Une leçon de l'Histoire


Le Brexit s'arrête au mur d'Hadrien (26/6/2016)



L'Angleterre avant l'Angleterre, et l'Angleterre après le Brexit

Le Brexit s'arrête au mur d'Hadrien


Matteo Donadoni
26 juin 2016
www.campariedemaistre.com
Ma traduction

"Et maiores et posteros vestros cogitate".

(Pensez à vos ancêtres et à votre postérité)
(Tacite, Agricola)



Le mur d'Hadrien

«Matteo, mais qu'est-ce que tu fais?» - me dit ma femme, me trouvant tout ému dans l'extraordinaire jardin du musée archéologique de Vindolanda, en cette matinée fraîche mais ensoleillée du mois d'août anglais. Pétrifié, comme un buste romain, les larmes aux yeux, dans un sentiment infrangible, j'étais immobile devant une antique stèle de marbre qui récitait l'honneur, la peine, et la gratitude du Gouvernement britannique pour tous les légionnaires romains héroïquement tombés en défense de l'Angleterre. Aussi surréaliste que vrai.
Dans l'Agricola, Tacite relate la geste des soldats romains engagés dans la défense des frontières de ce qui était alors appelé Britannia, un territoire inaccessible soustrait aux tribus locales hostiles. Les féroces Pictes avaient fui, sans dommage ni bénéfices, à la fin du Néolithique.
Des années plus tard, alors que le territoire était désormais pacifié sous la bannière de Rome, commencèrent les travaux de construction d'un grand mur achevé vers 128 après JC par le gouverneur Aulus Platorius Nepos sous l'empereur Hadrien. Une oeuvre immense, dite Mur d'Hadrien, long de 120 km avec des murs hauts de cinq mètres qui coupait toute l'île d'est en ouest, en la divisant en deux parties, afin d'endiguer les incursions des barbares, qui furent contraints de se replier en Calédonie (aujourd'hui l'Ecosse). Nous ne le savons pas, nous ne nous en souvenons-nous plus, mais les Britanniques si. C'est, de ma part une façon d'approfondir à quel point, outre-Manche, ils raisonnent différemment de nous.

Si on regarde la carte, presque la division entre ceux qui ont voté Brexit ou Remain. A l'envers.

Mais comme des fleuves d'encre, avant que d'argent - et nous l'espérons, pas de sang - vont couler, je vais me limiter à cette réflexion brève comme le lancement d'un pilum romain. Moi aussi, à ma manière, je tiens aujourd'hui à remercier le courageux peuple britannique, pour avoir, sans coup férir, comme le dit Nigel Farage, mais d'un simple trait de plume, conquis son propre Independence Day.
Le 23 juin 2016 pourrait être la date du début pour recommencer, au moins à penser, que la liberté politique peut encore exister.
Aussi pour les arrière-petits-enfants de tous ces garçons qui reposent. Là-haut, au Mur.