Basilique de Norcia détruite: lire les signes


Belle réflexion sur la Bussola, qui après avoir souligné la coïncidence tragique des dates (30 octobre: destruction du coeur du christianisme; 31 octobre: commémoration de la Réforme), termine sur une note d'espoir et nous indique le chemin à suivre: "ora et labora" (31/10/2016)

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Terrible séisme en Italie




Le nom de François n'est pas cité, même s'il est bien présent en filigranne, sa participation aux "célébrations" de Lund ajoutant encore au symbolisme lourd de cette coïncidence de dates.

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Quant à Benoît XVI, il doit être très affecté par ces destructions, et nul doute que dans sa prière, il y cherche un sens, lui qui, de son propre aveu, croit aux signes, et que ceux-ci ont jalonné sa vie, du chant de l'alouette dans la cathédrale de Freising, le jour de son ordination, à l'arc-en ciel d'Auschwitz.
En évoquant le monachisme occidental, son rôle dans la construction de ce qui allait devenir l'Europe chrétienne, et la devise de saint Benoît "ora et labora", impossible d'ailleurs de ne pas penser à lui, et à sa mémorable "discours des Bernardins", prononcé le 12 septembre 2008 à Paris (à relire ici: w2.vatican.va)

Reconstruire à partir des ruines spirituelles et matérielles
Ora et labora nous indique un signe puissant


Claudio Crescimanno
www.lanuovabq.it
31/10/2016
Ma traduction

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Nous sommes tous encore sous l'impression des scènes dramatiques que nous avons vues à la télévision hier matin, et pas pour la première fois ces dernier temps. Reportages frénétiques à la télévision, interviews de maires désespérés par le sort de leur village, images de gens en larmes qui s'enfuient, et décombres désolées. On est particulièrement impressionné que les écroulement les plus graves concernent principalement les églises, et l'on sait que cela tient à des raisons architecturales et à l'inévitable absence d'entretien, pour des raisons évidente étant donné que - particulièrement dans le centre et le sud -il y a beaucoup d'églises et peu d'argent.

Mais parmi les images d'hier matin, il y en a une, il me semble, qui en plus de la douleur naturelle, ne peut que conduire à une profonde réflexion. Je pense bien sûr à l'effondrement presque total de la basilique de saint Benoît à Norcia.

L'Evangile nous enseigne le "regard de la foi" sur la réalité et les événements; et le regard de la foi consiste précisément en cela: toujours lire les événements dans une double perspective, comme fait et comme signe. Donc, sans la moindre instrumentalisation facile, qui serait indubitablement déplacée dans de telles circonstances, nous ne pouvons cependant pas ne pas voir la force tragiquement symbolique et évocatrice de cette image.

Saint Benoît, ses moines, le réseau des monastères qui suivaient sa règle, on été idéalement et de fait le fondement sur lequel il y a un peu moins de deux mille ans s'est édifiée la civilisation européenne, l'Europe gréco-romano-chrétienne: la basilique qui porte son nom, dans sa ville natale, ne peut pas ne pas s'affirmer comme un symbole de l'histoire, de la valeur même de cette civilisation qui est la nôtre, et son effondrement semble même trop facilement être le symbole, précisément le "signe" dans le sens évangélique, de sa désintégration progressive.

C'est l'Europe de la culture classique et des valeurs chrétiennes qui tombe en morceaux, et pas seulement récemment, et même pas depuis hier: depuis au moins cinq siècles un processus de rupture de la civilisation européenne, puis occidentale est mis en oeuvre, se réalisant à travers les grandes étapes révolutionnaires de l'histoire de notre continent; et la première étape de ce processus, la première blessure dévastatrice jamais guérie infligée à l'unité du vieux continent, la révolution qui a été ensuite d'une certaine façon la mère de tout ce qui a suivi, est la révolte protestante.

Ainsi, à un symbole s'ajoute un autre symbole: hier, 30 Octobre, l'écroulement de la Basilique de Saint-Benoît de Nurcie, icône de notre monde; aujourd'hui 31 Octobre, le monde protestant donne le coup d'envoi des «célébrations» du cinq centième anniversaire de l'étincelle qui a généré cette révolte qui a été de fait le début de la fin de l'Europe construite par les fils de saint Benoît, fusionnant ensemble la culture classique et la vérité et l'unité catholique.

Le "signe" est puissant et dramatique. Mais dans les images de télévision d'hier matin, il y a aussi un autre signe, un signe que redonne espoir et nous indique le chemin. Sur la place devant la basilique, tournés vers la façade à demi-détruite et entourée de décombres, un moine bénédictin, quelques religieuses et un groupe de personnes étaient à genoux pour réciter le chapelet, tandis que d'autres moines et des fidèles couraient prêter aide et réconfort aux gens égarés qui petit à petit se rassemblaient sur la place: c'est précisément ainsi, avec la sagesse et l'énergie de l'"ora et labora" bénédictin que l'Europe s'est constuite il y a 1600 ans, et de la même manière, ce n'est qu'ainsi que renaîtra l'Europe de demain.