Bon retour, Père Scalese!



Le blog de mon ami le Père Scalese est sorti de son long sommeil. Il répond, à sa manière, aux affirmations faites par le Pape dans la vidéo polémique sur ses "intentions de prière" du mois courant (11/1/2016)

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Dialogue interreligieux ou syncrétisme?

 

A l'intention de mes lecteurs les plus récents:
Le blog du Père Scalese a ouvert en janvier 2009 (voir ici: benoit-et-moi.fr/2009-I), et j'ai sans doute été une des premières à le suivre.
Après quoi j'ai traduit un grand nombre de ses articles, dont la plupart (on peut l'affirmer sans crainte de se tromper avec le recul) n'ont pas pris une ride. On pourra les retrouver (enfin, presque tous!) en faisant une recherche patiente sur son nom via le moteur de recherche de mon site.

Le blog s'était interrompu une première fois en 2011, puis avait repris en 2013, au moment où Benoît XVI venait d'annoncer sa renonciation (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/le-pere-scalese-est-de-retour). Avant de se taire à nouveau en octobre de la même année. Un silence qui disait déjà beaucoup...

Aujourd'hui, il revient. Espérons que c'est pour de bon.

Baptême du Seigneur


10 janvier 2016
querculanus.blogspot.fr
(Ma traduction)


Mardi dernier, après plus de deux ans de silence total, ce blog est sorti de son sommeil.
Était-ce vraiment nécessaire?
La situation ecclésiale, par rapport à l'époque où il a vu le jour (il y a sept ans, mais cela semble un siècle ...) a radicalement changé (et peut-être est-ce aussi cela qui, avec d'autres facteurs, a contribué à mettre le blog en sommeil).
Au cours de ces années, il s'est produit et il continue de se produire tant de choses sur lesquelles on pourrait intervenir (et beaucoup le font, de façon louable), mais sur lesquelles on peut tranquilement glisser, se concentrant sur l'essentiel, qui consiste dans la fidélité: «Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de la vie» (Ap 2:10).
Mais il y a d'autres questions sur lesquelles nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était, parce qu'elles touchent à l'essence de la foi chrétienne, qui est le trésor le plus précieux que nous ayons, et que nous devons garder intact pour nous-mêmes (si nous voulons nous sauver), et pour les générations à venir.
Une de ces questions est la médiation salvifique universelle, et donc exclusive du Christ.
Eh bien, voir que dans un document, même non officiel, du Saint-Siège, on puisse en quelque sorte remettre en question cette vérité, m'a, disons, presque contraint à revenir sur le terrain. Je ne suis personne, mais cela ne signifie pas que même le dernier dans l'Église n'a pas le devoir d'apporter sa petite contribution à la défense de la foi.
Aujourd'hui, comme je ne voudrais pas qu'après son brusque réveil, le blog sombre à nouveau dans le sommeil, j'ai décidé de le maintenir éveillé avec la publication de mes homélies dominicales. Cela ne me coûte rien, puisque de toutes façons, je dois préparer l'homélie pour mes quelques fidèles: il me faut cinq minutes pour transférer le fichier sur le blog.
Ma petite communauté est internationale, de sorte que je suis obligé d'utiliser l'anglais; mais c'est un anglais élémentaire, accessible à tous. Ceci aussi est une façon de partager avec les amis et les frères dans la foi ce que l'Esprit dit à cette communauté pauvre de l'extrême périphérie de l'Eglise.

Bien que ce soit, de l'aveu même de l'auteur, de l'anglais très simple (ce qui veut dire très clair) je le traduis quand même pour mes lecteurs.
Pour les prêtres, c'est d'ailleurs une idée à creuser... Loin de moi l'idée de faire la morale à quiconque, surtout à un prêtre, mais je pose juste la question: pour combien d'entre eux l'homélie dominicale est-elle propre à ranimer, ou même entretenir, la foi des fidèles, parce qu'elle revient à l'essentiel?

L'Homélie du P. Scalese
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Mercredi dernier, nous étions encore en train de contempler l'Enfant Jésus, visité et adoré par les Mages; et aujourd'hui, avec un saut de trente ans, nous nous trouvons en face d'un Jésus adulte, qui commence son ministère public. Des sauts temporels de ce genre, intolérables pour un historien, sont communs dans la liturgie. Pourquoi? Parce que, même si les événements que nous commémorons sont différents et éloignés les uns des autres, le mystère que nous célébrons est le même, c'est-à-dire le mystère de la manifestation du Seigneur. Le baptême au Jourdain est aussi une sorte de d'«épiphanie»: Jésus nous apparaît dans sa véritable identité.

Habituellement, quand nous parlons du baptême de Jésus, nous nous concentrons sur cet événement spécifique: Jésus qui va chez Jean, au Jourdain, pour être baptisé par lui. Et alors nous sommes en difficulté, parce que nous ne comprenons pas pourquoi Jésus l'a fait: il était sans péché, et donc il n'avait pas besoin d'être baptisé. Voilà pourquoi nous devons chercher d'autres explications; et alors nous disons: Jésus s'est lui-même baptisé pour nous, pas pour lui-même; dans un sens, il nous prend tous dans le Jourdain; il entre dans les eaux, endossant nos péchés; il anticipe un autre «baptême» - sa mort par laquelle il lavera les péchés du monde.

Tout cela est vrai: des théologiens, à travers les âges, ont réfléchi sur ce mystère, et la liturgie elle-même s'attarde sur lui. Juste pour vous donner un exemple, l'antienne, au Magnificat des premières vêpres de cette fête dit: «Notre Sauveur est venu pour être baptisé, afin que dans les eaux purifiantes du baptême, il puisse restaurer le vieil homme à une vie nouvelle, guérir notre nature pécheresse, et nous revêtir de sainteté sans faille».

Mais ce n'est pas cela, la raison pour laquelle nous célébrons aujourd'hui le baptême du Seigneur.
Je ne sais pas si vous avez remarqué que l'évangile d'aujourd'hui (1) ne souligne pas l'événement du baptême de Jésus. Luc nous dit d'abord que les gens se demandaient si Jean-Baptiste pourrait être le Messie. Et Jean donne son témoignage: selon le quatrième évangile, il dit: «Je ne suis pas le Messie». Dans l'Évangile d'aujourd'hui, il explique simplement le sens de son baptême: «Je vous baptise avec de l'eau, mais quelq'un de plus puissant que moi est à venir ... Il vous baptisera avec l'Esprit Saint et le feu». Ensuite, Luc mentionne le baptême de Jésus en passant, sans insister sur les détails: «Après, toutes les personnes avaient été baptisés et Jésus avait également été baptisés ...». Mais il souligne un autre détail: Jésus «priait». Cela signifie qu'il s'agit d'un moment remarquable dans la vie de Jésus. Dans l'évangile de Luc, quand Jésus est en train de faire quelque chose d'important, il prie. Là, c'est un tournant dans la vie de Jésus, parce qu'après trente ans de vie cachée, il commence son ministère public.

Puis Luc ajoute: «Le ciel s'était ouvert et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel: "Tu es mon Fils bien-aimé; avec toi je trouve ma joie"».

Voilà pourquoi nous célébrons aujourd'hui le baptême du Seigneur: parce qu'à cette occasion, sa nature divine nous a été manifestée pour nous. La Trinité tout entière s'est déplacée pour nous révéler qui est vraiment Jésus: l'Esprit Saint descend sur lui comme une colombe; le Père témoigne qu'il est son fils. Jésus est pas un simple homme: il est le Fils de Dieu. Certains pourraient penser que Jésus devient Fils de Dieu à ce moment; mais ceci n'est pas une déification, c'est seulement une manifestation: Jésus a toujours été le Fils de Dieu, depuis le premier instant de sa conception humaine; à présent sa nature divine est montrée publiquement. Il est le Fils de Dieu incarné, autrement dit, fait homme; pas un homme déifié, c'est-à-dire fait Dieu.

Mais cette manifestation divine («Théophanie», en grec) de Jésus est aussi l'annonce de notre «divinisation»: par le baptême, nous devenons enfants de Dieu. Lorsque nous sommes baptisés, nous sommes adoptés par Dieu comme ses enfants: nous devenons, par l'adoption, ce que Jésus est par nature. Et donc nous pouvons enfin comprendre le motif de l'incarnation: le Fils de Dieu est devenu homme, afin que nous puissions devenir enfants de Dieu!

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NDT:
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(1) Lecture du jour (10 janvier, Fête du Baptême du Seigneur)
Evangile selon saint Luc (Lc 3, 15-16.21-22)

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous: «Moi, je vous baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu».
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel: « Toi, tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. »