Bienvenue dans le meilleur des mondes



Où Aldous Huxley a-t-il puisé son inspiration? Les idées de son livre prophétique "sont-elles des descriptions authentiques d'interventions politiques planifiées en d'autres instances"? (26/6/2016)

 

En avril 2015, dans une interview publiée sur le site Bd Voltaire, Eric Letty, co-auteur d'un livre intitulé "Résistance au Meilleur des Mondes" affirmait à propos du célèbre livre d'Aldous Huxley:


"Le Meilleur des mondes" de Huxley, publié en 1932, est considéré comme un livre de science-fiction : on se fait une petite frayeur en le lisant, mais on se rassure à la pensée que ce n’est qu’une fable. Malheureusement, la fable devient réalité, en épousant si fidèlement l’univers décrit par Huxley – mondialisme, disparition des nations, dévaluation de la famille et de la maternité, négation des identités sexuées, dissociation de la sexualité et de la reproduction, eugénisme, tri embryonnaire, ectogénèse, etc. – que l’on peut légitimement se demander si l’auteur du Meilleur des mondes était une sorte de prophète, ou bien un initié qui a décrit un projet dont il avait été informé au cours de conversations avec son frère Julian, biologiste eugéniste, premier directeur général de l’UNESCO et fondateur du WWF… Le rapprochement du modèle de société occidental avec Le Meilleur des mondes, porté par l’hégémonie américaine et appuyé par les Nations unies, correspondrait alors à un plan progressivement mis en œuvre depuis les années 1950. S’appuyant sur les progrès scientifiques et technologiques, il vise à recréer l’homme à son idée, par le bouleversement des mœurs et l’instauration d’un nouvel ordre politique mondial.



L'auteur de l'article paru aujourd'hui sur le site <Campari & de Maistre> et que j'ai traduit plus bas s'interroge lui aussi sur la source d'inspiration d'Huxley. Il s'appuie sur un essai publié par ce dernier lui-même en 1958, un quart de siècle après son roman "prophétique", intitulé Retour au meilleur des mondes, que l'éditeur présente en ces termes:

En 1946, dans sa préface à la réédition du Meilleur des Mondes, Huxley écartait l'idée de retoucher, de corriger, d'actualiser ce chef-d'œuvre déjà vieux de quinze ans. En 1958 – date de ce Retour – ce sera chose faite. Il ne s'agit plus de fiction : ce monde, le monde, n'est plus un roman. La bombe H, deux dictatures sans précédent, l'explosion démographique sont passés par là...
Avec une acuité redoublée et un impitoyable sens de l'humour, Huxley le critique relit Huxley le prophète et le confirme : vous croyiez rêver, vous le viviez. Le meilleur des mondes, c'est le nôtre....



On peut ajouter que depuis 1958, l'histoire s'est encore accélérée à un rythme qu'il était difficile d'imaginer il y a à peine plus d'un demi-siècle, et que le monde où nous vivons devient une reproduction de plus en plus proche de la perfection de celui décrit par Huxley....

Bienvenue dans le meilleur des mondes de Huxley


Alfredo Incollingo
www.campariedemaistre.com
Ma traduction

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En 1932 l'écrivain anglais Aldous Huxley publia son célébrissime "Meilleur des Mondes", une dystopie littéraire sur une humanité technocratique et bionique, asservie à une conception aseptique et "droguée" de l'existence. Fantasme ou prophétie? La question se pose naturellement parce que nous assistons aujourd'hui à des révolutions anthropologiques qui ont beaucoup en commun avec les descriptions hallucinantes de Huxley. Le même auteur, de nombreuses années après la publication du roman, a admis dans un essai ("Retour au meilleur des mondes", 1958) que certains de ses "fantasmes" s'étaient concrétisés. A ce point, le futur inquiétant que nous promet le "Meilleur des Mondes" ne semble pas si éloigné.
Aldous Huxley est probablement le visage connu de la "beat generation" anglaise, ce groupe d'auteurs libertins et "new age" tellement à la mode durant les décennies de la (tragique) contestation générationnelle.
'Huxley' est un patronyme important et prestigieux, une famille d'artistes et de scientifiques: le frère d'Aldous, Andrew, remporta même en 1963 le prix Nobel de médecine. Les Huxley furent les champions du mouvement humaniste, laïc et philanthropique né au début du XIXe siècle, sans jamais abandonner leur qualité de progressistes, y compris à une époque plus récente. Aldous, dans le sillage de ses ancêtres, en fit autant, se rangeant du côté de la contestation et propageant sa philosophie millénariste, faite de drogue et de spiritualité orientale. L'avortement, l'eugénisme, l'euthanasie et autres "diableries" modernes furent autant de "droits" défendus par la plume polémique d'Huxley.

Des questions surgissent spontanément: les idées du "Meilleur des Mondes" sont-elles le fruit de sa formation culturelle? Ou sont-elles des prévisions intelligentes sur l'évolution de la modernité, ayant compris à l'avance quelles seraient les futures transformations anthropologiques? Ou bien sont-elles des descriptions authentiques d'interventions politiques planifiées en d'autres instances? Des doutes subsistent, compte tenu du contexte dans lequel Huxley a grandi .

"Le Meilleur des Mondes" raconte un avenir anormal et inhumain. La technique régit les vies humaines, qui sont uniformes et diversifiées en castes. On naît en série, sans trop de distinctions sexuelles, et on vit dans un monde feutré, grâce au bien-être gratuit et à des doses massives de drogues. Les derniers (vrais) êtres humains sont retranchés dans des réserves, méprisés par les "civilisés" et traités comme des animaux: c'est un concentré de science, d'économie et de psychologie. Dans "Retour au meilleur des mondes", Huxley revient sur le roman des années plus tard, reconnaissant dans son époque la concrétisation de ses "fantasmes".

De l'utilisation immodérée de la publicité au drame de la drogue, l'écrivain parcourt tous les thèmes traités dans son roman et dit combien ils se sont reproduits à l'identique dans la réalité. Ce qui nous attend, affirme-t-il, c'est un avenir totalitaire, peut-être pire que celui imaginé dans son oeuvre. La liberté est en danger à cause de la menace d'un pouvoir occulte et sournois qui se montre "bon", cachant son visage sombre. Le bien-être, les biens matériels et l'usage excessif de la science ont déterminé, selon Huxley, un gouvernement occulte capable de dominer psychologiquement l'être humain, lui laissant peu de liberté ou lui en consentant une illusoire .

Vérité ou fausses peurs? Le gender, le "mariage" homosexuel, le fléau de l'avortement et d'autres facéties que nous connaissons sont le produit d'une "culture de mort" qui bientôt pourrait nous submerger. Nous semblons forts, mais nous sommes faibles à l'intérieur et n'importe quelle menace interne ou externe, ne rencontrerait pas do'bstacles à une facile domination.

"Le Meilleur des Mondes" et "Retour au meilleur des mondes" doivent être lus avec ces convictions, que ce qui est écrit n'est pas le fruit de l''imagination, mais la possibilité d'un avenir terrifiant.