Mgr. De Kesel : "Pastores non dabo vobis" (*)


Le néo-archevêque de Malines-Bruxelles nommé par François et « créature » du « mafieux » (c’est lui qui le dit !) cardinal Danneels, expulse la Fraternité des Saint-Apôtres créée en avril 2013 par son prédécesseur Mgr Léonard, et riche de vocations (21/6/2016)

(*) Allusion à l'exhortation postsynodale de 1992: Pastores dabo vobis [Je vous donnerai des pasteurs, (Jr 3,15)], de saint Jean-Paul II, « à l’épiscopat, au clergé et aux fidèles sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles »

Giuseppe Nardi suit de très près le diocèse de Malines-Bruxelles; il vient de publier un article sur la Fraternité des Saints Apôtres. C’est, me dit Isabelle, une suite au feuilleton commencé ici: L'Eglise belge en liquidation .

Voir aussi à ce sujet les deux articles que Marco Tosatti sur <San Pietro e dintorni> a consacrés aujourd’hui et hier à la scandaleuse et arbitraire décision du primat de Belgique.



Ci-dessus: 19 juin 2016, après la messe, place Sainte-Catherine, devant l’église Sainte-Catherine: les paroissiens mobilisés pour soutenir les prêtres et frères de la Fraternité des Saints Apôtres.
(source: www.medias-presse.info)

L'archevêque de Malines-Bruxelles expulse la Fraternité sacerdotale des Saints-Apôtres – Trop de vocations ?


Giuseppe Nardi
www.katholisches.info
21 juin 2016
Traduction d'Isabelle

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(Bruxelles, le 21 juin 2016) Le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Joseph De Kesel, qui récemment encore se déclarait « totalement » gagné à la proposition de mettre en place, dans chaque école catholique, une salle de prière islamique, expulse dans le même temps de l'archidiocèse la Fraternité sacerdotale des Saints-Apôtres, fondée par son prédécesseur.

La décision de De Kesel ne suscite pas seulement l'émoi parmi les fidèles, mais ouvre aussi, d'après l'hebdomadaire Tempi « un nouveau chapitre, problématique, dans la direction du diocèse ».



La Fraternité : une réponse à la crise des vocations
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Le prédécesseur de Mgr De Kesel est Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles de 2010 à fin 2015, nommé à ce siège par le pape Benoît XVI. Le 7 avril 2013, il érigea la Fraternité des Saints-Apôtres, avec le statut canonique d'association publique de fidèles cléricale de droit diocésain. L'intuition fondatrice était due au père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, un prêtre connu de l'archidiocèse de Marseille, doué d'un charisme fort.

L'archevêque Mgr Léonard confia à la Fraternité la formation sacerdotale et lui donna les deux paroisses Sainte-Catherine à Bruxelles et Saint-Joseph à Uccle, au sud de Bruxelles.

Dans les faits, Mgr Léonard (qui à cause de sa fidélité à la foi, a toujours rencontré une vive hostilité en Belgique, non seulement de la part des forces laïques mais aussi à l'intérieur de l’Église) mit en œuvre une formation sacerdotale parallèle, en dehors du Séminaire diocésain. Une telle voie a été suivie avec succès par d'autres évêques avant lui. Dans le monde germanophone, Mgr Rudolf Graber (1962-1981), évêque de Ratisbonne, fonda un second séminaire de prêtres à Heiligenkreuz, près de Vienne.

L'intuition de Mgr Léonard se révéla d'emblée un succès. La Fraternité sut réaliser ce dont les rouages diocésains progressistes étaient incapables : conduire des jeunes gens à la « beauté de la vocation et du ministère de prêtre diocésain ». La Fraternité est une communauté de prêtres séculiers, qui mènent cependant une vie communautaire caractérisée. Elle voit dans cette forme de vie la réponse à la crise des vocations sacerdotales à laquelle sont confrontés les diocèses d'Europe occidentale. Les paroisses qui lui sont confiées sont très vivantes, contrairement aux paroisses voisines, et attirent de nombreux jeunes.

Même si la communauté n'a que trois ans, elle compte déjà six prêtres et 21 séminaristes.

« Par solidarité avec les évêques de France », la Fraternité doit quitter la Belgique
On pourrait croire dès lors que tout va pour le mieux. Mais la réalité est toute différente, depuis 2015, quand Mgr Léonard a été mis à la retraite par le pape François sans avoir été élevé à la dignité cardinalice et qu'en la personne de Mgr De Kesel a été nommé, comme nouveau primat de Belgique, le candidat que souhaitait le prédécesseur du prédécesseur, le cardinal progressiste Danneels. Celui-ci faisait partie du « Team Bergoglio » et du cercle secret « Saint-Gall », dont l'objectif était, en 2005, d'empêcher l'élection de Benoît XVI et de faire aboutir, en 2013, le choix de François.

Le nouvel archevêque vient de décider que la Fraternité, dont la réussite est si remarquable, ne peut plus former de prêtres dans l'archidiocèse et qu'elle doit quitter Malines-Bruxelles (et donc aussi la Belgique). La raison invoquée ? La plupart des séminaristes viennent de France. « Beaucoup de régions de France connaissent un manque de prêtres […], nous ne voulons pas manquer à la solidarité entre évêques, tant ceux de notre pays que nos voisins français », voilà ce que Mgr De Kesel a fait savoir dans un communiqué officiel.

Les membres de la Fraternité déjà ordonnés prêtres peuvent être incardinés dans le clergé diocésain et rester dans les paroisses qui leur sont confiées. Les séminaristes ont la possibilité d'entrer au Séminaire diocésain. Mais la Fraternité doit faire ses valises, et de même tous ceux qui veulent en rester membres.

La décision déçoit beaucoup de fidèles, qui étaient de toute façon déjà inquiets des projets de De Kesel de « restructurer » le diocèse, selon un plan qui prévoit la fermeture d'un tiers de toutes les églises. Ce plan remonte déjà à l'époque de Danneels (jusqu'en 2010), mais fut rangé dans les tiroirs par l'archevêque Mgr Léonard, qui essayait au contraire de revitaliser les paroisses. Avec la nomination de De Kesel, c'est le plan Danneels qui refait surface.


«Des motifs idéologiques »
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Un groupe de fidèles de la paroisse Sainte-Catherine, représenté par Bernard de la Croix, a adressé une lettre à l'archidiocèse de Malines-Bruxelles: « Nous nous étonnons que la Fraternité soit victime de son succès. Les séminaristes français qui rejoignent la Belgique rejoignent un charisme particulier et il est faux de croire que cela vide les diocèses en France. Au contraire, certains n’auraient peut-être en effet jamais rejoint le séminaire sans l’existence d’une vie communautaire telle que proposée par les Saints-Apôtres. »

Les paroissiens en viennent alors au fond de la question : « Le principe de solidarité invoqué est on ne peut plus curieux. En effet, à titre d'exemple, sur 80 séminaristes en formation au Séminaire diocésain de Namur aujourd’hui, seulement 25 sont belges. Va-t-on renvoyer tous les autres dans leur pays ? Va-t-on renvoyer tous les prêtres africains, polonais qui viennent nous aider à porter le message du Christ en Belgique ? L’Eglise catholique n’est-t-elle plus universelle ? L’argument invoqué ne tient évidemment pas la route et nous espérons qu’il n’y a pas derrière des raisons en réalité purement idéologiques ».

L'allusion n'est pas du tout absurde pour ceux qui connaissent bien la situation de Bruxelles. L'archevêque De Kesel s'est prononcé récemment encore pour l'abolition du célibat des prêtres, dans lequel il ne voit plus une condition d'accès au sacerdoce. C'est là que se trouve, d'après l'archevêque, la réponse nécessaire au « manque de prêtres ». En même temps, il expulse une communauté qui apporte à l'archidiocèse, comme un don du ciel, la majorité des vocations sacerdotales. Des vocations, il est vrai, qui ne correspondent pas à l'agenda progressiste et ne revendiquent pas l'abolition du célibat des prêtres.

Dans la lettre des fidèles, il est question également de l'ordination diaconale d'un membre de la Fraternité, prévue à l'origine pour le mois de juin, mais qui a été reportée sine die par l'archevêque De Kesel, sans que celui-ci ait fait valoir de motif. Cela aurait été la première ordination d'un membre de la Fraternité par Mgr De Kesel : un événement que le nouveau pasteur de Malines-Bruxelles veut visiblement éviter.


Faire table rase
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Les fidèles de Sainte-Catherine ont essayé d'entrer en dialogue avec Mgr De Kesel. Mais jusqu'ici ils n'ont reçu aucune réponse à leurs lettres ni obtenu de rendez-vous en vue d'une discussion.

D'autres s'expriment plus directement. Selon eux, l'archevêque De Kesel veut « faire table rase et détruire le travail fructueux de l'archevêque Léonard ». Dans l'archidiocèse, le cardinal Danneels et des franges du clergé progressistes « depuis le début » auraient eu une aversion à l'égard d'une Fraternité qui a si bien réussi à susciter des vocations pastorales et qui représente une ligne de fidélité à la foi, à « mille lieues » de l'attitude de Danneels.

Et de poursuivre : « Les groupes de l’Église catholique qui réclament des modifications du sacrement de l'ordre (abolition du célibat, diaconat féminin, sacerdoce féminin) et qui renvoient, pour se justifier, à la pénurie de prêtres, ne supportent pas l'idée que la crise des vocations soit due, pour une part essentielle, à des causes « faites maison », qu'il est donc possible de neutraliser ». Ils font valoir au contraire que les vocations sacerdotales sont une grâce de Dieu : « Dès lors, voir où et à qui elles sont données, c'est reconnaître un signe ».