L'Église de François ou la Maison de Tócame-Roque



Fray Gerundio nous régale d'une de ses chroniques assaisonnées au poivre noir! Fans de François s'abstenir (13/4/2016)

L’Église de François ou la Maison de Tócame-Roque


9 avril 2016
fraygerundiodetormes.wordpress.com
Traduction de Carlota

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Pour ceux qui ne le savent pas, ce nom est celui d’un immeuble d’habitation donnant sur une cour intérieure où se logeaient en surnombre tous les représentants du Madrid populaire du XVIIIe siècle, une maison qui s’est fait connaître pour être l’endroit habituel des tapages et des bagarres, des expulsions de locataires ou d’indésirables, des traquenards en tous genres, des disputes et des rixes. Sa popularité fut telle que des écrivains attachés à dépeindre les mœurs de l’époque l’évoquèrent dans leurs œuvres (notamment au XVIIIe, Ramón de la Cruz dans sa pièce « La Petra y la Juana », et au XIXe Benito Pérez Galdós dans son « Napoléon à Chamartín »). Et depuis, dire d’une maison que c’est la "Maison de Tócame Roque", c’est plus qu’une indication, cela signifie: licence à profusion, « líos » (pagailles, histoires, mot espagnol et «papal » désormais bien connu), bagarres et conflits, coups de poing et de couteau, indisciplines et libertinages. Ou, dit autrement, où chacun fait ce qui lui plait et interprète les lois sur la base du subjectivisme moderniste. Pour le dictionnaire : C’est la maison où règne la confusion et pour cette raison même est le cadre de fréquents vacarmes et rixes.



Plaque de l’actuelle rue du « Barquillo » à Madrid, qui précise qu’en ce lieu se dressait à partir de la moitié du XVIIIe siècle la Maison de Tócame Roque où la tradition dit que Ramón de la Cruz (1731-1794) situa sa pièce « La Petra y la Juana ».


J’ai dit à mes novices que – mettant de côté le fait que l’Église est Sainte et qu’elle est l’Épouse de Notre Seigneur -, il est certain que parmi ses membres et ceux qui la composent, il n’en est pas de même. Il suffit d’y jeter un petit coup d’œil. Cela a toujours été ainsi tout au long de l’Histoire et c’est précisément pour cela que l’Église est un Mystère Surnaturel au plus haut niveau.

Néanmoins, dans l’Église actuelle du Pape François, l’analogie avec la Maison de Tócame Roque, est bien grande, étant donné que jamais auparavant comme aujourd’hui, il n’y a eu autant de façons individuelles de penser, d’exiger, de célébrer, de catéchiser, d’accorder la miséricorde et de dogmatiser. Bon, de ceux qui dogmatisent, il y a deux variétés : ceux qui dogmatisent avec cohérence en disant qu’ils acceptent tous les dogmes parce que ce sont des dogmes, et ceux qui dogmatisent en disant que le seul des dogmes qui reste c’est celui qui affirme qu’il n’y a pas de dogmes. Et parce que tout est relatif, culturel, passager et périssable. Même Kasper sera un jour complètement périssable. Et Baldisseri... Et un certain Schönborn. Et je m'arrête là…
En parlant tellement de la Maison Commune, on continue à construire l’Église Commune (celle du Nouvel Ordre Mondial), l’Humanité Commune, et celle du Péché Commun qui finit par être une Miséricorde Commune; et pour le péché dont il ne faut pas se préoccuper, il existe le Pardon Commun qui est administré à tous en Commun. Toujours et à condition qu’ils ne soient pas des pharisiens à pedigree, et qu’ils ne soient pas plus regardants de la lettre que de l’esprit.
Cela ne vient pas à l’esprit de mes novices, mais c’est là qu’est le piège, celui de s’enfermer dans le divorce accepté comme étant sans-remède, pour fait passer la Communion administrée comme étant sans-remède, pour ceux qui vivent dans l’adultère parce qu’ils n’ont pas d’autre-remède. Ou dit différemment, l’Église qui accueille tout le monde, suit son chemin, mais en ajoutant le contrepoint de l’adaptation aux temps, et aux changements à ce que l’on appelle aujourd’hui la routine doctrinale.
Il paraît que François aurait dit dans son entourage de l’intérieur (et de l’extérieur) : "Eh bien moi désormais, comme je suis le Pape, le Pape c’est moi (en français dans le texte), je vais mettre les chevreaux d’un côté, à droite (outre le caprin, le mot espagnol évoque aussi une personne qui fait de mauvaises choses, voire même un homme cocufié et consentant, etc.), et les brebis à gauche. C’en est terminé avec le monopole des brebis heureuses à la droite, celles qui ne font rien qu’embêter et faire les prétentieuses". Chevreaux de tous les pays, unissez-vous. Et tout le monde y va.
Cela ne vient pas non plus à l’esprit de mes novices, mais dans la Maison de Tócame Roque, tout peut tenir, de sorte que l’on continue à installer le désordre, la contradiction et la pagaille, la désinhibition et la confusion. Et plus tu en fais, mieux tu es accueilli dans les demeures éternelles de la nouvelle doctrine.

Il y a un tableau au Prado (le « Louvre » madrilène) où l’on voit les ravaudeuses de la Maison de Tócame Roque qui recousent et raccommodent en fonction des besoins. Comme nos Pasteurs Félons.



Manuel García y García (1836-1898)



Dans la Maison de Tócame Roque, on voit entrer les divorcés remariés et recouchés et re-communiant. Les pauvres et les riches (ceux qui financent l’actuel Vatican et dont la liste ne sort jamais à la lumière mais que François connaît). Les immigrants et les réfugiés (mais pas les prisonniers cubains et/ou vénézuéliens), ceux qui sont attaqués pour leurs croyances (mais pas Asia Bibi et d’autres chrétiens martyrs massacrés par l’Islam), les francs maçons qui apportent de l’air frais au Vatican (les frères de Ravasi), les théologiens qui détiennent une bulle [pontificale] pour l’hérésie et les hérétiques qui détiennent une bulle [pontificale] pour se constituer en théologiens y compris de la Maison Pontificale (référence probable au P. Cantalamessa). Et quitte à entrer dans la Maison [de Tócame Roque], on pourrait aussi y voir rentrer les tradionnalistes qui voudraient se plier à cette admission. Je n’ai jamais vu un plus grand danger que celui de faire confiance à l’ennemi. Mauvais moments pour rentrer à Tócame Roque.

Dans le désordre et la pagaille survenus avec l’Exhortation Apostolique - encore toute chaude -, le cardinal Baldisseri (un autre qui danse de la même manière) a parfaitement expliqué (cf. www.chiesa) le fond de la question: il s’agit de re-contextualiser. Quand j’ai lu ce terme dérisoire, j’ai lâché un mot d’un langage pas vraiment châtié devant mes novices. Elle est bien là la clef de l’arnaque pour nous vendre l’âne.

« Il faut re-contextualiser la doctrine au service de la mission pastorale de l’Église. La doctrine est interprétée en relation avec le noyau du kerygme chrétien et à la lumière du contexte dans lequel il s’appliquera, en rappelant toujours que la "suprema lex" doit être le "salus animarum"».



Ou, pour dire les choses autrement, cela faisait cinquante ans que nous contextualisions (terme pédagogique funeste qui a amené l’éducation et la culture au plus bas), nous avons contextualisé tout ce qu’il y avait, pour l’avoir sous l’étiquette de solution pastorale, de remède pastoral, de praxis pastorale.

Mais ce qui arrive maintenant c’est un autre tour de passe-passe beaucoup plus « audacieux », parce qu’il met déjà en question des thèmes qui affectent de façon intrinsèque le mariage et la Sainte Eucharistie; désormais le contextualisé normal et courant ne suffit plus : il faut maintenant re-contextualiser.
En définitive, la re-contextualisation permet à l’absurdité qui a été faite avec la contextualisation, d’apparaître suffisamment diffusée et ventilée pour s'achever sur une re-contextualisation qui, à la manière d’une antithèse, continue à nous préparer le terrain pour une nouvelle contre-textualisation postérieure. Je ne pense pas que François ait beaucoup lu Hegel, mais il le connaît par syntonie et par la formation jésuitique reçue.
Et en plus, avec des airs de se préoccuper du salut des âmes.
Je ris de la préoccupation que ces messieurs ont du salut des âmes. Il n’y a qu’à voir leur tête et leur doctrine.

J’ai expliqué aujourd’hui - très solennellement -, à mes novices et à mes frères moines, qu’à partir ce jour-même, voilà ce que j'ai l'intention de faire avec tout ce qui vient de François : ce qui sera en accord avec le magistère de toujours, je l’accepterai. Mais ce qui sera contre, je le re-contextualiserai et je le rejetterai. Je le regrette, mais c’est lui qui l’a cherché. Cette Exhortation est hérétique, tout comme est hérétique cette considération pastorale qui piétine ce que l’Église a toujours dit. Et cela, avec une tête de buonistes, de miséricordieux et de braves gens. C’est comme cela, que moi, je re-contextualise François.

Nous aurons le temps de continuer à analyser le sujet. Mais dès lors que je me situe déjà dans un contexte de re-contextualisation, dans ce contexte, je pense que les jours de ce Pape sont comptés. Comme ils disent dans les films, que Dieu ait pitié de nous.
Transformer l’Église en Maison de Tócame Roque, ne restera pas sans châtiment divin.