Contre les loups


Sur le site The Remnant, une extraordinaire réflexion sur une évidence que nous avons quotidiennement sous les yeux : le monde est devenu fou, les loups sont parmi nous, et nous rejetons le Bon Pasteur. De l’influence délétère de Teilhard de Chardin (19/1/2016)

 

L’auteur, Susan Claire Potts, qui se qualifie de « professionnelle de la santé mentale » est experte en psychologie spécialisée dans les questions liées au mariage et à la famille (*)

C'est Anna qui a déniché cette perle, et l'a traduite.

Contre les loups


7 juillet 2015
Susan Claire Potts
remnantnewspaper.com
Traduction d'Anna

L'Enfer existe-t-il? Adam et Eve étaient-ils des personnes vraies? Moïse, était-il vrai? A-t-il séparé la Mer Rouge? A-t-il écrit les cinq premiers livres de la Bible? Qu'est-il permis de croire exactement à nous les Catholiques, maintenant que les loups ont "mis à jour" notre Église?

C'était en milieu de matinée. Mon mari et moi nous roulions sur la I-75 (Interstate-75, autoroute qui va du bout nord de la région des Grand Lacs dans le Michigan jusqu'en Floride, ndt) lorsqu'une vieille camionnette plutôt cabossée nous a doublés par la droite. Elle avait une pancarte clouée dessus - un tableau blanc avec des lettres noires. En le lisant nous avons ri, tellement c'était vrai. Dieu est grand. La bière est bonne. Les gens sont fous.

Un ami m'a dit plus tard que les mots étaient tirés d'une chanson country de Billy Currington. La pancarte n'était pas d’origine, mais l'effet de ces trois courtes phrases n'en changeait pas pour autant. Le monde est vraiment devenu fou. Ce n'est pas de l'exagération. Je suis une professionnelle de la santé mentale et je connais le fou quand je le vois.

Les choses ne sont pas ce qu'elles devraient être.

Le tissu social qui unit les gens a été déchiré. Les coutumes, les mœurs et les manières ont changé, aucun en mieux. La courtoisie a été abandonnée; les bonnes manières, perdues. L'honneur et le respect foulés aux pieds. Il y a de l’hostilité et de l’irritation dans l'air. Des comportements inimaginables sont acceptés; des modes de vie aberrants exaltés. Le divorce, le meurtre, l'infanticide, le vol et le mensonge augmentent. Le mal grandit. La sauvagerie guette dans les endroits sombres.

Les conséquences psychologiques sont profondes. Il y a chez les gens une tristesse sans remède et de l'amertume, une absence d'objectifs et du désespoir. Des troubles émotifs graves sont évidents; le narcissisme et les perversions ne sont ni dénoncés ni réglés. Désordres de la personnalité, névroses profondes, développement arrêté font des ravages dans les familles et la société.

Quelle en est la cause? Qu'est-il arrivé à tout le monde?

La réponse est théologique. Le socle philosophique de la civilisation chrétienne a été détruit. Les Dix Commandements sont ignorés; la structure légale est pliée. Il n'y a plus de cadre de référence, plus de mesure morale à la base. Tout doit être réinterprété.

Les gens ont été arrachés de leurs racines et pris dans un réseau électronique. Le vrai est remplacé par le virtuel, les amis par Facebook, la conversation par des tweets. C'est devenu tellement omniprésent que des masses de gens vivent dans un état altéré de conscience. Une subjectivité interne remplace la signification universelle.

Une curieuse philosophie du changement impératif tient le monde sous son emprise, un progressisme fondé sur le mensonge de l'évolution et axé sur la transcendance humaine. Il n'y a rien de fixe, même pas l'identité de chacun. Tout est malléable. Tout est en cours. Le transhumanisme nous appelle.

Les Catholiques avancent en trébuchant dans cet étrange nouveau monde, ballottés par des changements jamais recherchés et qu'ils ne comprennent pas. Privés de direction, ils se débattent dans le déséquilibre psychologique. Ils sont contraints de vivre dans une condition fluide de questions sans réponses.

C'est le cœur du problème. Les catholiques connaissaient jadis les réponses. Ils connaissaient la vérité. La Foi était donnée; la Réalité dévoilée. Tout le reste suivait. Tout avait un sens, mais cette certitude n'a pas pu demeurer.

La Certitude n'était pas assez bonne pour les Chrétiens adultes, ceux qui ont saisi le gouvernail et ont dérouté la barque. Ce ne peut pas être aussi simple que ça, disent-ils. Ces choses ne peuvent pas être prises littéralement. Nous sommes appelés à découvrir la signification derrière les constructions d'un âge plus primitif.

Ils ont recherché quelque chose de plus sophistiqué, de plus digne pour leur intelligence avancée. Ils ont embrassé le vide, ils sont tombés amoureux de l'éternelle ignorance. Malades d'inconsciente angoisse, ils recherchent sans cesse, sans jamais trouver.

Leurs esprits ont été inondés d'une fausse épistémologie, d'une ontologie contrefaite, et d'une eschatologie inventée. Ce que les choses signifient, ce que les choses sont, vers où les choses vont - toutes ces solides conceptions fondamentales ont été éliminées. La logique a disparu. La raison est dans les ombres.

Ils ont gardé le nom de Catholique, mais ils ont abandonné la Foi. Elle n'est pas réelle pour eux. Ils acceptent sa signification historique, mais ils ne donnent pas de consentement intellectuel à sa Vérité. Ce n'est que de la métaphore et du symbole, insistent-ils, rien de plus. C'est pourquoi la Résistance chancelle. C'est pourquoi la Tradition n'est pas tenue pour sacrée. C'est pourquoi la culture est morte.

N'essayez pas de donner un sens à ça, nous dit-on. Laissez-vous juste porter par le courant. Tout change. Ne faites pas obstacle.

Comment cela est-il arrivé? Comment des esprits intelligents sont-ils devenus insipides?

C'est une construction qui a pris du temps. La Révolte Protestante. La Révolution Française, Les Lumières et la montée des Illuminati. Le modernisme. Le post-modernisme. La phénoménologie. Le déconstructionnisme. Nous nous dirigeons vers cinq cent ans de dissolution systématique, avec chaque déversement de solvant spirituel plus létal que le précédent.
La dernière dose a été concoctée par un homme, le prêtre jésuite Pierre Teilhard de Chardin.

Sa pensée et ses fausses croyances, sa nouvelle philosophie compliquée et sa spiritualité de substitution ont captivé les esprits des intellectuels bien avant Vatican II.
Ne maîtrisant plus le Latin, les intellectuels du milieu du siècle sont partis à la dérive, incapables de sonder la profondeur de de la pensée catholique. Ils ne pouvaient pas comprendre le génie de la Summa. Ils ne pouvaient pas gravir les hauteurs du Bréviaire. Ils ne pouvaient pas voler avec les anges.

Las des rigueurs de la scolastique, las de la structure fixe de l'enseignement magistériel, ils ont traîné dans la boue d'une doctrine déconstruite et de traductions puériles. Rien ne satisfaisait l'aspiration de leurs cœurs. Quelque chose devait céder, quelque chose devait changer. Ils ne pouvaient pas regarder en arrière, c’était inacceptable. Malgré leur génie, ils n'étaient que troupeau après tout. Ils avaient besoin d'un guide.

Bientôt ils le trouvèrent, le loup déguisé en agneau: Teilhard de Chardin.

Sa poésie parlait à leur vide. Il était nouveau. Intéressant. Le fait que ses supérieurs aient essayé d'empêcher la publication de son œuvre révolutionnaire était fascinant pour des esprits blasés. Que cachait l'Église? se demandaient-ils entre eux. Sans se laisser démonter par l'autorité, ils sortirent leurs polycopieuses (mimeographs) et la campagne clandestine pour changer l'enseignement catholique commença.

Elle a marché. L'idée d'évolutionnisme spirituel prit racine - un développement technique et scientifique où Matière et Esprit, l'individu et la société constituent un collectif divinisé, le protoplasme du Christ Cosmique.

Personne ne s'aperçut de l'indicible blasphème.

Ses théories se répandirent. Un esprit amorphe finit par engloutir les universités, les couvents, les séminaires. Des nuance de pensée teilhardienne serpentèrent partout dans l'Église.

Personne n'a tenu compte du Monitum, la mise en garde [de la CDF, en 1962] contre l'œuvre de Teilhard. Même le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi, ne voit là aucun problème: « Personne désormais ne songerait à dire que [Teilhard] est un auteur hétérodoxe qui ne devrait pas être étudié ».

Alors allez-y. Lisez les réflexions vides du jésuite insipide. Rome dit que c'est bien. N'ayez pas peur du grand méchant loup. Il ne va pas vous manger. Il n'est pas réel, la Foi n'est pas réelle, la Vérité n'est pas réelle. Rien n'est réellement. Tout devient.

Ce n'est pas théorique. Les mensonges et les distorsions de la spiritualité teilhardienne ont frappé la Vérité au niveau psychologique le plus profond. Finalité, signification et identité ont été chamboulés. Personne ne croit plus en notre religion. Ils ont oublié que la Foi n'est pas une sorte de confort intérieur privé, mais une certitude intellectuelle, un consentement de l'esprit aux vérités révélées par Dieu.

Le langage de la Foi a changé pour s'adapter au paradigme révolutionnaire. De nouveaux mots et terminologie sont apparus. De vieux mots ont été manipulés, ont été mal prononcés, et mal utilisés - tous au service de la nouvelle compréhension, tous dans la course vers le Point Oméga.

Des définitions disparaissent; des distinctions sont dénaturées. Au moins, dans "Alice au Pays des Merveilles" le lecteur savait que le Chapelier Fou était fou. Maintenant il est le maître. Les mots signifient ce que je veux qu'ils signifient. Personne n'ose contredire.

C'est ce qui a causé la folie. Rares sont ceux qui maintenant déclarent ouvertement que toutes les choses qu'on nous a apprises sont réellement vraies.

Et pourtant elles le sont.

Tout n'est pas perdu. Si vous êtes catholiques, le remède n'est pas difficile. Oubliez les interminables méandres philosophiques et les interprétations ridicules. Revenez à l'ancien catéchisme, aux mots mémorisés dans l'enfance, aux vérités posées à jamais au fond de votre esprit.

Méditez sur les questions; remémorez-vous les réponses.

Qui m'a créé? Que est-ce que l'homme? Pourquoi Dieu m'a-t-il créé? Dieu a-t-il réellement créé le monde par "un seul acte de Sa toute-puissante Volonté?" Le Paradis est-il un lieu? L'Enfer existe-t-il? Adam et Ève étaient-ils des personnes réelles?

Posez-vous ces questions. Les réponses apprises dans l'enfance sont-elles justes? Pouvez-vous dire « oui! » sans hésiter?

Si vous hésitez, vous êtes dans le pétrin.

Prenez maintenant les Saintes Écritures. Examinez les Lectures. La Messe Traditionnelle ou celle du Novus Ordo, vous les écoutez chaque semaine. Pouvez-vous affirmer que la Bible est la parole infaillible de Dieu? Croyez-vous que ces choses se sont réellement passées?

Moïse était-il vrai? A-t-il séparé la Mer Rouge? A-t-il écrit les premiers cinq livres de la Bible? Job a-t-il existé? Et Salomon? Et qu'en est-il de Jonas? A-t-il réellement passé trois jours dans le ventre d'une baleine?

Tout cela est-il factuel? Si vous ressentez un frisson d'aversion à l'idée que ça l'est, ou même pourrait l'être, alors vous avez été infecté. Réfléchissez-y. Il n'y a aucune preuve que ce soit figuré. Si l'Ancien Testament n'est pas vrai, comment pouvez-vous dire que le Nouveau Testament l'est? Pourquoi l'un et pas l'autre? Si aucun n'est vrai, que vous reste-t-il?

Rien, voilà ce qu'il vous reste.

Nous avons été conditionnés à comprendre la Sainte Bible à la "lumière de la critique radicale" (Higher criticism), mais ce n'est pas ainsi que le Pères de l'Église la comprenaient. Ce n'est pas ainsi que les saints la lisaient. Ils savaient que les mots signifiaient pour le moins ce qu'ils disaient. Ils lisaient la Sainte Écriture à quatre niveaux: littéral, allégorique, moral et eschatologique. Couche après couche. La signification dérivait du signifiant. La vérité s'ouvrait comme les bourgeons au printemps.

Vous ne pouvez pas comprendre la signification profonde si vous sautez au-dessus de la signification manifeste - ou littérale comme elle est appelée avec dédain. (Ne l’oubliez pas, la racine du mot est lettre. Tout comme un être humain est composé de chair et d'esprit, ainsi la lettre et l'esprit des écritures sont indissolublement liés. Ignorez la lettre et vous perdez l'esprit).

Revenez en arrière maintenant. Lisez et réfléchissez. Rejetez le chuchotement sournois des torpilleurs. Récupérez votre foi. Récupérez votre équilibre intellectuel. Récupérez votre raison. Ne tombez pas dans les mains des fous

Lisez le Credo d'Athanase et vous verrez ce qui vous manquait.

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(*) L'auteur est titulaire d’une licence en Littérature française, d’une maîtrise et d’un doctorat en psychologie, elle est Conseillère agréée sur les questions du mariage et de la famille, et diplômée de l'American Psychotherapy Association.