Lettre d'un catholique troublé au Pape François


Voici, reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur, une lettre ouverte adressée au Pape par Jean-Pierre Snyers (15/11/2016)

>>> La lettre figure sur le blog de l'auteur ici: jpsnyers.blogspot.fr



LETTRE OUVERTE AU PAPE FRANÇOIS


Jean-Pierre Snyers
11 novembre 2016

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Bonjour pape François,

Avec tout le respect que j'ai pour vous, mais pas pour bon nombre de vos idées, je vous écris pour vous dire que je ne suis pas loin de quitter votre Eglise. Je n'aurais jamais cru qu'un pape puisse me conduire à envisager une telle rupture, mais vous avez réussi cette prouesse. Depuis votre élection, que vous devez en grande partie à l'obscur groupe St Gall, je vous ai observé. Longtemps, je vous ai laissé le bénéfice du doute. Mais aujourd'hui, saint père, je ne peux plus reconnaître en vous Celui que vous représentez. En comparant vos discours avec ce qui est rapporté dans l'Ecriture par les apôtres, je ne peux que constater que ce n'est plus l'Evangile décrit par celle-ci que vous nous présentez.
Un exemple: vous parlez DES vraies religions, dont les fondements (doctrines) reposent selon vous sur la capacité de l'homme à se transcender vers l'absolu. En disant cela, vous laissez clairement entendre que la vérité est plurielle. Eh bien, il m'est de impossible de souscrire à une telle affirmation sans renier purement et simplement que le Christ est, comme Il le dit, LA vérité et le seul chemin qui conduit au Père et à la vie éternelle.

Croyez-vous, comme saint Paul que le coeur de l'Evangile est le fait que Jésus est mort et ressuscité pour nous sauver du péché et de la damnation éternelle et que, par conséquent, notre salut est en Lui seul?
Croyez-vous comme lui que celui qui annoncerait autre chose est anathème (Epître aux Galates, 1, 7-9)?
Etes-vous fidèle à l'appel de notre Rédempteur qui nous exhorte, non pas à dialoguer en vue d'établir une religion mondiale, mais d'essayer de convertir ceux qui ne Le connaissent pas ou qui Le refusent?
A entendre vos propos syncrétistes et relativistes et à voir vos agissements, pour moi, la réponse est non.
Quand vous dites à un athée (le journaliste Scalfari) que vous ne VOULEZ PAS essayer de le convertir, je ne puis reconnaître le langage d'un saint Pierre. Et quand vous ajoutez que le prosélytisme (qui n'est jamais que le zèle déployé par un nouveau converti en vue que les autres puissent découvrir le trésor qu'il a découvert), est une idiotie, je me dis que vous condamnez les apôtres et les premiers chrétiens qui ont payé de leur sang leur fidélité à Jésus-Christ.
Non, ce n'est pas en affirmant que "Dieu n'est pas catholique, qu'un tel Dieu n'existe pas" que vous allez regonfler le moral de vos troupes et que vous inciterez les autres à se convertir. Car si, comme vous le pensez, Dieu n'est pas catholique, quelles raisons aurions-nous de l'être nous-mêmes? Vous pensez réellement que notre Rédempteur (ou les apôtres) aurait dit: "Dieu n'est pas chrétien"? Que générez-vous en tenant de tels propos sinon le doute et la confusion? Qui amènerez-vous à la foi chrétienne à travers ce genre d'affirmation? J'estime que vos sous-entendus sont désastreux à l'égard du peuple des croyants et des périphéries auxquels d'ailleurs vous n'annoncez jamais la Prédication apostolique.

Pape François: un jour, dans cet au-delà dont vous ne nous parlez pratiquement jamais, vous devrez répondre à Celui qui va vous demander: "Qu'as-tu fait avec ce que tu as reçu? As-tu fidèlement veillé à l'intégrité de la foi? As-tu prêché la conversion en vue du salut éternel des âmes ou t'es-tu seulement consacré au salut temporel des corps?
Vous me direz: Dieu est miséricorde, Il ne juge pas".
Si, Il juge! Toute la Bible le clame et le Credo l'affirme aussi! Ne vous en déplaise, pour Jésus et pour ses disciples, il n'y a pas "des" vraies religions, il n'y en a qu'une seule et celles qui ne sont pas chrétiennes ils les appellent des idoles!
Dès lors, votre religion irénique n'ayant pas sa place dans la Bible, il serait peut-être temps que vous révisiez votre idéologie en fonction de ce qu'elle dit et que vous arrêtiez de la lire avec les lunettes de cet autre Evangile que vous essayer d'imposer.

Oui, que vous essayer d'imposer! Car, au vu de la manière brutale avec laquelle vous avez d'un seul coup limogé les 27 collaborateurs du cardinal Sarah pour les remplacer par vos perroquets, au vu des nominations à la pourpre cardinalice d'archevêques proches de la "mafia" St Gall (le terme "mafia" est utilisé avec vantardise par le cardinal Danneels qui en faisait partie), vous signifiez au monde entier, votre volonté de rompre avec cette Tradition chère à vos deux prédécesseurs et à des évêques courageux comme le sont par exemple, le cardinal Sarah ou Monseigneur Léonard.

Saint père: qui êtes-vous vraiment? Sur quel rivage conduisez-vous la barque de Pierre?
Vous me faites peur. Je commence franchement à penser que vous êtes au service d'autre chose que de la foi catholique.
Et ce n'est pas le fait que vous vous agenouillez devant les migrants mais pas devant votre Seigneur présent dans l'hostie consacrée, qui va me rassurer.
Ce n'est pas non plus votre présence en Suède pour fêter les 500 ans du schisme de Luther et votre absence à la procession de la fête-Dieu et à celle du Congrès eucharistique qui a rassemblé tous les évêques d'Italie, qui contribuera à me faire croire que vous êtes dans la bonne voie.

En écrivant cette lettre, je me sens dans une peau bien étrange: celle d'un simple laïc qui est obligé de supplier le successeur de saint Pierre, les évêques et les prêtres, d'être fidèles à la foi apostolique et catholique.
Dès lors, je rêve du jour où, plutôt que de vous apitoyer sur le réchauffement climatique, vous aurez enfin à coeur de vous intéresser au refroidissement de la foi; je rêve du jour où les médias et le monde ne vous applaudiront plus, parce que vous aurez consenti à revenir à ce à quoi le Christ vous appelle: l'annonce de cette Vérité qui est le seul chemin vers le ciel et vers Dieu, notre Père.
Ce jour viendra t-il? Je ne sais, et pour ne rien vous cacher, j'en doute très fort.
Puisse néanmoins Notre Seigneur et Notre-Dame faire en sorte qu'il en soit ainsi.

La lettre est complétée par un texte du même auteur, que je reproduis ci-dessous:

UN DIEU MULTIFORME?


Jean-Pierre Snyers
15 novembre 2016

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Une idéologie très largement répandue voudrait faire de Dieu un grand tout; un Être multiforme qui, rassemblant la plupart de religions, se définirait par des mots comme "miséricorde", "amour" ou "paix", dans le but d'établir une fraternité universelle.
En fait cette conception ressemble à une pyramide. Au bas de celle-ci, il existe de multiples chemins qui montent vers: un sommet où tout le monde peut se retrouver.
Bien sûr, une telle vision des choses est applaudie par le monde, Cependant, pour un chrétien, la question est de savoir si, oui ou non, elle correspond avec ce que dit l'Ecriture. Autrement dit: le Christ et les apôtres avaient-ils la conviction que la vérité est plurielle, que les religions non-chrétiennes sont autant de chemins qui conduisent à Dieu?
Un simple coup d'oeil dans la Bible suffit pour nous convaincre que la réponse est non. En effet, Jésus a dit clairement qu'il est LA vérité et LE seul chemin qui mène au Père (Jean 14, 6). Au vu de cela, prétendre qu'il ne serait qu'une vérité et qu'un chemin parmi d'autre, serait du même coup, le rabaisser et le trahir.
Les apôtres ne s'y sont pas trompé. Fidèles à leur Maître, il n'ont cessé de vouloir convertir ceux qui étaient égarés dans d'autres voies.
"Je t'adjure au nom de Jésus-Christ qui viendra juger les vivants et les morts: prêche la Parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte, toujours avec patience (en effet, il en faut face à ceux qui ne veulent pas entendre) et souci d'enseigner" (II Tim 4, 1-2).
Voilà ce qu'écrit l'apôtre Paul. Pour lui, comme pour tous les premiers martyrs, qui ont sans relâche annoncé qu'il n'y a AUCUN salut en dehors du Christ (Actes 4, 12), il est clair qu'un dieu qui n'est pas conforme à l'Evangile qu'il décrit aux versets 1 à 5 du chapitre 15 de sa première épître aux Corinthiens, est une idole.
Dès lors, aujourd'hui, face aux athées, face aux musulmans, face aux indifférents, face aux bouddhistes, bref, face aux non-chrétiens, il importe de "prêcher la Parole", d'annoncer le salut en Celui qui seul peut le donner. "Prêcher", et inviter à prier pour que se convertissent ceux qui marchent sur des chemins qui ne sont pas le seul chemin.
Est-ce bien cela que les représentants de l'Eglise actuelle disent et font?
Les discours qu'ils tiennent sont-ils encore fidèles à la saine doctrine vis-à-vis de laquelle saint Paul écrit "qu'il viendra un temps où les hommes ne la supporteront plus, préférant écouter des fables tout en détourant leurs oreilles de la vérité" (II Tim 4, 3-4)?...
Le salut éternel des âmes est-il vraiment une préoccupation fondamentale pour les prêtres, les évêques et le pape?
Si elle ne l'est plus, si saint Pierre ne peut se retrouver dans les discours et les agissements de l'Eglise actuelle, c'est toute la Prédication apostolique qui est trahie et le "christianisme" n'est plus dans ce cas qu'un pseudo-christianisme.