jean Sévilla (ICI)

Dans une société démocratique où le débat d'idées est censé être libre, tout se passe comme si certaines idées étaient interdites, certains sujets tabous, et certaines voix moins légitimes que d'autres puisqu'elles contreviennent à la pensée dominante, qui est la pensée des élites politiques, culturelles et médiatiques. Le mécanisme du terrorisme intellectuel n'a pas varié. Il consiste à jeter l'opprobre sur les opposants à cette pensée dominante en leur collant, explicitement ou implicitement, une étiquette qui a pour but de les réduire au silence en jetant le discrédit sur leur personne et leur propos. Ces étiquettes se traduisent par des mots - réactionnaire, raciste, fasciste, homophobe, etc. - qui n'ont plus un sens objectif: ils peuvent s'appliquer à n'importe quoi et n'importe qui afin de les disqualifier selon le principe de l'amalgame et de la reductio ad hitlerum.