Les catholiques écoutent-ils le Pape?


Pas vraiment, et bien sûr, ce n'est pas une nouveauté. Mais les choses sont différentes, s'agissant d'un Pape soi-disant honni, comme l'était Benoît XVI, et d'un autre, populaire au point d'être une idole profane, comme François. Les faits réservent des surprises (28/10/2016)

 

Il y a quelque temps, j'avais traduit un article de Giuseppe Rusconi (Cf. Des ponts, pas des murs) qui remarquait, en s'appuyant sur deux évènements politiques récents (les référendums en Hongrie et en Colombie) que les catholiques n'étaient pas forcément disposés à suivre les injonctions du Pape. Dit en termes familiers "François propose, mais les catholiques disposent".

Plus récemment, mon attention était attirée par un article de Marco Tosatti, (voir ci-dessous), qui résumait un autre article paru dans le très "libéral" quotidien britannique "The Guardian" , faisant état d'un étude menée par des scientifiques américains, selon laquelle "Laudato sii", l'encyclique écolo du Pape, aurait eu un impact nul sur le souci des catholiques pour l'environnement, et aurait même été contreproductive.

Une nouvelle confirmation est donnée par les réactions à l'audience générale de mercredi dernier, où François s'est plus comporté en "aumônier du HCR" et en supplétif de l'ONU qu'en Pape, ressassant son obssession de "l'accueil" sans discrimination et sans limite, y compris à travers une anecdote qu'on ne s'attendrait pas à trouver dans la bouche d'un ... Pape (celle du chauffeur de taxi romain qui dans un premier temps est réticent à embarquer un réfugié qui "pue" - sic!).
Je ne commenterai pas ses propos, mais je renvoie mes lecteurs à cette synthèse de la pensée bergoglienne, dans la traduction légèrement expurgée en français de Zenit.
Un lecteur m'a envoyé le lien vers un article paru mercredi sur le quotidien de "centre droit" Il Giornale, commentant la catéchèse sous le titre:
MIGRANTS, LE PAPE CONTRE LES MURS: "LA SOLUTION EST LA SOLIDARITÉ" .
Le plus intéressant, ce sont les commentaires des internautes, et ils sont dans l'ensemble féroces. Le ton général est à l'exaspération, beaucoup se moquant des murs qui entourent le Vatican, certains allant même jusqu'à refuser de "financer Bergoglio" en suggérant de cesser de payer l'impôt à l'Eglise (le fameux "huit pour mille")
En voici un échantillon, à lire directement sur le site, éventuellement en utilisant le traducteur automatique. C'est, si j'ose dire, édifiant....




Comme je le disais en introduction, l'hostilité au Pape et à l'Eglise n'est pas nouvelle, mais ce qui est remarquable, c'est que, effet Bergoglio ou pas, elle ne s'est pas atténuée - loin de là! Et surtout que, du temps de Benoît XVI, les critiques au Pape venaient des milieux hostiles à l'Eglise, qui lui reprochaient sa fermeté doctrinale. Les catholiques fidèles le suivaient, comme le montre par exemple le résultat du référendum de juin 2005 sur la procréation médicalement assistée en Italie, pour lequel les évêques avaient soutenu l'abstention, avec l'appui explicite du Saint-Père.

Cette fois, c'est l'inverse qui se passe.

Selon une étude aux Etats-Unis
"Laudato sii" n'a pas eu les effets escomptés. Au contraire ...


25 octobre
Marco Tosatti
Ma traduction

* * *

Une étude publiée aux États-Unis affirme que le fort appel du Pontife pour une action plus incisive sur le changement climatique n'aurait pas produit jusqu'à présent un impact efficace sur la majorité du public.

«Le Pape et son encyclique n'ont pas réussi à attirer un large soutien sur le changement climatique parmi les citoyens des Etats-Unis», a déclaré au Guardian Nan Li, de la Texas Tech University, responsable de l'étude. «Les catholiques conservateurs qui sont soumis à une pression croisée entre les points de vue difficilement conciliables de leurs alliés politiques et de leurs autorités religieuses ont tendance à sous-évaluer la crédibilité du pape sur ce sujet pour résoudre la dissonance cognitive dont ils font l'expérience.
La référence est bien sûr à l'encyclique «Laudato Si», sortie en Juin 2015, la première encyclique exclusivement sur le thème de l'écologie jamais publiée par un pape. Christiana Figueroa, qui était à l'époque responsable ONU sur cette question, avait déclaré que «François est personnellement engagé sur cette question comme aucun autre pape avant lui».

L'étude, publiée dans la revue spécialisée Climatic Change, suggère cependant, que l'impact peut avoir été beaucoup plus faible que prévu.
L'étude a été développée sur une base de 2755 personnes, dont plus de 700 catholiques, un échantillon national [représentatif] des États-Unis.
22,5% des personnes interrogées avaient été informés de l'encyclique.
Mais apparemment, selon les chercheurs, l'encyclique ne semble pas être liée à des niveaux plus élevés de préoccupation en ce qui concerne le changement climatique. Selon ces chercheurs, les effets de la connaissance de l'encyclique étaient faibles, bien qu'étant liés à des opinions plus polarisées. Les conservateurs catholiques et non catholiques, avaient tendance à être moins préoccupés par le changement climatique que l'ensemble des 'libéraux' [i.e. les progressistes]. Et plus on se déplaçait vers la droite dans le spectre politique, plus la crédibilité du pape sur le sujet baissait.
«Au final, si l'appel écologique du pape peut avoir augmenté les préoccupations de certains sur le changement climatique, il a retourné contre lui les conservateurs, catholiques et non catholiques, qui ont non seulement résisté au message, mais ont défendu leur opinion préexistante en minimisant la crédibilité du pape sur le changement climatique», écrivent les auteurs.