Mgr Paglia: la belle carrière d'un courtisan


Alors que le nouveau Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dont il ambitionnait la présidence, lui échappe, François le nomme, en guise de consolation, à deux charges prestigieuses. Les explications (et les rappels) de Sandro Magister (18/8/2016)

>>> A propos du passif laissé par Mgr Paglia au diocèse de Terni qu'il a dirigé de 2000 à 2012, lire:
¤ Selon que vous serez Bertone ou Paglia
¤ Mgr Paglia rectifie, la Bussola répond


INSTITUTION DU DICASTÈRE POUR LES LAÏCS, LA FAMILLE ET LA VIE
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Le Pape François institue un dicastère pour les Laïcs, la famille et la Vie, fusionnant les compétences du Conseil pontifical pour les Laïcs et du Conseil pontifical pour la Famille, qui seront officiellement dissous le 1er septembre prochain.

Le Motu Proprio publié mercredi (17 août) précise que le nouveau dicastère aura pour vocation notamment de promouvoir le sacrement du mariage et la protection de la vie, tout en proposant un accompagnement pour les couples en difficulté ou pour les femmes ayant avorté.

Le préfet sera un évêque américain d’origine irlandaise: Mgr Kevin Farell, 68 ans, ancien légionnaire du Christ. Il était évêque de Dallas depuis 2007.

Ce nouveau dicastère crée quelques autres changements au sein de la Curie romaine. Mgr Vincenzo Paglia, qui était président du Conseil pontifical pour la Famille, devient président de l’Académie pontificale pour la Vie et Grand Chancelier de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur les études sur le mariage et la famille (...)

(d'après
fr.radiovaticana.va)



Lorenzo Bertochi, sur la Bussola, commente la restructuration. Et conclut:


Dans le chirographe que François a réservé à Mgr Paglia pour cette double nomination [comme président de l'Académie pontificale pour la vie et grand chancelier de l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille], on lit:

«Depuis le Concile Vatican II jusqu'à aujourd'hui le Magistère de l'Église sur ces questions s'est développé de façon ample et approfondie. Et le récent Synode sur la famille, avec l'Exhortation Apostolique Amoris Laetitia, a encore élargi et approfondi le contenu. Il est de mon intention que les Instituts placés sous ta direction s'engagent de manière renouvelée dans l' approfondissement et la diffusion du Magistère, faisant face aux défis de la culture contemporaine».

Le nouveau dicastère, donc, compte tenu du lien spécial avec l'Institut Jean Paul II et l'Académie pour la vie, s'ouvre à l'enseigne d'Amoris laetitia. Afin de poursuivre, lit-on encore dans le chirographe du Pape à Mgr Paglia, vers «un renouvellement et un développement supplémentaires, pour inscrire leur action de plus en plus clairement dans l'horizon de la miséricorde».

La révolution "pastorale" de François continue.



Voici quelques éclaircissements de Sandro Magister (qui n'aime décidément ni Sant'Egidio, ni son fondateur Andrea Riccardi, ni son "parrain spirituel" Paglia), qui fait quelques utiles mises au point:

Derniers feux de paille (*).
Avec une double nomination à venir


(*) Jeu de mots: Paille, en italien, se dit "paglia"


Settimo Cielo
17 août 2016
Ma traduction

* * *

Ce mercredi 17 Août, la double nomination de Mgr Vincenzo Paglia comme président de l'Académie pontificale pour la vie et grand chancelier de l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille sera rendu publique.
Paglia est depuis 2012 président du Conseil pontifical pour la famille. mais la fusion de ce dicastère avec le Conseil Pontifical pour les laïcs a déjà été décrété. Les deux cesseront leurs fonctions le 1er Septembre prochain et le nouveau dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, dont François a publié les statuts "ad experimentum" le 4 Juin, prendra leur place.
Et Paglia ambitionnait justement de présider ce nouveau dicastère. Mais dans l'intervalle, il a obtenu du pape la double charge qui lui sera attribuée demain.

En 2012, l'appel de Paglia à la Curie, en tant que Président du Conseil Pontifical pour la Famille, a été l'une des erreurs les plus flagrantes faites par Benoît XVI. (ndt: c'est hélas sans doute vrai, mais il est évident que beaucoup de nominations de Benoît ont été faites contre ses goûts personnels, ce qui là aussi le démarque nettement de son successeur: il ne s'est pas entouré d'une garde prétorienne de "ratzingériens" purs et durs, ceci dans un souci évitdent de ne pas provoquer de ruptures avec ceux qu'il faut bien appeler - les faits l'ont par la suite suffisamment prouvé - ses ennemis )
Paglia était la figure de proue de la Communauté de Sant'Egidio et depuis 2000, il était évêque de Terni.
Où il n'avait certes pas mis en lumière, dans l'administration des biens de ce monde, la sagesse de «pater familias» nécessaire à un bon évêque.
La preuve en est dans le communiqué d'adieu long et détaillé de l'avant-dernier président de l'IOR, l'Allemand Ernst von Freyberg , au moment de quitter son poste en Juillet 2014.
Pour expliquer le maigre actif net du bilan de l'IOR pour 2013, von Freyberg signalait que l'IOR avait dû mettre dans le bilan «la dépréciation de 3,2 millions € d'un soutien financier accordé au diocèse de Terni».
Il se référait à la banqueroute du diocèse ombrien, advenue quand Paglia en était l'évêque. Le diocèse fut l'objet d'une enquête judiciaire et l'IOR dut "tamponner" une bonne moitié du déficit de plus de 20 millions.
Mais même comme membre de tout premier plan de la Communauté de Sant'Egidio, Paglia n'avait jamais brillé pour ses compétences en matière de famille. Ni lui, ni les autres cadres de la Communauté, y compris son tout-puissant fondateur Andrea Riccardi. Lui aussi improprement délégué en 2012 pour faire face aux problèmes de la famille en sa qualité de ministre pour la Coopération internationale, dans le gouvernement «technique» dirigé par Mario Monti.
Un évènement jette une lumière sinistre sur ce qui se passait en matière de famille et de mariage, derrière la façade brillante de la Communauté Sant'Egidio: c'est la demande de nullité de son mariage transmise en 2003 au tribunal diocésain de Rome par un membre appartenant depuis 25 ans à la Communauté, marié à une femme également membre de de la Communauté.
A la requête en nullité, ce dernier avait joint un mémoire. Dans lequel il expliquait, preuves à l'appui, non seulement comment il s'était marié «sous la contrainte», mais aussi comment son cas faisait partie d'un système autoritaire plus général qui régissait la Communauté de Sant'Egidio et qui gérait à des degrés divers les fiançailles et les mariages de ses membres (cf. www.chiesa, 2003, Vingt-cinq ans dans la Communauté de Sant'Egidio. Un mémoire)
Le tribunal diocésain de Rome fit droit à la requête et dans son jugement final décréta le mariage nul et non avenu «pour contrainte».

Et pourtant, miraculeusement, rien de tout cela ne nuisit à la carrière de Paglia, en hausse constante, y compris sous François.
Lequel s'est bien gardé, par exemple, d'inviter au double synode des évêques sur la famille le prédécesseur de Paglia à la présidence du Conseil pontifical "ad hoc", le cardinal Ennio Antonelli, dont la compétence dans le domaine était incomparablement supérieure, mais qui avit le malheur de soutenir avec franchise et clarté des positions contraires à la communion pour les divorcés remariés.
Dans le même temps, Paglia s'employait habilement dans la direction opposée, en particulier en parrainant officiellement un séminaire d'experts et théologiens "aperturisti", débouchant sur un livre publié entre les deux sessions synodales par la Libreria Editrice Vaticana.
En plus d'avoir tenu le cardinal Antonelli à l'écart du synode, François en avait également exclu d'un rôle actif l'institution qui théoriquement aurait dû en être un acteur de premier plan: l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, présidé par Livio Melina et dont le grand chancelier était jusqu'à maintenant le cardinal Agostino Vallini, vicaire de Rome et grand chancelier de l'Université pontificale du Latran, dont l'Institut dépend.

Mais aujourd'hui, tout change. A partir de demain, le nouveau grand chancelier de l'Institut sera Paglia. Avec une mission vraisemblablement plus qu'honorifique. C'est-à-dire ayant pour but de changer les hommes et l'orientation de l'Institut lui-même, en les adaptant au nouveau cours bergoglien.
Quant à l'Académie pontificale pour la vie, elle aussi confiée par le Pape aux soins de Paglia, on peut s'attendre à quelque séisme.
Qu'il suffise de dire que , parmi les membres ordinaires de l'Académie figure le philosophe autrichien Josef Seifert, auteur récemment de la démolition la plus meurtrière qui ait été publiée à ce jour d'"Amoris laetitia", et qui concluait son réquisaitoire de 26 pages en demandant François de rectifier ses affirmations hérétiques.