Les menaces d'un bergoglien zélé (suite)


C'est au tour du Curé madrilène, avec son franc parler, sa simplicité, et dans son style truculent, de répondre vertement au doyen de la rote Romaine, qui se croit fort d'un soutien haut placé (2/12/2016)

>>> Les menaces d'un bergoglien zélé

 

Le témoignage du Père Jorge González Guadalix, alias le Curé madrilène, est important, parce qu'il représente la "vox populi": un prêtre de la base, qui doit faire faire face au jour le jour, armé de sa seul foi, de sa bonne volonté et de sa disposition spontanée à l'obéissance, aux difficultés du terrain dans un quartier périphérique (!!) d'une mégapole moderne - des difficultés que le magistère confus actuel ne fait rien pour aplanir, au contraire. Et surtout, on ne peut pas le compter parmi ces "traditionalistes" dont la piété exaspère le pape: dans le précédent article traduit par Carlota, il racontait en termes très émouvants comment dans sa modeste paroisse de la banlieue madrilène, il venait tout juste de céléber pour la première fois, à 61 ans, la messe "ad orientem"!

Mais avant de publier la chronique du Curé madrilène, il convient de faire, par souci de vérité, une petite mise au point.
Il semblerait - comme ce pontificat nous y a habitués - qu'il y ait eu un (énième!!) rétro-pédalage: Vito Pinto n'aurait pas prononcé exactement les propos qu'on lui prête, etc., etc.., mais plutôt que "François n'est pas comme ces Papes du passé, qui pourrait leur enlever la barrette, comme Pie XI".
Ben voyons! Cela ne change d'ailleurs rien à ce que j'écrivais avant-hier dans ces pages (Les menaces d'un bergoglien zélé): ce qui importe, c'est que l'hypothèse d'une déchéance de la dignité cardinalice ait été seulement évoquée (ne fût-ce que pour dire qu'elle ne se produirait pas) par un haut fonctionnaire de la Curie, de surcroît proche du Pape.
A propos de Vito Pinto, je conseille à mes lecteurs qui lisent (même un peu) l'anglais d'aller consulter ce bref article de Father Hunwicke. Il écrit, entre autre:

Je regardais la photo [capture d'écran faite au moment de l'interview à "Religion Confidencial"] et me suis demandé:
- Est-ce le visage de quelqu'un par qui l'Esprit Saint parle?
- Est-ce le visage de la Miséricorde?

Le Père Hunwicke ne met malheureusement ni lien ni photo, mais Teresa y a pourvu, publiant cette photo qui illustre l'article en espagnol à la source de l'information...



Pío Vito Pinto: ne me menace pas, ne me menace pas...


Père Jorge González Guadalix
infocatolica.com/blog/cura
Traduction de Carlota

* * *

Une menace. C’est ainsi que sonnait ce qu’a affirmé hier Mgr Pío Vito Pinto, Doyen de la Rote Romaine, la plus haute autorité de l’Église catholique en matière de procès en nullité, au cours de sa conférence à l’Université Ecclésiastique Saint Damase de Madrid.

Avec un ton fort et énergique, il a dit que les quatre cardinaux qui ont écrit au Pape François en lui demandant d’éclaircir quelques doutes sur son exhortation apostolique Amoris Laetitia, ont provoqué un scandale grave en rendant publique cette lettre via les médias. « Religion Confidencial » nous le raconte ici.

Le rideau est tombé. Et la chose ne s’est pas terminée là. Parce qu’il s’est lâché en allant jusqu’ à dire que le pape pourrait les dépouiller de leur cardinalat, bien qu’il ne pense pas le faire. Mais il l’a dit. Avis aux "navigateurs".

Ces quatre cardinaux, la seule chose qu’ils ont faite c’est de présenter leurs doutes au Saint Père, en sollicitant du successeur de Pierre un éclaircissement sur ces doutes. Ils ont la perception qu’il y a beaucoup de gens dans la confusion, et ils comprennent, c’est pour cela qu’ils sont cardinaux, que dans ce cas il convient d’interroger et ils ont interrogé.

Deux mois sans réponse. Sans aucune réponse. Même s’il avait seulement dit que les choses ne sont pas blanches ou noires et qu’il faut continuer à étudier des choses ou qu’il faut accorder une plus grande attention aux cas particuliers. Mais là, rien. Or cela ne me parait pas bien. Ne serait-ce que par politesse, au moins dire quelque chose.

Que faire face à l’absence de réponses au bout de deux mois passés? Je suppose que différentes possibilités s’ouvraient : ne rien faire et les choses en restaient là, jusqu’à une nouvelle lettre adressée à François au risque d’être traités d’insolents, ou bien, faire connaître leur pensée aux fidèles, parce que je suppose que les fidèles peuvent aussi leur demander des explications : « quoi, ils ne vont rien faire, s’ils n’arrivent pas à comprendre quelque chose, ils restent tellement tranquilles?..»

D’après le Doyen de la Rote, et pas un minus en matière matrimoniale, le pape n’a pas donné une réponse directe, « mais leur a indirectement dit qu’ils ne voient les choses qu’en blanc ou en noir, quand dans l’Église il y a des nuances de couleurs ». Que voulez-vous que je vous dise, moi cela ne m’éclaire pas beaucoup.

Là vous avez Mgr Pío Vito Pinto qui non seulement considère que c’est bon, suffisant et définitif, mais qui se permet même de dire que questionner le Saint Père et rendre publiques les questions après deux mois de silence, c’est d’une telle gravité que cela pourrait supposer pour les questionneurs la perte du « cappello » cardinalice, même si cela ne se produira pas.

Et que pense votre serviteur de tout cela? Évidemment différentes choses.

Pour commencer je dirais que depuis le premier jour de son pontificat et tout particulièrement au début du premier synode de la famille, le pape François a insisté encore et encore sur le fait qu’il voulait la liberté et que ce qu’il souhaitait c’était que tous puissent parler en toute clarté. Il semble que dans la pratique pour ce qui est de parler en toute clarté, mieux vaut l’éviter.

Je n’ai jamais aimé les menaces, encore moins entre adultes, encore moins dans l’Église. Et à votre serviteur et avec toutes ses limites, ce qu’a dit Mgr Vito Pinto [ndt: c'est peut-être un lapsus, mais le P. Jorge González Guadalix a écrit "Vino Tinto", qui en espagnol signifie "vin rouge!!,], ça paraît être des menaces en règle. Et je suppose que ces menaces reposent sur quelque chose, parce que tout Doyen de la Rote qu’il soit, menacer un cardinal, même en y allant tout doucettement, ce n’est pas bien, à moins que tu ne sois bien couvert par derrière. Ce qui est mal c’est qu’il me semble que ce n’est pas une chose isolée. Il n’y a pas longtemps, un prêtre extraordinaire dont je ne vais évidemment pas donner le nom, m’écrivait : « C’est le moment de parler clair. Je me risque aussi à parler clair bien que l’on m’ait déjà fait savoir que je suis en train de mettre en péril la mission ».

Eh bien, ça, les gens le perçoivent. À tel point que beaucoup de commentateurs de mon blogue me le répètent : « Père Jorge, un de ces jours vous allez avoir des ennuis, faites attention ». C’est une mauvaise chose que cette sensation existe parmi le peuple de Dieu. Très mauvaise.

Et le pire de tout c’est de menacer en sachant que les menaces ne seront jamais exécutées. Dépouiller du « cappello » Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffarra et Joachim Meisner? Hé, le compte n’y est pas. Moins de menaces et plus de réponse. Voilà ce que j’en dis, moi.