Jean-Paul II: "A pope emeritus is impossible"


Sandro Magister cite Jean-Paul II aux JMJ de Toronto (21/6/2016)

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Sandro Magister gardait depuis le début un (quasi-)silence prudent sur le statut de "Pape émérite" et n'avait pas encore commenté les déclarations fracassantes de Mgr Gänswein il y a maintenant un mois, laissant ainsi supposer qu'il n'en parlerait pas; il vient de sortir de sa réserve, en publiant la semaine dernière sur www.chiesa un article très documenté, avec de multiples renvois, intitulé IL N’Y A PAS UN PAPE, MAIS DEUX: UN "ACTIF" ET UN "CONTEMPLATIF" .
L'article commence ainsi:

La révolution réalisée par le pape François est en train de mettre l’Église sens dessus dessous. Mais son doux prédécesseur, Benoît, n’est pas en reste.

Et se conclut par ces mots:

Il n’est pas du tout vrai que la répartition des rôles entre François et Benoît soit tellement claire.
Ratzinger qui, après sa démission, avait donné l’impression qu’il garderait le silence en est sorti à plusieurs reprises. On compte maintenant une douzaine de cas où il a dit ou écrit quelque chose qui a été rendu public et, à chaque fois, il a fallu se demandersi ses propos étaient ou non en accord avec le magistère du pape "actif".
C’est, par exemple, ce qui s’est produit lorsque, pendant l’intervalle entre les deux synodes consacrés à la famille, Ratzinger a réexaminé ses thèses de jeunesse favorables à l’accès des divorcés remariés à la communion et qu’il a réécrit à ce sujet tout le contraire de ce qu’il avait affirmé antérieurement,
en une sorte de contestation anticipée d’"Amoris lætitia".
L'ambigüité triomphe dans le magistère de François, mais le "pontificat émérite" de Benoît constitue lui aussi une énigme qui n’est pas encore résolue.

*

Venant d'un grand admirateur de Benoît XVI comme lui, ces propos semblent résonner comme une critique à peine voilée, et j'avoue en avoir été surprise. Mais sans manquer en quoi que ce soit au respect et à la vénération qui lui sont dûs, il faut admettre que la dernière phrase n'est pas injustifiée, et que la "dyarchie" pontificale déssinée par son homme de confiance, loin de le dissiper, ont rendu encore plus épais le brouillard de mystère qui entoure le geste inouï de sa renonciation.

Sandro Magister revient d'ailleurs sur le sujet aujourd'hui, sur Settimo Cielo, avec une citation de Jean Paul II en 2002.

Jean-Paul II en 2002: "A pope emeritus is impossible"


Settimo Cielo
21 juin 2016
Ma traduction

* * *

L'énigme d'un "pape émérite" aux côtés du pape régnant, et même sous la forme d'un «ministère en commun» entre un pape «contemplatif» et un «actif», continue de peser, irrésolue, sur la saison actuelle de la papauté: (cf. www.chiesa : Pas un pape, mais deux, un "actif" et un "contemplatif")

La figure du «pape émérite» a été délibérément introduite par Benoît XVI après sa démission, mais n'a pas de précédent dans l'histoire.

On sait en effet qu'elle avait déjà été examinée par certains de ses prédécesseurs, qui toutefois l'ont toujours rejetée comme irréaliste. Pie XII, par exemple, pensant à un possible enlèvement par les nazis qui occupaient Rome, avait préparé une lettre de renonciation totale à la papauté, et avait confié à Mgr Domenico Tardini: «S'ils me kidnappent, ils enlèveront le cardinal Pacelli, pas le pape».

La question est réapparue dans la dernière phase, de plus en plus marquée par la maladie, du Pontificat de Jean-Paul II.

L'écrivain et éditeur catholique canadien Conrad Black confirme que le pape Karol Wojtyla a eu l'occasion d'en parler fin Juillet 2002, à Toronto lors des Journées Mondiales de la Jeunesse (voir photo), lors d'un déjeuner avec les bienfaiteurs qui avaient financé la journée, dans la maison de l'archevêque émérite de la ville, le cardinal Gerald Emmett Carter, dont Black était un ami proche.

A cette occasion, Jean-Paul II s'est dit tout à fait contraire à l'hypothèse. Et ses mots exacts furent: «A pope emeritus is impossible».

Black avait rappelé cet épisode dans un hommage à la mémoire du saint pape, publié dans l'hebdomadaire britannique "Catholic Herald" dont il est copropriétaire.

Joseph Ratzinger était le maître de doctrine en qui Jean-Paul II plaçait la plus grande confiance. Et il a été ensuite en 2005 son successeur.

Mais apparemment sur le "pape émérite" l'un et l'autre ont pris des routes divergentes.