Une révolution dans l'Eglise (suite)


Réflexion d'un religieux espagnol, fondateur des "Franciscains de Marie", le Père Santiago Martin (*), traduite par Carlota (21/3/2016)

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Une révolution dans l'Eglise.

(*) Nombreux articles de lui sur ce site ICI.

 

Ci-dessous le texte de la dernière intervention vidéo du P. Santiago Martín (fondateur des Franciscains de Marie) à propos de l’annonce du cardinal Kasper sur l’exhortation post-synodale sur la famille attendue ces jours-ci.
L’intervention du P. Santiago Martín a été retranscrite sur le blog hispanophone « La paciencia de Dios » La patience de Dieu, sous-titré d’une citation de G.K. Chesterton, «Chaque époque est sauvée par une petit poignée d’hommes qui ont le courage de ne pas être de leur temps». Une phrase qui correspond particulièrement à ce qui suit…
(Nota : J’ai mis en gras certaines phrases qui me paraissaient particulièrement importantes).

Original en espagnol: lapacienciadedios.wordpress.com
Ma traduction

(Carlota)

Tourner la page


Les dernières heures avant la signature par le Pape de l’exhortation apostolique post-synodale sur la famille, ont été le fidèle reflet de ce qui s’est passé dans l’Église durant les deux dernières années. Exactement comme au premier jour, les deux positions opposées se sont escrimées au moyen de leurs arguments, et se sont montrées confiantes que le Pape allait donner raison à chacune d’elles.

Tandis que le cardinal Müller exprimait dans son dernier livre la raison pour laquelle on ne peut pas donner la communion aux divorcés remariés, le cardinal Kasper profitait de l’invitation qui lui avait été faite dans le diocèse de Lucques/Lucca (ndt enToscane, Italie) pour affirmer : « D’ici peu de jours sortira un document dans lequel le Pape François s’exprimera définitivement sur les thèmes de la famille qui se sont opposés durant le dernier Synode, et en particulier sur la participation des fidèles divorcées remariés dans la vie active de la communauté catholique. Ce sera le premier pas d’une réforme qui fera tourner une page de 1700 ans à l’Église». « Nous ne devons pas répéter les formules du passé mais vivre notre temps et savoir l’interpréter », a ajouté le cardinal allemand.

Voilà où en sont les choses en ces jours prévus de la publication du document ecclésial le plus attendu de ces dernières décennies, et peut-être le plus controversé. Tous sont d’accord, le dernier mot revient au Pape, et comme disait le supérieur général des jésuite, le père Nicolás, le Synode a laissé au Souverain Pontife la porte ouverte, mais maintenant, c’est lui qui doit dire de quel côté il passe la porte.

En tout cas, cela me fait beaucoup de peine que quelqu’un considère que c’est une bonne chose de « tourner la page » à presque toute l’histoire de l’Église, - depuis 1700 ans a dit Kasper, pour ne pas dire à toute l’histoire de l’Église, car durant les trois premiers siècles, l’Église vivait dans les catacombes et ce n’est qu’à partir de 313, avec l’Édit de Milan, qu’ont commencé les grands débats christologiques qui ont débouché sur les conciles successifs. 1700 ans, ou 2000 ans que nous jetons à la poubelle, comme si de rien n’était, comme s’ils n’avaient pas d’importance. Et avec les ans, mis aux rancards non seulement les principes théologiques, doctrinaux et moraux, mais aussi ceux qui nous firent chair et sang comme les saints. Ni Sainte Thérèse, ni Saint Ignace, ni Saint François, ni aucun des très nombreux grands, depuis les Pères de l’Église jusqu’au plus récents martyrs, n’ont rien à nous apprendre, nous qui, d’après les paroles du cardinal Kasper « ne devons pas répéter des formules du passé, mais vivre notre temps et savoir l’interpréter ». Et vivre notre temps, pour ce que l’on voit, c’est nous jeter dans les bras de l’idéologie du gender, de la dictature du relativisme, du politiquement correct, de la trahison absolue de tout ce que l’Église a enseigné et défendu durant toute son histoire, souvent au prix du sang. Et c’est ce qu’un cardinal dit et en plus, là, il ne se passe rien.

Je suis un pécheur. Je ne me sens pas meilleur que les autres et, bien sûr, je ne sens pas meilleur que le cardinal Kasper. J’ai besoin de la miséricorde de Dieu pour vivre dans l’espérance. Mais je ne veux pas interpréter le temps, comme dit le cardinal, pour qu’il me donne raison et me permette de faire ce que je veux. Je préfère être un pécheur qui sait qu’il est pécheur, qu’être quelqu’un qui se croit juste, mais qui est dans le péché. C’est la vérité qui nous rendra libres et, la première miséricorde que je veux recevoir de l’Église, c’est qu’elle me dise la vérité. Comme vais-je, si ce n’est pas le cas, demander pardon ? Et comment vais-je recevoir ce pardon si je ne le demande pas ? Et comment vais-je changer si je ne suis pas conscient que je suis en train de faire le mal ? Je ne veux pas que l’Église tourne la page et s’adapte au monde. Ce serait le pire qu’elle pourrait faire, en commençant par ce monde auquel elle serait supposée plaire, avec l’abandon de ce que le Christ a enseigné et qu’elle a enseigné depuis le début.