Nouveaux cardinaux


Les choix idéologiques du Pape, et son "gouvernement de l'ombre" (10/10/2016)

 

Hier , à l'issue de l'Angélus, François a rendu publique une liste de treize nouveaux cardinaux (plus quatre non électeurs), qui recevront la barrette lors du consistoire du 19 novembre prochain. Le prochain conclave prend forme...
Magister commente les noms de la liste ici, notant en particulier que De Kesel à Bruxelles, Cupich à Chicago et Osoro Sierra à Madrid démentent la belle théorie (en réalité destinée à expliquer le sort réservé à Mgr Léonard) selon laquelle sous le Pape François les sièges traditionnellement cardinalices étaient systématiquement écartés en faveur des "périphéries.
Mais il n'y a pas que cela, nous dit Marco Tosatti.

NOUVEAUX CARDINAUX.
États-Unis, Belgique: choix à sens unique.
Le gouvernement de l'ombre du pape


Marco Tosatti
www.marcotosatti.com
9 octobre 2016
Ma traduction

* * *

Si certains nourrissaient des doutes sur le parti-pris idéologique - et «politique» de ce règne pontifical, les dernières nominations cardinalices les ont certainement dissipés.

Mais ils n'ont en revanche pas dissipée une question que nous nous étions posées il y a seulement quelques jours (Cf. Les paroles et les actes): pourquoi certaines déclarations très fortes du pape ne se reflètent-elles pas ensuite dans le choix des hommes?

En Géorgie, il a parlé d'une guerre mondiale contre le mariage poursuivie par l'idéologie «Gender». Des mots très forts, confirmés, avec une certaine touche plus soft envers les personnes le lendemain, lors de la conférence de presse en avion, comme pour dire que le Pape n'a rien ni contre les homosexuels, ni contre les transgenres.

L'un des endroits où cette guerre mondiale est la plus violente est les États-Unis, où l'administration Obama (et celle possible d'Hillary Clinton) veulent explicitement réduire le champ d'action des religion.

Eh bien, vous pensez que, parmi les nouveaux cardinaux il pourrait alors y avoir des archevêques de grandes villes comme Los Angeles et Philadelphie, connus pour la clarté de leurs positions. Mais non: les nouvelles barrettes vont à Cupich, de Chicago, et Tobin, d'Indianapolis. Tous deux dans la liste progressiste. Pas vraiment connus pour leur engagement dans la lutte pour la vie, la famille et contre l'endoctrinement idéologique du gender. Et en effet, celui que certains présentent comme l'un des spin doctors du Pape, le directeur de la Civiltà Cattolica Antonio Spadaro SJ, a commenté dans un tweet: «Les nouveaux cardinaux, un abandon des guerres culturelles des Etats-Unis».



Mais comment donc? N'y avait-il pas une guerre mondiale contre la famille? Il y a un feu, et pour affronter les flammes , on envoie des personnes souffrant de la phobie de l'eau?
Un discours absolument similaire peut être fait pour le nouveau cardinal de Bruxelles, De Kesel. Son prédécesseur a été physiquement attaqué [par les femen] pour sa position contre l'égalité des sexes, mais pour lui, pas de barrette. Et même mis sur la touche à l'expiration exacte de son mandat.

De Kesel, qui est jusqu'à présent connu pour avoir détruit une communauté sacerdotale florissante de vocations et aimée des gens, devient au contraire tout de suite cardinal.

Je ne sais quelles réponses donner à un comportement qui peut apparaître double, ou schizophrène. Il y a probablement des raisons profondes qui dans ma simplicité m'échappent.

Ce sont en tout cas des choix qui rentrent dans le cadre extrêmement personnel d'une gestion qu'il serait difficile d'imaginer plus personnelle que cela.

Certains parlent, au Vatican et ailleurs, de la réalité d'un «gouvernement de l'ombre», dans lequel jouerait un rôle de "hub" [au sens informatique de "plateforme de correspondance", donc ici: plaque tournante] le super homme de confiance du pape au Vatican, le préfet pour le Clergé, Beniamino Stella, ancien diplomate. Le "Conseil" secret serait composé de cardinaux vieux amis du pape, comme Kasper, Danneels (grand protecteur de De Kesel), Murphy O'Connor, Mahony, qui donnerait son avis pour les États-Unis.

Tant Danneels que Mahony et même Murphy O'Connor ont eu de plus ou moins gros problèmes avec la gestion des cas de pédophilie.
Et ensuite il y aurait les «new entry»: le Secrétaire du Synode, le Cardinal Baldisseri, et l'archevêque de Vienne, Schönborn. Ce sont tous ceux qui, plus que les titulaires négligés des bureaux de la Curie, ont la clé pour les oreilles et le cœur du pontife régnant.