Le Pape place-t-il ses hommes partout?


Changements à la Curie, aux communications, et dans d'importants diocèses (21/7/2016, mise à jour ultérieure)


Changements au Vatican: Schönborn à la place de Müller?


Lorenzo Bertocchi
20.07.2016
www.lanuovabq.it

Désormais, les voix sont plus qu'insistantes: le cardinal Christoph Schönborn, aujourd'hui archevêque de Vienne, devrait remplacer le cardinal Gerhard L. Muller comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La nouvelle est rapportée par <Religion Digital>, mais les voix se succèdent depuis plusieurs mois; après l'été, au plus tard après la conclusion de l'année de la Miséricorde, cet important passage de témoin pourrait avoir lieu. Voulu, dit-on, par le pape François.

Le passage serait entre deux cardinaux considérés comme des "disciples" de Ratzinger, mais les positions Schönborn comme interprète "officiel" de l'exhortation post-synodale Amoris laetitia, sont très différentes de celles que le cardinal Müller a tenues avant, pendant et après le synode sur la famille. Ce n'est pas un hasard, souligne-t-on dans les Salles sacrées, si le Pape a indiqué Schönborn, justement, comme le meilleur interprète de la récente exhortation. L'actuel Préfet de la Doctrine de la Foi, en revanche, serait destiné à remplacer le cardinal de Mayence, Karl Lehmann, prélat depuis toujours proche des positions du cardinal Kasper et membre du Groupe de Saint-Gall récemment mis en cause par Mgr Gänswein pendant la présentation d'un livre sur la papauté de Benoît XVI.

Si le passage de Müller à Schönborn devait vraiment se réaliser, il est clair qu'une pièce importante se mettrait en place, mais il est difficile de dire s'il s'agit de simples bavardages, ou s'il y a des possibilités réelles. Il est indéniable que le feeling entre l'actuel archevêque de Vienne et le Pape François est meilleur que celui que le pape lui-même a montré avoir avec l'actuel préfet de la doctrine de la foi. Et la même chose se produirait si les voix indiquant dans le cardinal Oscar Maradiaga le prochain préfet du nouveau Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie étaient confirmées. Le cardinal du Honduras est membre du C9, le groupe de cardinaux proches collaborateurs du pape, mais il est également considéré comme un «grand électeur» du pape Bergoglio. Une curie avec Schönborn et Maradiaga dans des rôles importants serait certainement davantage orientée selon le style du pape Bergoglio.

Ces deux coups, si les rumeurs sont confirmées, seraient vraiment un pas supplémantaires dans la réforme de la Curie, laquelle se change avant tout avec les hommes, plus que par de simples modifications de structure.
C'est également dans ce contexte que doit être lue la récente réforme du secteur des communications, désormais entre les mains du nouveau préfet du Secrétariat des communications, le père Dario Edoardo Viganò. La nomination d'un numéraire laïc de l'Opus Dei Greg Burke comme directeur de la Salle de presse du Vatican à la place du Père Federico Lombardi date de ces jours-ci, mais le véritable "pouvoir" sur les communications vaticanes (Radio Vatican et le Centre Télévisé du Vatican) est désormais complètement dans les mains de Viganò. Et il faudra comprendre ce que deviendra l'Osservatore Romano, étant donné que ces derniers jours, le pape a nommé un ami protestant, Marcelo Figueroa, comme directeur de l'édition argentine du journal du pape.

Enfin, nous devons enregistrer l'approche d'une nouvelle saison de rotations dans les grands diocèses, comme par exemple Milan et Cracovie, où les cardinaux Scola et Dziwisz sont proches de la retraite. Si à Milan on parle avec insistance de l'évêque de Novare, Mgr Franco Brambilla, pour Cracovie, certains indiquent le cardinal Rylko, mais dans tout cela, l'expérience montre qu'avec le pape François, les pronostics sont souvent un simple exercice de bar.

Adieu Lombardi. Au Vatican, il y a un nouveau vice-roi de la communication.


Sandro Magister
Settimo Cielo
17 juillet 2016
Ma traduction

* * *

Avec son dernier motu proprio sur la séparation des fonctions d'administration de celles de contrôle, François a définitivement coupé les ailes au cardinal George Pell, que la presse anglophone - qui lui est encore favorable - avait gratifié de l'épithète de nouveau "tsar" des finances du Vatican.
Mais si l'étoile du préfet du secrétariat pour l'économie semble désormais ternie, dans le firmament du Vatican, celle du préfet de l'autre nouveau secrétariat, celui pour les communications, brille de plus en plus.
L'ambrosien (il a été ordonné prêtre par le cardinal Martini, dans le diocèse de Milan, ndt) transplanté à Rome Dario Edoardo Viganò, en effet, bien qu'il ne soit ni cardinal, ni évêque, mais seulement simple prêtre - cas peut-être unique dans les cent cinquante dernières années de la curie romaine -, et bien qu'il n'ait pas encore reçu du circuit médiatique l'épithète, devient le véritable "tsar" du système de communication du Saint-Siège. Avec un style plus adapté à l'atmosphère des loggias vaticanes que celui du prélat australien, qui les a piétinées comme le classique éléphant dans le magasin de porcelaine.
En quelques mois, Viganò a supprimé le conseil pontifical pour les communications sociales, envoyant à la retraite avec quelques mois d'avance un vieux renard de la diplomatie vaticane comme l'archevêque Claudio Maria Celli.

Et pas seulement. Viganò a également remis à zéro la triple charge concentrée dans les mains du Père Federico Lombardi (qui était en même temps directeur de la télévision, de la radio et la salle de presse du Vatican), expropriant les jésuites de l'émetteur historique, qu'ils géraient depuis sa naissance, et y introduisant en tant que nouveau directeur de la salle de presse un numéraire de l'Opus Dei, l'américain Greg Burke, avec comme adjoint l'espagnole Paloma García Ovejero du Chemin Néocatéchuménal: une introduction quelque peu paradoxale dans le pontificat actuel, à moins que cela ne soit le maximum que le pape Jorge Mario Bergoglio soit disposé à concéder dans la Curie aux disciples d'Escriva et de Kiko.
Mais le travail de Mgr Viganò ne s'arrête pas là. Reste à voir comment va finir "L'Osservatore Romano" et si les salésiens qui dirigent la typographie du Vatican depuis Pie XI finiront comme les disciples de saint Ignace, évincés de la radio.
Et surtout, on va voir comment fonctionneront les relations avec le secrétariat de l'Etat, qui, avec son bureau d'information qui continue à relever directement du substitut Giovanni Angelo Becciu reste le seul contrepoids à la puissance écrasante du nouveau secrétariat dirigé par le "tsar" Viganò, ou mieux, que "tsar", vice-roi, parce que Viganò, contrairement à Pell, est bien conscient que de "tsar" dans l'Église catholique, il n'y en a plus qu'un, et son nom est François.
Lequel, ces derniers jours, n'a pas manqué d'en faire à sa tête dans le domaine assigné à Viganò, en plaçant un ami protestant, Marcelo Figueroa, (cf. François et ses porte-parole non officiels ) comme directeur de la nouvelle édition argentine de "L'Osservatore Romano".