Le Pape plie face à Pékin


Tandis que les médias chantent les louanges de François, le pape politique qui s'apprête à recevoir son triste homonyme français, Sandro Magister, et Maurizio Blondet montrent la face moins brillante (pour les catholiques, au moins) de la médaille (17/8/2016)



Nous en avons parlé récemment ici: L'inquiétude du cardinal Zen .
Et Sandro Magister en fait le thème de son dernier article sur www.chiesa:


NOMINATION D’ÉVÊQUES: LE PAPE PLIE FACE À PÉKIN
---
En effet il s’apprête à concéder aux autorités communistes le privilège de choisir les candidats. Et il exile dans une île du Pacifique l'archevêque chinois du rang le plus élevé à la curie, opposé à cet accord. Cependant, en Chine, le cardinal Zen s’est déjà mis à la tête de la rébellion
(...)


Plus féroce, Maurizio Blondet ne craint pas d'évoquer le côté le plus troublant de l'adoubement du Pape venu du bout du monde par l'autorité mondial(ist)e désireuse de voir l'avènement d'une "religion" unique dans laquelle le catholicisme se diluerait. Devant l'accumulation de faits depuis plus de trois ans, il est diffcile d'écarter les soupçons...

Le régime de "El Papa" pour les catholiques:
censure, persécution, brutalité et mutisme.


Maurizio Blondet
16 août 2016
Ma traduction

* * *

El Papa est sur le point de recueillir une autre "grand succès". Plus gros que la reprise des relations entre Cuba et Washington, que le monde a applaudie. C'est la pacification de l'Église avec la Chine. L'accord prévoit la reconnaissance réciproque des évêques: ceux de l'Eglise clandestine fidèle à Rome, et ceux de l'Eglise patriotique nommés par le Parti communiste. L'appartenance à l'Église patriotique a été déclarée "incompatible" avec la doctrine catholique par Benoît XVI. Aujourd'hui, il y a beaucoup de hâte à "construire des ponts", à fait accepter que l'Etat-parti athée mette la main sur les structures ecclésiastiques. Les applaudissements du monde ne manqueront certes pas: un pas de plus vers la mondialisation des religions.

Etrangement, une voix ne se joint pas aux applaudissements. Celle de Mgr Joseph Zen, 84 ans, salésien, cardinal émérite de Hong Kong. Qui a été pendant quelque temps dans l'Eglise patriotique, en est sorti et a souffert des persécutions, de la violence d'Etat et de la prison. Il a protesté avec douceur contre la "pacification" et les méthodes avec lesquelles François la conduit. Zen s'est vu répondre par des insultes sur Vatican Insider, qui l'a accusé de "mener la rébellion" contre François. La réponse du cardinal Zen a été publiée par Asia News.
Attention: Asia News n'est pas un blog dissident ou traditionaliste; c'est l'organe du PIME, Pontificio Istituto Missioni Estere (Institut pontifical pour les Missions étrangères), une entité directe de l'Eglise, même si elle est réduite à très peu de chose: le Concile a scié les jambes à l'impulsion missionnaire du catholicisme (qui "soit est missionnaire, soit n'existe pas"). Nous ne connaissons pas suffisamment la question pour porter un jugement. Cependant, il nous semble essentiel de reprendre le cri de douleur du cardinal Zen, parce que c'est à bien des égards le même que beaucoup d'entre nous élevons chaque jour, face aux actes de El Papa. «Pendant de nombreuses années, nos ennemis n'ont pas réussi à nous tuer . Maintenant, nous devons mourir des mains de notre Père».

«NOUS DEVONS MOURIR DES MAINS DE NOTRE PÈRE»
---
Que dit le cardinal?

«Aujourd'hui se présente le spectre d'une déclaration provenant des autorités de l'Eglise qui leur dit [aux catholiques chinois fidèles] de changer de cap. Ce qui était contraire à la doctrine et à la discipline de l'Eglise deviendra légitime et normal, tout le monde devra se soumettre au gouvernement qui gère l'Eglise, tout le monde devra obéir à des évêques qui jusqu'à aujourd'hui sont illégitimes et même excommuniés. Alors, ils ont eu tort pendant des décennies ces pauvres "confrontationistes"?

Voilà, mon appel est pour préparer la voie à une telle éventualité, qui autrefois semblait impossible, et qui maintenant se présente comme très probable. Comment faire? Accepter pour revenir, comme dit Vatican Insider, à la condition des Catacombes.

La condition des Catacombes n'est pas une condition ordinaire. Mais quand l'ordinaire est illégitime et que le légitime n'est pas permis, il n'y a pas d'autre choix que de s'en tenir fermement au légitime dans une condition extraordinaire.

Par conséquent, mon appel est un appel plein de tristesse et de douleur. Ici, je pourrais terminer mon discours, priant Valente [le signataire d'attaque, ndr] d'avoir pitié de nous, de respecter au moins notre douleur et de nous laisser pleurer en paix dans le silence. [...] Pendant de nombreuses années, nos ennemis n'ont pas réussi à nous tuer. Maintenant , nous devons mourir des mains de notre Père. Très bien, allons mourir.

[N'avez-vous jamais remarqué que l'enfant, même quand il reçoit une fessée de sa maman, ne s'enfuit, mais se cramponne à la jambe de la mère, même en pleurant et en criant. Il n'a nulle part où aller loin de sa mère].

Dans notre acceptation des dispositions de Rome, il y a une limite, la limite de la conscience. Nous ne pouvons pas suivre cet éventuel accord dans ce qui semble à la conscience comme clairement contraire à la foi catholique authentique. François a souvent défendu le droit à l' objection de conscience; et puis, un jésuite, qui confie les choses les plus délicates au discernement personnel, ne niera pas ce droit à ses enfants.

Cette limite de notre acceptation la rend encore plus douloureuse. Ce sera pour moi un vrai déchirement du cœur, entre l'instinct salésien de dévotion au pape et l'incapacité de le suivre jusqu'au bout dans le cas, par exemple, où il encouragerait à embrasser l'Association patriotique et à entrer dans une Église totalement soumise à une gouvernement athée.
Nous devrons refuser de faire ce pas justement parce qu’il est formellement en contradiction avec l’autorité pontificale. Car dans le cas envisagé (et en ce moment, nous espérons encore fortement qu'il ne se produira pas) , nous voulons être fidèles au Pape (à la papauté, à l’autorité du Vicaire du Christ) en dépit du Pape. (…) Nous confions au Juge éternel de juger si la vraie communion réelle avec le Pape est la nôtre ou celle de ceux qui aujourd’hui crient : «Allez, debout, tous, obéissons au Pape, quoiqu’il décide! »



LES PARTISANS DU "DIALOGUE" L'ÉLIMINENT À L'INTÉRIEUR
------
Le cardinal poursuit:

«J'ai dit que la possibilité d'un accord inacceptable semble probable. J'ai dit qu'encore maintenant, nous supplions qu'il ne se produise pas. Donc, rien n'est encore certain. Alors pourquoi, me dira-t-on, tant d'excitation?
C'est vrai, nous ne savons rien de sûr, nous sommes tenus complètement dans l'obscurité. Nous savons que les contacts [avec le régime] se multiplient, mais nous ne savons rien de ce qui s'y traite. Les contacts officieux existaient avant, mais les évêques chinois étaient tenus au courant du dialogue et ils pouvaient discuter. Aujourd'hui, C'est devenu toute une affaire secrète entre le Saint-Siège et Pékin».
«Une extrême grossièreté», dit-il, et il poursuit:

«Et même une déviation extrême par rapport à la tradition de correction de la Curie romaine! [...] Il y encore un Chinois "à Rome," mais il semble qu'il gêne. Ils l'ont exilé à Guam. Il est triste de constater que les grands promoteurs du dialogue l'éliminent dans l'Église.
Dans ce manque absolu de communication, on essaie de conjecturer et de deviner, en mettant ensemble des fragments de nouvelles ici et là. [...] Le tabeau que nous parvenons à tracer n'est en rien encourageant. Il semble que la direction soit celle que nous craignons.
[...]
Je suis la voix des sans-voix, non seulement pour protester contre les autorités communistes. Je le suis aussi pour poser certaines questions aux autorités romaines. Ces dernières années, on a vu constamment des actes directement contre la doctrine et la discipline de l'Église. [...]
Dans les dictatures il n'y a pas de compromis, il n'y a que l'absolue soumission, la servitude et de l'humiliation. Les communistes chinois, après avoir tué des centaines de milliers de personnes, n'ont peut-être plus besoin d'en tuer autant. Il règne l' "état de violence", le déni complet des droits les plus fondamentaux. [...] Un prêtre de la communauté clandestine, d'une quarantaine d'années, très savant et zélé, respecté et aimé par tous ceux qui le connaissent, est mort mystérieusement au début de Novembre 2015. La sécurité publique du gouvernement dit avoir trouvé son corps dans une rivière et affirme qu'il s'est suicidé, mais elle n'a fourni aucun indice qui pourrait éclaircir la véritable cause de la mort.
[...]
Comment peut-on espérer que, tandis que la liberté de parole est refusée dans toute la Chine, elle nous soit accordée.
Le 7 Juillet, il y a 4 ans, a montré au monde le principe absurde de la politique religieuse en Chine: "Celui qui veut aimer sa patrie doit renier sa conscience religieuse". Le grand, respecté Mgr Aloysius Jin, SJ de Shanghai devait renier sa conscience [...]. Il n'a pas voulu se soumettre à cette nouvelle humiliation.

Mais maintenant, il semble que, dans tous les cas semblables, le conseil donné d'en haut soit de s'humilier, d'acquiescer, de céder, de se rendre ... [...]

O Seigneur, n'as tu pas dit à Pierre: “confirma fratres tuos!”?»



PERSÉCUTIONS SILENCIEUSES
----
Il sera très applaudi du monde, El Papa, quand l'Eglise fera la paix avec le régime chinois. Comme il a été applaudi - par le monde - pour Cuba, pour l'"encyclique écologique", pour les ouvertures à la communion aux divorcés, pour les gay. Toutes ces ouvertures ont comme contreparties les fermetures, les brutalités et les vraies persécutions que le cardinal Zen dénonce avec douceur. Comme les Franciscains de l'Immaculée, supprimés par la main de son Père; comme (nous dit-on) des dizaines de prêtres qui sont persécutés par leurs évêques parce qu'ils s'obstinent à enseigner la doctrine, ou parce que (comme c'est autorisé) ils disent la messe en latin. Peu de ces persécutions émergent dans les médias (qui évidemment les approuvent): ainsi Don Massimiliano Pusceddu qui, pour avoir cité saint Paul à propos des homosexuels et avoir critiqué les affirmations de la Salle de presse du Vatican à propos de Pannella a été invité par son évêque (Cagliari) à une période "raisonnable" de silence (source).

Le plus souvent, ce sont des persécutions silencieuses et impitoyables, occultes et lâches: l'évêque "prête" un prêtre gênant à un autre diocèse, lequel, après un peu de temps le renvoie; et le premier évêque ne l'accepte plus. Il le laisse sans paroisse, sans statut défini, dans le "Rien" - sans donner de raisons, selon le style classique de Bergoglio - et sans ressources économiques: le prêtre n'est plus payé par personne. Je connais des prêtres qui sont retournés vivre chez leur vieille mère; j'en connais d'autres - grands et inlassables reconstructeurs et diffuseurs de la foi - qui sont "dans le collimateur du Vatican" et sont sur le point d'être mis dans le "Rien", et en même temps réduits à la faim.

«Les grands promoteurs du dialogue l'éliminent à l'intérieur de l'Eglise»; dit Mgr Zen. Les catholiques connaissent à nouveau la persécution, cette fois «de la main de leur père».

Notre homme est pressé de recueillir le "succès" chinois, comme il est pressé de dissoudre l'Eglise eucharistique dans le protestantisme. Est-il au moins légitime de protester? Est-il au moins légitime de demander pourquoi? Sur la base de quel projet - sinon celui de la création de la "religion universelle unique" mondialisée? Demander pourquoi son élection a été saluée par le Grand Orient, qui voyait en lui - encore inconnu à la plupart - le Pape avec lequel rien ne sera plus comme avant? Il doit répondre, El Papa - et au contraire, il ne répnd pas.


IL VEUT LE GOUVERNEMENT MONDIAL
-----
Comment se fait-il que le lendemain de son élection Gustavo Raffi, Grand Maître du Grand Orient d'Italie, exultait déjà et proclamait dans un communiqué officiel - officiel de la maçonnerie - qu'avec lui «Rien ne sera plus comme avant»? Que son élection était «le retour de l'Église-parole par rapport à l'Église-institution» , autrement dit la prédication sans les Sacrements du salut? Comment se fait-il que Raffi était si sûr que sur le trône de Pierre, «vous avez la grande opportunité de montrer au monde le visage d'une Église qui doit récupérer l'annonce d'une nouvelle humanité»? L'humanité de l'avenir? L'Homme Nouveau horizontal et sans résidus de sacralité et de "superstitions" surnaturalistes? Et pourquoi a-t-il accepté ce salut et ces voeux sans en en prendre le minimum de distance?

Dans quel sens, en Pologne, aux jeunes des JMJ, a-t-il déclaré qu'ils doivent «croire en une nouvelle humanité»? (messe de conclusion, le 31 juillet) Pourquoi considère-t-il qu'il lui revient en tant que Pontife de promouvoir, comme dans l'encyclique écologico-évolutioniste "Laudato si", la nécessité d'une «véritable Autorité politique mondiale» pour «garantir la sauvegarde de l'environnement et réglementer les flux migratoires» - Qu'est-ce que cela a à voir avec la mission de Pierre, d'annoncer le salut éternel à travers le Christ et les sacrements?


«TOUTES LES DIVINITÉS SONT UNE»
-----
Nous aimerions savoir si Eugenio Scalfari, le fondateur milliardaire de la Repubblica, a exprimé correctement la pensée de El Papa quand il a écrit, le 31 Juillet sur la Repubblica, à propos des ouvertures papales vers l'islam: «Cette affirmation du pape catholique est motivée par un vérité si évidente qu'elle en est bouleversante: pour celui qui croit en Dieu, il n'y en a qu'un seul et unique. Les religions du monde sont nombreuses, mais leur différence est seulement dans les doctrines, dans les Écritures Sacrées et dans la liturgie, mais Dieu est unique, unique aussi le créateur de l'univers qui ne peut qu'aimer ses créatures. Telle est la vérité de François, qui le pousse à rassembler tous les chrétiens comme première étape, et en même temps à prêcher la fraternité avec les autres religions, à commencer par celles monothéistes mais pas seulement. [....] Pour un chrétien, le Christ est Amour, mais cela est vrai pour l'unique Dieu, dont le Christ est une articulation qu'il y a aussi dans le Dieu de Moïse et dans celui d'Allah, dans le Brahma, le Bouddha, le Tao , dans toutes les divinités qui sont une, seulement façonnées par l'histoire des hommes qui la pensent. C'est cela que prêche François. Après Paul, les pères des trois cents premières années de l'histoire chrétienne et après Augustin d'Hippone, il y n'y a pas eu un autre pape catholique qui élève la pensée religieuse jusqu'à ces hauteurs» (ndt: !!!).

Ce sont les hauteurs de la religion humanitaire globale, les hauteurs espérées par la franc-maçonnerie, la spiritualisation sans surnaturel, qui sert le Nouvel Ordre Mondial. Se reconnaît-il dans ces paroles, François? Nous posons la question parce qu'il a choisi Scalfari comme son confident, son interprète autorisé et auteur officiel, et n'a jamais démenti ce qu'il a écrit, il l'a même toujours confirmé.

Nous devons savoir, François, si vous souscrivez à ces mots, et les faites vôtres: «Pour un chrétien, le Christ est Amour, mais cela est vrai pour l'unique Dieu, dont le Christ est une articulation, qu'il y a aussi dans le Dieu de Moïse et dans celui d'Allah, dans le Brahma, le Bouddha, le Tao, dans toutes les divinités qui sont une, seulement façonnées par l'histoire des hommes qui la pensent». Nous devons le savoir, parce que votre ami et interprète Scalfari vous les attribue - à vous personnellement.

Or, tel est le credo de l'"ésotérisme" maçonnique. Qui est aussi un athéisme, comme Scalfari le sait très bien: Dieu existe parce que «les hommes le pensent», comme construction de la pensée, et il survit aussi longtemps que survit l'humanité qui croit en un dieu quelconque.

Est-ce là votre foi, persécuteur des croyants? Ceci explique pourquoi vous ne vous agenouillez pas devant le Saint Sacrement, mais oui, devant les immigrés et les prisonniers? Est-ce là votre connaissance religieuse (gnosi)? Que le Christ n'existe pas, sinon dans l'"humanité", mais pas dans le pain consacré? Nous avons besoin de savoir.