Pas de barrette pour Mgr Léonard


Réflexion en marge du prochain consistoire: "l'héroïque prélat belge" se voit refuser la pourpre, qui en revanche est immédiatement concédée à son falot (mais très progressiste) successeur à la tête du diocèse de Malines-Bruxelles (24/10/2016)

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Nouveaux cardinaux : les choix idéologiques du Pape (10/10/2016)

Le cardinalat de Mgr De Kesel, qui continue de susciter beauoup d'émoi en Belgique et à l'étranger, est un démenti cinglant aux bonnes âmes et autres "normalistes" aveuglés par leur "fidélité" au Pape, qui justifiaient le refus de celuic-ci d'attribuer la barrette à Mgr Léonard par sa volonté de valoriser les "périphéries" au détriment des grandes métropoles traditionnellement cardinalices: il est désormais clair que ce qu'il faut bien appeler un affront au prélat belge n'est nullement fortuit, mais au contraire bien prémédité, purement idéologique, et, très emblématique des voies empruntées aujourd'hui par la "Nouvelle Eglise".

Mon amie belge Isabelle a traduit un article paru dans le Katholiek Nieuwsblad (Pays-Bas), qui reprend un autre article du site LifeSiteNews.

Ci-dessous: Une image terrible de Mgr Leonard agressé par les femen en avril 2013 (d'autres ici: www.lacapitale.be)


Sous n’importe quel autre pape, Mgr Léonard aurait été cardinal


Le refus obstiné d’accorder la barrette rouge à Mgr A.-J. Léonard continue de faire des vagues et de causer scandale au plan international, alors que c’est son successeur qui, à peine arrivé à Malines-Bruxelles, sera créé cardinal au consistoire de novembre 2016. Les commentateurs sont unanimes à voir dans cette décision du Saint-Siège un nouveau camouflet à l’égard d’un des prélats les plus remarquables de l’Europe et une basse vengeance de la part du cardinal Danneels.

Mgr Léonard, grande figure intellectuelle et pasteur infatigable, est ainsi le premier archevêque-primat de la Belgique à n’avoir pas été élevé à la dignité cardinalice, depuis l’indépendance du pays. Après le 80e anniversaire de son prédécesseur, Mgr Léonard fut évincé à deux reprises (en 2014 et en 2015) des créations de cardinaux. En 2015, sa démission canonique pour raison d’âge fut acceptée avec un empressement inusité.

Rappelons que Mgr Léonard avait été nommé, en 2010, au siège métropolitain de Malines-Bruxelles, sur l’instance expresse et personnelle du pape Benoît XVI, qui avait justement écarté la candidature de Mgr De Kesel, défendue âprement par le cardinal Danneels et le nonce Mgr Rauber. Celui-ci s’était d’ailleurs plaint publiquement du choix de Benoît XVI et, en récompense de cette faute déontologique majeure, fut créé cardinal par le pape actuel.

Quant à Mgr De Kesel, personnage fade, sans charisme et dépourvu d’envergure intellectuelle, on chercherait en vain ses titres et mérites ; il n’a ni l’autorité morale, ni le verbe, ni le courage pour participer au débat public ou pour défendre avec conviction la foi en Jésus-Christ. Mais visiblement, pour s’attirer les faveurs du pape régnant, il suffit d’être le protégé du cardinal Danneels (grand électeur de Saint-Gall) et avoir donné des gages d’«anti-léonardisme», en détruisant la florissante Fraternité sacerdotale des Saints-Apôtres. Pour ce qui est précisément des vocations, la ligne pastorale de Mgr De Kesel porte déjà ses fruits : 0 (zéro) nouveau séminariste pour Malines-Bruxelles, à la rentrée de septembre 2016.

Aussi bien, en cette fin de l’année de la miséricorde, le prochain consistoire signera le dernier épisode d’une histoire de rancune, de jalousie et de revanche …

Mais après tout, le titre de cardinal n’a jamais été un brevet de sainteté.

(Isabelle)

Le refus de la barrette rouge à Mgr Léonard continue de susciter des remous à l’étranger


Katholiek Nieuwsblad
22 octobre 2016

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« L’héroïque et fidèle archevêque émérite de Malines-Bruxelles est le premier titulaire de ce siège, depuis bientôt deux siècles, à se voir refuser l’honneur du cardinalat », commente LifeSiteNews. Et que son successeur, le libéral De Kesel, à peine nommé, se voie conférer la pourpre ressemble à une cinglante humiliation du prélat conservateur Léonard, par laquelle Rome entend signifier la nouvelle ligne de L’Eglise. Un des premiers actes de gouvernement posés par Mgr De Kesel comme archevêque fut la dissolution de la fraternité florissante des Saints-Apôtres, fondée par Mgr Léonard en 2013 (6 prêtres et 21 séminaristes).


Une citation qui vient à point nommé
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D’après le commentateur Jan Bentz (LifeSiteNews), Mgr Léonard devait être un candidat tout désigné pour l’honneur du cardinalat, vu l’importance du siège qu’il occupait et la fidélité qui caractérisait son ministère : « Sous n’importe quel autre pape, ce prélat héroïque aurait été créé cardinal ». L’auteur cite un passage d’un livre d’entretiens de Mgr Léonard qui vient de paraître sous le titre Un évêque dans le siècle, mais dont la rédaction est évidemment antérieure à l’annonce du consistoire fin 2016 :

« Comme je lui demandais si d’être privé de la ‘pourpre cardinalice’ ne l’avait pas blessé, il m’a répondu ceci: ‘Blessé, c’est beaucoup dire. Mais cela m’a surpris, parce que c’était une tradition de deux siècles. Il y a eu beaucoup d’archevêques de Malines qui n’ont pas été cardinaux, par le passé, mais, depuis deux siècles, c’était devenu une espèce de tradition. … C’est délicat de le dire moi-même, mais beaucoup l’ont dit à ma place: sur le plan pastoral, sur le plan intellectuel, j’ai fait un travail qu’assez peu d’archevêques ont accompli. Sur le plan intellectuel, il y a eu Dechamps à Malines qui était un très bon philosophe, un apologète également. Pour ma part, j’ai accompli la tâche d’une manière plutôt originale. Un de mes évêques auxiliaires a d’ailleurs osé écrire que j’étais le premier archevêque de Malines à avoir visité entièrement le diocèse. Il salue aussi mon travail sur le plan intellectuel. Bref, cela m’a surpris, cela m’a déçu un peu, mais j’ai rebondi facilement. »

Cette citation a été reprise sur le blog In caelo et in terra, puis sur le site LifeSiteNews.


Un témoin indéfectible
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« Même si Bruxelles est tombée aux mains de De Kesel, un protégé du tristement célèbre Danneels, l’archevêque Léonard peut s’enorgueillir de laisser un héritage impressionnant. Savant philosophe et spécialiste de Hegel, il fut membre de la Commission théologique internationale et à ce titre expert auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi », poursuit Bentz. « En même temps, il a toujours été sur la scène publique un témoin indéfectible de la foi et de la morale. »


Un cas d’abus sexuel
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« Une de ses premières tâches fut d’affronter l’énorme crise des abus sexuels commis sous son prédécesseur, le cardinal Danneels. Au cours d’une vaste opération policière suite à des cas d’abus sexuel, on alla jusqu’à perquisitionner les bureaux de l’archeveché. Un volet de l’enquête concernait Roger Vangheluwe, évêque de Bruges, qui dut démissionner après avoir avoué qu’il avait abusé de son neveu, à l’époque où le cardinal Danneels était le primat de l’Église belge ».


Critiques
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Le Pape Benoît XVI manifesta dans une lettre, citée par Bentz, sa grande estime pour la manière dont Mgr Léonard avait géré la situation (2010). En même temps, Mgr Léonard a continué de défendre les points les plus contestés de la doctrine morale de l’Église, y compris en matière d’homosexualité et de contraception. Il s’attira ainsi les critiques aussi bien du vice-premier ministre Laurette Onkelinx (PS) que des militants homosexuels.

Ne pas se voiler la face
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Mgr Léonard a expliqué que, selon l’enseignement de l’Église, le SIDA n’est pas un « châtiment divin » mais que cette épidémie est plutôt une « sorte de justice immanente et pas du tout une punition ». Les homosexuels devraient admettre que la contamination peut être liée à leur comportement sexuel. En même temps, il a souligné que « les malades du SIDA méritent le respect et ne doivent subir aucune discrimination ».


Un état de développement inachevé
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Mais Mgr Léonard, toujours d’après Bentz, ne s’est pas laissé intimider par l’intolérance des activistes homosexuels. A plusieurs reprises il a parlé de l’homosexualité comme d’un « état de développement inachevé de la sexualité humaine, qui en contredit la logique interne. » Ces paroles claires et sans ambiguïté lui valurent de tomber sous le coup de la législation belge de 2003 sur la non-discrimination, pour « homophobie ».

L’attaque de Femen
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Bentz rappelle également les images des activistes dépoitraillées de Femen qui arrosaient Mgr Léonard, au moment où celui-ci était engagé, à l’Université Libre de Bruxelles, dans un débat philosophique avec le philosophe laïque Guy Haarscher sur « le blasphème et la liberté d’expression » (!). Le témoignage de Mgr Léonard était édifiant, note Bentz : « Durant toute l’attaque, l’archevêque demeurait recueilli dans la prière. »

Ainsi donc, conclut Bentz, pas de barrette cardinalice pour Mgr Léonard. Mais par son témoignage public et tout ce qu’il a fait dans l’exercice de son ministère, « Mgr Léonard a montré qu’il était prêt à verser le sang de son coeur pour la mission de l’Église. Il ne restera pas sans récompense ».
(Katholiek Nieuwsblad / LifeSiteNews)