Une autre interview du cardinal Burke


Cette fois, il répond au questionnaire serré d'Edward Pentin. Il ne cache pas son soutien à Trump, et est convaincu qu'il défendra la vie (11/11/2016)

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Le cardinal Burke défend Donald Trump


Cardinal Burke:
La victoire de Trump, un appel à se réveiller adressé aux leaders politiques américains


Edward Pentin
www.ncregister.com
9 novembre 2016
Ma traduction

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Dans une interview au "Register", le 9 novembre, le patron de l'Ordre Souverain de Malte a dit qu'il était confiant que Trump serait capable d'aider à guérir les divisions dans le pays, qu'il a une «grande disposition» à écouter la position de l'Église sur la loi morale, et il espère qu'il va «suivre les principes et les exigences de notre Déclaration d'indépendance et de la Constitution». Toutefois, conscient des inévitables zones de divergence avec l'enseignement de l'Eglise, le cardinal Burke a souligné l'importance pour les catholiques de continuer à faire connaître leurs objections chaque fois que nécessaire .


- Votre Eminence, quelle est votre réaction à la nouvelle de l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis?
« Je pense que c'est un signe clair de la volonté du peuple. Je comprends que le taux de participation a été plus fort que d'habitude, et je pense que le peuple américain s'est réveillé sur la situation vraiment grave dans laquelle se trouve le pays à l'égard du bien commun, les biens fondamentaux qui constituent le bien commun, que ce soit la protection de la vie humaine elle-même, l'intégrité du mariage et de la famille ou la liberté religieuse. Qu'un candidat comme Donald Trump - qui était complètement hors du système normal de la politique - pauisse être élu est une indication que nos dirigeants politiques doivent écouter plus attentivement les gens et, à mon avis, revenir à ces principes fondamentaux qui protègent le bien commun, qui ont été si clairement énoncés lors de la fondation du pays dans la Déclaration d'indépendance et dans la Constitution.»

- Vous diriez que la majorité silencieuse a parlé?
« Oui, cela est clair.»

- Certains appellent cela une occasion en or pour l'Eglise, notamment en raison de la position de Trump sur les questions de la vie et de la liberté religieuse.
« Exactement; ce qu'il a dit sur les questions pro-vie, les questions relatives à la famille ainsi que les questions relatives à la liberté religieuse montre une grande disposition à entendre l'Église sur ces questions et à comprendre que ce sont fondamentalement des questions de loi morale, et non pas des questions de confession religieuse. Ce sont des questions de loi morale, que la religion dans le pays, comme les Pères fondateurs l'ont compris dès le début, est destinée à défendre. Le gouvernement a besoin de l'aide d'un leadership religieux afin de se réclamer d'une norme éthique.»

- Pensez-vous qu'il est sincère quand il parle de ces questions? Récemment, par exemple, certains se sont inquiétés de ce qu'il agitait un drapeau arc-en-ciel pro-homosexuel lors d'un meeting.
« Bien sûr, après une élection, c'est la grande question: le candidat sera-t-il fidèle à sa parole, réussira-t-il? Nous devons espérer et prier pour qu'il le fasse. Une chose que j'ai entendu dire de lui, c'est qu'il a tendance à s'entourer de conseillers très solides, et j'ai confiance qu'il le fera.»

- Il a nommé 34 catholiques éminents lors de la campagne pour le conseiller sur les questions de l' Église.
« Oui, certains d'entre eux sont bien connus de moi, et ce sont des gens très fins. C'est un signe d'espoir.»

- Son élection signifie aussi qu'il est pratiquement inévitable que le mandat de contraception que l'administration Obama a essayé d'imposer à EWTN (Eternal Word Television Network, chaîne de télévision américaine catholique) et à d'autres organisations catholiques sera annulé.
« Je l'espère, parce que c'est certainement une question de droit fondamental de la conscience. Je suis convaincu qu'il va aborder les nombreux problèmes moraux posés par le mandat sur les soins de santé (Obamacare) qui a été poursuivi au cours de ces huit dernières années.»

- A l'approche de l'élection, 35 catholiques éminents ont signé une lettre ouverte avant qu'il soit nommé, disant que Trump est «manifestement inapte à être président des États-Unis». Ils ont dit: «Sa campagne a déjà conduit notre politique vers de nouveaux niveaux de vulgarité. Ses appels aux craintes et aux préjugés raciaux et ethniques sont offensants pour toute sensibilité véritablement catholique. Il a promis d'ordonner au personnel militaire US de torturer des terroristes suspects et de tuer les familles des terroristes - actions condamnées par l'Eglise, et politique qui fait honte à notre pays». Les catholiques se ont-ils encore ces inquiètudes?»
« Certes, nous devons y être attentifs, comme nous le serions pour tout président américain, et être attentif en insistant sur ce qui est moralement juste. Mais je pense qu'un catholique pouvait, en bonne conscience, voter pour Donald Trump parce que, dans tout ce qu'il a dit, il y avait au moins un espoir de faire progresser en quelque sorte le bien commun de la nation. Mais sur ces questions discutables, quand on vote en conscience pour un candidat dont on ne partage pas tous les principes moraux, mais certainement de très importants parmi eux, alors on clarifie ses objections sur les positions que le candidat peut avoir, qui ne sont pas correctes.»

- Mais sur un principe-clé, celui de la vie, bien qu'il y ait eu quelques préoccupations antérieures (il avait été pro-avortement dans le passé), il semble avoir raison?
« Oui, sur la question de la vie, il a raison sur la question de l'argent.» [le cardinal veut sans doute dire sue Trump ne veut pas que l'avorteement soit financé sur fonds publics]

- Qu'en est- il de l'immigration, où ses vues divergent avec la position commune prise par les évêques américains? François a également dit , dans des commentaires perçus comme une critique du projet de Trump de construire un mur à la frontière américano-mexicaine pour empêcher les immigrants illégaux, que nous devrions construire des ponts plutôt que des murs.
« Je ne pense pas que le nouveau président sera inspiré par la haine dans son traitement de la question de l'immigration. Ce sont des questions prudentielles - combien d'immigration un pays peut soutenir de façon responsable, également quel est le sens de l'immigration, et si les immigrés viennent d'un pays - des questions qui traitent principalement de la responsabilité de ce pays pour ses propres citoyens. Ce sont toutes des questions qui doivent être abordées, et, certainement, les évêques des États-Unis les ont abordées de manière cohérente, et je suis sûr qu'ils le feront aussi avec lui. Il a ces conseillers catholiques; et au moins certains d'entre eux, je le sais, sont très au fait de ces questions, et je ne peux pas imaginer qu'ils ne s'exprimeront pas.»
Un chrétien ne peut pas fermer son cœur à un vrai réfugié, c'est un principe absolu, il n'y a pas de doute à ce sujet, mais cela doit être fait avec prudence et vraie charité. La charité est toujours intelligente; elle exige de savoir: qui sont exactement ces immigrants? Sont-ils vraiment des réfugiés, et quelles communautés peuvent les soutenir?

- Quelle est votre opinion concernant d'autres accusations, de diviser, et d'abaisser le ton du débat politique et de la culture? Certains, en particulier dans la campagne Clinton, ont blâmé Trump à ce sujet.
« Je ne pense pas du tout cela. Je pense que la campagne elle-même, et cela signifie les deux parties, a contribué à cela, et je crois, de ce que je l'ai entendu dire, bien que je n'ai pas entendu son discours d'acceptation, qu'il travaillera à unifier le pays. Mais ce doit être une unité qui est sur une base solide, à savoir les principes moraux qui doivent guider la vie d'une nation. Donc, je crois qu'il va le faire. Je veux dire, il faut l'imaginer, il est pas un homme stupide; il se rend compte que c'est une chose de concourir pour la présidence, mais c'est une autre chose à devenir le président, et il aura certainement cela à l'esprit - la lourde responsabilité qu'il a, qui est sur ses épaules.»

- Une autre crainte qui a surgi pendant la campagne, accentuée par les adversaires de Trump, était que lui donner les codes nucléaires serait dangereux.
« Je n'ai pas peur de cela. Je pense que le nouveau président, dans la longue tradition des présidents américains, va suivre la voie de la coopération et de la communication avec les puissances étrangères, et je doute fortement qu'il pourra prendre la moindre mesure unilatérale qui mettrait en danger le monde. Je suis convaincu qu'il traitera avec d'autres pays sur la plus grande variété de questions de politique étrangère.»

- Dans l'ensemble, quels sont vos espoirs pour cette nouvelle présidence?
« J'espère que Trump va suivre les principes et les exigences de notre Déclaration d'Indépendance et la de la Constitution - certainement, qu'il se révélera être un bon président et guérira les divisions dans le pays (en fait, il a déjà dit que le moment est venu de ne plus diviser) et que, par conséquent, il y aura compréhension inconditionnelle, c'est-à-dire l'unité entre tous les citoyens américains.»