Le "Pacte des Catacombes"


L'acte fondateur du pontificat bergoglien a-t-il été signé il y a un demi-siècle dans les catacombes romaines? Un formidable article du P. Scalese (20/7/2016)

 
On a l'impression qu'il y a eu deux Conciles: un «exotérique», destiné au grand public, fait des seize longs documents approuvés par les Pères, et un «ésotérique», réservé à quelques «éclairés», fait de douze petits paragraphes, mais qui devaient conditionner l'Église dans les décennies à venir. Et il semblerait presque que le Concile officiel ait seulement servi de paravent pour couvrir celui «réel», resté sous la cendre pendant cinquante ans, pour se manifester enfin de nos jours.

(...) La "Mafia de saint-Gall" ne suffisait pas; voilà que sort aujourd'hui le "Pacte des Catacombes". Cette nouvelle Église, apparemment, naît sous le signe de la conspiration. Mais les fenêtres n'avaient-elles pas été ouvertes pour laisser entrer l'air frais? Ne devait-on pas sentir le parfum du printemps? Moi, pour l' instant, je sens seulement la puanteur du soufre.

Je préviens les lecteurs, ma première réaction, en lisant le titre de l'article du Père Scalese a été, à moi aussi, "quésaco?" - soit l'équivalent (je crois) de son "oh icchegliè? " en dialecte toscan... - et j'étais sur le point de zapper.
Il est donc important de lire jusqu'au bout. On voit alors apparaître une nouvelle pièce d'un puzzle qui se complète petit à petit, rendant plus clairs des faits qui pouvaient sembler au départ sans cohérence ni logique.
Mais avant de commencer la lecture, il peut être intéressant de lire ce bref aperçu datant de novembre 2015, trouvé sur la version française du site de l'Agence Fides (www.fides.org):

Lima (Agence Fides) – Aujourd’hui, 16 novembre, est la date du 50ème anniversaire du Pacte des Catacombes qui a marqué un moment particulier dans la vie de l’Eglise, en particulier en Amérique latine, ainsi que le soulignent les missionnaires jésuites du Pérou, dans la note envoyée à l’Agence Fides.
Au cours du Concile Vatican II (1962-1965), un groupe d’Evêques, principalement originaires d’Amérique latine, conduit par l’Archevêque d’Olinda et Recife, S.Exc. Mgr Helder Camara, se réunissait régulièrement pour réfléchir au thème de l’Eglise des pauvres que Saint Jean XXIII avait proposé. Le 16 novembre 1965, peu de jours avant la clôture du Concile, de nombreux Pères conciliaires – une quarantaine initialement – se rencontrèrent aux Catacombes de Sainte Domitille, à Rome, pour célébrer ensemble l’Eucharistie et signer un engagement auquel s’unirent peu après 500 autres Evêques.
Le document, par la suite connu comme Pacte des Catacombes, engageait les signataires à vivre imprégnés par l’Esprit de l’Evangile, dans la pauvreté et l’humilité, loin du pouvoir, avec le cœur et l’esprit dans le ministère pastoral.
Le texte parvenu à Fides souligne l’engagement des signataires au plan personnel (avec le renoncement aux biens de luxe etc.) et au plan pastoral, proposant des options d’évangélisation s’adressant aux plus marginalisés et vulnérables. Le dernier paragraphe de l’engagement affirme : « Revenus dans nos Diocèses respectifs, nous ferons connaître aux fidèles notre résolution, les priant de nous aider par leur compréhension, leur aide et leur prière. Dieu, aide-nous à être fidèles ».

Le Pacte des catacombes


Catacombes romaines



Père Giovanni Scales CRSP
Lundi 18 juillet 2016
querculanus.blogspot.fr
Ma traduction

* * *

Hier, je suis tombé par hasard dans un article sur le "Pacte des Catacombes". Je me suis frotté les yeux et je me suis dit: qu'est-ce que c'est que ça? Je commence à lire l'article et, au fur et à mesure que j'avance dans la lecture, je me sens de plus en plus troublé. Je découvre que le 16 Novembre 1965, quelques jours avant la clôture du Concile Vatican II, quarante Pères du Concile, dans les catacombes de Domitille, ont signé le "Pacte des Catacombes". Je tombe des nues, en cinquante ans, je n'avais jamais entendu parler d'un tel pacte.

Une fois le lecture terminée, je fais une recherche rapide sur Google, et je trouve qu'il y a une multitude de liens, datant généralement de l'an dernier (Novembre 2015), alors qu'on célébrait le cinquantième anniversaire du pacte. A cette occasion se tint également un séminaire à l'Urbanienne, en présence de Mgr Luigi Bettazzi (peut-être le seul survivant des signataires), du jésuite Jon Sobrino [l'un des principaux représentants de la théologie de la libération...] et le professeur Alberto Melloni (et nous qui pensions qu'en 2015, on devait célébrer le cinquantième anniversaire de Vatican II ...).
Plusieurs articles furent même écrits. Je rapporte seulement quelques titres: «Avec le Pape François, le "Pacte des Catacombes" revit 50 ans après» (Agence SIR ); «Catacombes: le Pacte pour une église pauvre» ( Avvenire ); «Dans le pacte des catacombes, la semence de l'Eglise de François» ( Aleteia ); «A 50 ans du "Pacte des Catacombes". Pour une Eglise "servante et pauvre"» (Zenit).
Et même, à la date anniversaire, à Naples, dans les catacombes de San Gennaro, ils étaient trois cents (la crème de l'"Église des pauvres" italienne) à renouveler le pacte.

Dans ma recherche sur Google, je découvre aussi qu'il y a un article de Wikipedia. Je demande à des personnes de ma connaissance, généralement bien informées, si elles en savent quelque chose, et elles me répondent: «Oui, bien sûr, le professeur De Mattei en parle même dans son histoire du Concile». Un livre que j'avais lu à l'époque, mais apparemment je ne m'étais pas focalisé sur l'événement. Nous étions encore sous le pontificat de Benoît XVI: certains faits semblaient désormais remis à l'histoire. Il est clair que la perception de ces événements varie en fonction de la situation dans laquelle on se trouve vivre.

Je vous laisse imaginer mon état d'esprit hier soir. J'ai senti le monde s'écrouler sur moi: mais où donc ai-je vécu durant ces cinquante ans? Je pensais que le grand événement de l'Église du XXe siècle était Vatican II; et maintenant je découvre que non, c'était le "Pacte des Catacombes".
On m'avait toujours dit que le renouveau de l'Eglise avait été initié par le Concile; et au contraire non, aujourd'hui je m'entends dire que la semence de l'"Eglise de François" se trouve dans le "Pacte des Catacombes". Mais alors, j'ai eu tout faux? Dites-moi ce que doit faire quelqu'un qui, depuis sa jeunesse, a choisi comme programme de vie celui d'"incarner le Concile" (cf. querculanus.blogspot.co.uk/2009/04/incarnare-il-concilio) et qui, à cause de ce choix, a été contredit et marginalisé, et a dû supporter les épithètes de "lefebvriste" (à gauche) et de "prêtre moderniste" (à droite), mais qui a tout accepté parce qu'il était convaincu que c'était le bon choix, parce qu'il était persuadé que «dans Vatican II s'exprime ce que Dieu veut de nous aujourd'hui» (voir lien précédent). Et maintenant, arrivé à soixante ans, on lui dit: non, regardez, il doit y avoir eu un malentendu; la semence de la véritable Église, celle évangélique, celle qui est «pauvres pour les pauvres», n'est pas dans le Concile, mais dans le "Pacte des Catacombes". Vous allez dire que j'exagère. Non, je peux vous assurer que j'étais vraiment retourné.
Quoi qu'il en soit, procédons dans l'ordre. Commençons par la lecture du Pacte:


Nous, évêques réunis au Concile Vatican ; ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l’Evangile ; encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption ; unis à tous nos frères dans l’Episcopat ; comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ; nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l’Eglise du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l’humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit :

1. Nous essayerons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne l’habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s’ensuit.
2. Nous renonçons pour toujours à l’apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse : ces insignes doivent être en effet évangéliques.
3. Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ; et s’il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives.
4. Nous confierons, chaque fois qu’il est possible, la gestion financière er matérielle, dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle apostolique, en vue d’être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres.
5. Nous refusons d’être appelés oralement ou par écrit des noms et des titres signifiant la grandeur et la puissance (Eminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférons être appelés du nom évangélique de Père.
6. Nous éviterons dans notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque aux riches et aux puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services religieux).
7. Nous éviterons d’encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l’apostolat et à l’action sociale.
8. Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens, etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et économiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail.
9. Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous essayerons de transformer les œuvres de « bienfaisance » en œuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents.
10. Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes et par là l’avènement d’un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l’homme et des fils de Dieu.
11. La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale – les 2/3 de l’humanité- nous nous engageons :
– à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations pauvres ;
– à acquérir ensemble, au plan des organismes internationaux mais en témoignant de l’Evangile, comme le pape Paul VI à l’O.N.U., la mise en place de structures économiques et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère.
12. Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs pour que notre ministère soit un vrai service; ainsi:
– nous nous efforcerons de « réviser notre vie » avec eux;
– nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l’Esprit, que des chefs selon le monde;
– nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants;
– nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion ;
13. Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution, les priant de nous aider de leur compréhension, leur concours et leurs prières.

Que Dieu nous aide à être fidèles.

(Ndt: source en français)



Et alors? pourrait-on objecter. Qu'y a-t-il de mal dans cette déclaration? C'est un texte qui respire l'évangile (il suffit de voir les références citées); un texte auquel seuls de saints prélats pouvaient souscrire.
Je suis désolé, mais pour moi, cela, ce n'est pas l'évangile; c'est seulement une interprétation idéologique de l'évangile. Ce qui n'est pas la même chose. Voyons pourquoi.

• Je reconnais qu'à une lecture superficielle, on peut être fasciné par un tel amour pour la pauvreté, un tel détachement, une telle simplcité, une telle générosité. Effectivement, seuls les saints seraient en mesure de réaliser un tel programme. Et je n'exclus pas que certains des signataires l'étaient. Mais cela n'enlève pas au texte toute sa charge idéologique.
• L'humilité et la modestie qui transpirent sont appréciables: «une initiative dans laquelle chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption»; « dans l'humilité et la conscience de notre faiblesse»; «Aide-nous, Dieu, à être fidèle». Mais on ne peut pas ignorer, dans le même temps, une pointe de présomption: «en union avec tous nos frères dans l'épiscopat». L'union avec les frères dans l'épiscopat, en ces jours, se manifestait dans la Salle du Concile, et pas dans les Catacombes de Domitilla.
• Je reconnais aussi que plusieurs points seraient pleinement acceptables, s'ils n'étaient pas infectés par l'idéologie. Voir, par exemple, les §§ 1 et 3: faut-il longtemps pour se rendre compte qu'il s'agit de simples utopies? Parfois, les vertus traditionnelles (le détachement, la simplicité, l'honnêteté, l'équité, etc.) seraient suffisantes pour ne pas tomber dans les abus auxquels on s'illusionne de porter remède avec quelques vaines propositions. Un peu de sain réalisme ne serait pas de trop!
• Ne parlons pas des pseudo-problèmes: vêtements, titres, etc. (§§ 2 et 5). Depuis quand les «couleurs voyantes» sont-elles anti-évangéliques? «Nous refusons d'être appelés ... Eminence, Excellence, Monseigneur. Nous préférons être appelés avec le nom évangélique de Père». Mais, vraiment, dans l'Evangile, il est écrit: «N'appelez "père" aucun d'entre vous sur la terre: car un seul est votre Père, le Père célestes» (Mt 23, 9). Et ce serait cela, la fidèlité à l'Évangile?
L'influence du marxisme, tellement à la mode dans ces années, est très évidente : «Nous soutiendrons les laïcs, les religieux, les diacres et les prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers partageant la vie ouvrière et le travail» (§ 8); «la mise en place de structures économiques et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère» (§ 11).
• Une mentalité soumise aux institutions publiques, considérées comme les seules légitimes, émerge: «nous essayerons de transformer les œuvres de "bienfaisance" en œuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents» (§ 9). Pourquoi ce rejet a priori de la bienfaisance? Quel mal a-t-elle fait? La priorité, toute idéologique, du moment social et politique sur celui purement "assistentiel" est évidente.
• Des propositions sont jetées là, sentant fort la franc-maçonnerie: «l'avènement d'un autre ordre social, nouveau» (§ 10). Peut-être, un "nouvel ordre mondial"?
• Des affirmations justes, mais qui risquent de rester simple slogan: «moins d'administrateurs et plus de pasteurs et d'apôtres» § 4); «plus d'animateurs selon l'Esprit que de chefs selon le monde» (n 12).
• Certains passages peu clairs: «La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale»; «investissements urgents des épiscopats des nations pauvres» (§ 11). Qu'est-ce que cela signifie?

* * *

Mais, à part le contenu du pacte, ce qui m'a le plus troublé, c'est son existence même. Notons qu'il est conclu le 16 Novembre 1965, quelques jours avant la clôture du Concile (le 8 décembre 1965, ndt). Pourquoi? Quel besoin y en avait-il? Les signataires étaient des Pères conciliaires («Nous, évêques réunis au Concile Vatican II ...»); ils avaient participé à toutes les sessions conciliaires; ils avaient certainement proposé à l'attention des autres Pères les points qui font l'objet du pacte, mais manifestement l'assemblée n'avait pas jugé bon de les faire siens. Maintenant, si l'on considère que les signataires du pacte étaient 40 et les Pères conciliaires 2500, l'humilité et le bon sens auraient voulu que les 40 se rendent à la volonté de la majorité. Les Constitutions de mon Ordre, approuvées au XVIe siècle, disposaient à ce propos des décisions du Chapitre: «On évitera, quand sera décidé quelque chose de contraire à son avis, de continuer de s'y opposer ou de répéter qu'on ne partage pas cette décision; on doit en effet se persuader qu'est juste ce qui a été approuvé par la majorité». Mais apparemment les plus spirituels des Pères Conciliaires ne se résignèrent pas, ils ne virent pas dans les décisions de la majorité le résultat de «discernement» du Concile, «ce que l'Esprit dit à l'Eglise»; ce qui avait été approuvé ne leur suffisait pas; à l'évidence, ils croyaient être porteurs d'une inspiration spéciale, exclusive, et ils ressentirent le besoin de le proposer à nouveau en un geste à part, réservé à quelques élus: le "Pacte des Catacombes".
Et le meilleur, c'est que ce pacte n'est pas resté un accord privé entre les quelques personnes qui l'avaient signé, mais qu'il a constitué la source d'inspiration de ceux qui au cours des cinquante dernières années ne se sont pas reconnus dans l'Église institutionnelle. On a l'impression qu'il y a eu deux Conciles: un «exotérique», destiné au grand public, fait des seize longs documents approuvés par les Pères, et un «ésotérique», réservé à quelques «éclairés», fait de douze petits paragraphes (par ailleurs, écrits avec une certaine approximation), mais qui devaient conditionner l'Église dans les décennies à venir. Et il semblerait presque que le Concile officiel ait seulement servi de paravent pour couvrir celui «réel», resté sous la cendre pendant cinquante ans, pour se manifester enfin de nos jours.
Qu'il y avait des lobby, on le savait; que ceux-ci, avant et pendant le Concile, se réunissaient séparément pour décider et organiser les modalités de leurs interventions, ce n'est sans doute pas très correct, mais c'est compréhensible, cela rentre dans la normalité. Mais que quarante Pères, à la veille de la conclusion du Concile, aient ressenti le besoin de hâter un "Pacte des Catacombes", en supplément au Concile, presque comme son moment suprême, cela me semble tout simplement inconcevable. Cela donne l'impression d'une sorte de Carbonari. La "Mafia de saint-Gall" ne suffisait pas; voilà que sort aujourd'hui (au moins pour moi, qui, durant ces cinquante années, ai été un peu naïf et un peu distrait) le "Pacte des Catacombes". Cette nouvelle Église, apparemment, naît sous le signe de la conspiration. Mais les fenêtres n'avaient-elles pas été ouvertes pour laisser entrer l'air frais? Ne devait-on pas sentir le parfum du printemps? Moi, pour l' instant, je sens seulement la puanteur du soufre.