Orlando: massacres de masse...


les vraies causes. Le diagnostic de Robi Ronza sur la Bussola d'aujourd'hui (14/6/2016)

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Voir aussi: Requiescant in pace

 

Orlando, la fragilité de l'Islam et notre responsabilité


Robi Ronza
14 juin 2016
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Après l'atroce massacre d'Orlando - une cinquantaine de personnes exterminées à la mitraillette dans un local fréquenté par les homosexuels -, la machine à attribuer ipso facto ce crime à l'"homophobie" s'est immédiatement mise en mouvement, mais on a vu que cela ne fonctionne pas. Instantanément, le journal télévisé de RAI2 s'est jeté dedans tête baissée, mais même la Repubblica a laissé tomber. Aux Etats-Unis, elle a presque immédiatement été abandonnée.

L'attention du proverbial "homme de la rue" s'est en effet tout de suite concentrée non pas sur ce que l'on appelle l'orientation sexuelle des victimes, mais sur le lien avec le terrorisme islamiste que le meurtrier, Omar Mateen, citoyen américain d'origine afghane, a revendiqué la veille du massacre dans un appel téléphonique à la police.
La question non résolue de la fragilité de l'Islam face aux défis du monde moderne est venu une nouvelle fois tragiquement sous les projecteurs, occultant toute autre question potentielle.

La majorité des observateurs est d'accord pour considérer que l'épisode va jouer en faveur de Trump, qui , comme on le sait, répète que s'il est élu, il a l'intention entre autre de bloquer l'immigration musulmane aux États-Unis. Au-delà de cet aspect spécifique de la question, qui en tant que non-américains ne nous concerne qu'indirectement, le massacre d'Orlando mène également à des réflexions beaucoup plus larges.

Aux États-Unis, la facilité de se procurer des fusils d'assaut et d'autres armes de guerre contribue sans aucun doute à aggraver le phénomène, mais le fait est que d'un bout à l'autre de l'Occident industrialisé, où la vie de tous les jours est aujourd'hui infiniment plus paisible que dans le passé, trop souvent nous assistons à des explosions de rage meurtrière. Bien entendu, ce n'est pas au meurtre en tant que tel - lequel malheureusement, jusqu'à la fin de l'histoire, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre - que nous nous référons ici, mais à la fureur de celui qui prétend résoudre son propre malaise en s'auto-investissant du rôle de justicier. Et qui souvent, ensuite, après avoir tué, se tue, comme pour effacer la réalité.
Dans un pays comme le nôtre, l'indisponibilité des armes réduit le nombre des victimes: Dieu merci, nous n'avons pas les conditions en quelque sorte «techniques» pour un massacre comme celui d'Orlando (ndt: mais en France, où nous sommes dans les mêmes conditions "techniques" que les italiens, les tueurs du Bataclan ont bien réussi à se procurer des armes... et les preuves ne manquent pas de la présence de véritables arsenaux - clandestins, cela va sans dire - dans certaines zones dites de non-droit). Cependant, la graine de cette folie est la même.

Il y a donc quelque chose de pathétique dans la revendication de la culture progressiste américaine, dévotement reprise par la majorité des correspondants à New York et Washington de nos journaux et nouvelles télévisées, que la solution du problème serait de bloquer la vente d'armes à feu. On peut dire la même chose, par analogie, de la prétention du progressisme italien (ndt: ou français!) de résoudre tout avec une nouvelle loi (..)
Il devrait au contraire être évident qu'en amont de chaque déclencheur spécifique, le problème-clé est l'incapacité actuelle de l'Occident en terme d'éducation, entendant par là l'école, mais pas seulement l'école.

Aujourd'hui, en effet, dans le bien et dans le mal, une grande partie des contenus proposés dans l'apprentissage parcourt d'autres itinéraires. Par ailleurs, l'incapacité dont nous parlions n'est pas seulement de méthode, mais de substance. Bien loin de ce qu'elle revendique, la pensée dominante de l'Occident contemporain - c'est-à-dire, au niveau haut, la culture post-Lumières et au niveau bas, l'hédonisme de masse - n'a plus rien à dire aux nouveaux pauvres de notre temps lesquels, qu'ils soient autochtones ou immigrés, ne rencontrent trop souvent sur leur chemin rien qui soit humainement fascinant et intéressant.

Le principe de l'autodétermination comme seule «vérité»; l'équivalence de tous les choix de vie; la prétention néo-autoritaire selon laquelle si tu n'es pas d'accord avec moi, alors tu me détestes (qui est à la base de l'équivoque de l'"homophobie"): tous les piliers de la culture de masse dominante, non seulement n'attirent pas mais au contraire scandalisent les nouveaux arrivants et leurs descendants. Ce qui reste de la mémoire familiale et historique aide peut-être les autochtones à comprendre que l'Occident n'est pas réduit à cela, mais c'est un antidote qui, par définition, n'atteint pas les nouveaux arrivants.

Dans le cas des descendants d'immigrés musulmans, la retombée dans des formes de fondamentalisme et de terrorisme islamiste est en réalité principalement le résultat de l'absence sur leur parcours d'autres propositions éducatives.
En tant que chrétiens, tout cela nous interroge très directement. Sans contrevenir à l'obligation du devoir de secourir, mais aussi au droit de déterminer dans quelle mesure l'obligation d'un accueil sine die découle du devoir de secourir, nous avons le devoir précis de ne pas nous auto-censurer.

Dans l'immédiat, la paix civile doit être défendue, mais à long terme, elle doit être construite culturellement, en donnant d'abord des réponses aux grandes questions sur le sens de l'existence. Mais ensuite, il y a la question de savoir qui a les moyens de le faire. Étant entendu que toute personne de bonne volonté doit faire sa part, les gens de foi ont une forte responsabilités spécifique, dont malheureusement ni l'Église en tant que telle, ni les chrétiens en tant qu'individus et en tant que communautés, ne tirent les conséquences de manière appropriée.