Vultum Dei quaerere


Une nouvelle constitution pour la vie religieuse féminine contemplative. Ou comment étouffer les ordres religieux "conservateurs". L'inquiétude d'Hilary White (31/7/2016)


Le 22 juillet, en la fête nouvellement instituée de Sainte Marie-Madeleine, a été publiée une constitution apostolique sur la vie contemplative féminine, intitulée Vultum Dei quaerere («La recherche du visage de Dieu»).

>>> Texte officiel: w2.vatican.va
Sur The Remnant, Hilary White explique toutes les inquiétudes que lui inspire ce document.

Nous avons déjà rencontré Hilary White dans ces pages, notamment dans ce témoignage impressionnant datant de la fin 2015 : "Pourquoi j'ai renoncé aux reportages" (cf. benoit-et-moi.fr/2015-II)
Elle parle ici de ce qu’elle connaît bien, pour le vivre de l’intérieur, étant elle-même depuis 2015 oblate bénédictine en Italie où elle vit (elle en parle ici sur son blog personnel ici)


Le printemps est fini, mesdames
Les plans de François pour les ordres religieux "néo-conservateurs"


Hilary White
The Remnant
23 juillet 2016
Traduction d'Anna


Le pape a publié de "nouvelles directives" pour les religieuses contemplatives, et a déclenché toutes mes alarmes, prolongées, hautes et terrifiantes comme une sirène antiaérienne. C'est probablement une des choses les plus sinistres que j'ai vues venir de Bergolio jusqu'ici, mais je pense que peu de gens comprendront combien c’est ou ce pourrait être grave.

Presque personne n'accorde la moindre attention aux religieuses cloîtrées. Une fois qu'elles sont dedans, le monde les oublie. Mais la vie religieuse contemplative est comme la mitochondrie de l'Église. La source d'énergie de la cellule qui fait fonctionner tous les autres systèmes. Les mitochondries sont les plus effacés parmi les organismes du corps, et pendant longtemps leur finalité n'a pas été pleinement comprise. Mais maintenant nous savons que nos vies dépendent de la santé de cette petite chose secrète et cachée. La maladie mitochondriale - lorsque la mitochondria cesse de fonctionner - est dramatique.

Je crois qu'une des causes principales du grand effondrement du catholicisme a été le torpillage de la vie religieuse. Et ne vous y trompez pas, c'était fait délibérément, sciemment et avec beaucoup de malveillance. Je crois que les deux choses qui devaient arriver afin que se produisent les résultats que nous avons vus, étaient d'abord l'attaque à la Messe et ensuite aux religieux. Il était nécessaire de boucher les deux grandes voies de la grâce dans les vies des fidèles, le Saint Sacrifice, et la vie consacrée à la prière et à la pénitence. Les deux ont été presque détruites par les révolutionnaires, et ce qui survit des deux est à présent sous une attaque renouvelée.

Examinons d'abord les sections pertinentes du document en question. Sous le titre Vultum Dei Quaerere, il a été publié aujourd'hui, Fête de Sainte Marie Madeleine. Comme l'a dit quelqu'un, "éliminé le sucre" il contient des éléments profondément préoccupants, si vous avez une idée du fonctionnement de la vie religieuse et des hommes qui en sont actuellement en charge.



Période de formation obligatoire: "pas moins de neuf ans"
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Tout d'abord, le document prescrit quelque chose qu'aucun pape n'avait jamais essayé de faire, exiger une période de temps uniforme pour la formation de toutes les communautés contemplatives, et une période qui est considérablement plus longue de celle qu'ont actuellement la plupart des communautés. C'est la première chose que j'ai entendue d'un contact à Rome qui m'a appelée ce matin pour demander quelle est la durée habituelle pour la formation. J'ai dit qu'elle varie d'un ordre à l'autre et d'une maison à l'autre, mais en général c'est six mois pour la postulation, deux ans pour le noviciat et puis trois pour les vœux "temporaires".

La tendance depuis les réformes Tridentines a été vers des périodes de préparation de plus en plus longues, et certains des ordres cloîtrés la prolongent jusqu'à sept ans.

Certains théologiens ont critiqué cette tendance, disant qu'elle est nuisible aux religieux et à la communauté du monastère.

Mais tout cela est terminé à présent. La Section 15 dit:

[Les monastères] assureront un accompagnement personnalisé des candidates et favoriseront pour elles un parcours de formation adapté, étant bien entendu que pour la formation initiale et celle après la profession temporaire « on doit ménager un laps de temps suffisamment long» autant que possible non inférieur à neuf ans ni supérieur à douze ans.


Dans la longue histoire de la vie religieuse, l'Église a toujours sagement laissé les détails de formation à chaque communauté, compte tenu des normes générales. Le Droit Canon prescrit uniquement que le noviciat "comprenne une année canonique". La notion de "vœux temporaires" est nouvelle (c'est à dire qu'avant le XVe siècle vous prononciez juste vos vœux après le noviciat et c'était tout) et sa valeur est encore largement débattue. Une école de pensée affirme que des périodes aussi longues de permanence dans cette situation "temporaire" indéterminée dans un monastère est essentiellement déstabilisante aussi bien pour la personne que pour la communauté. La nouvelle règle de François signifie qu'il faudra un minimum de neuf ans ne serait-ce que pour savoir même si une religieuse restera dans la communauté.

C'est doublement significatif puisque de nos jours les monastères sont souvent de petits groupes et qu’il y a de nombreux offices dans un monastère qui ne peuvent pas être tenus par un moine ou une religieuse qui n'est pas pleinement engagé. Dans les monastères bénédictins, seules les religieuses pleinement engagées peuvent siéger au Chapitre ou dans un "conseil d'administration" (governing council). Seules les moniales pleinement engagées peuvent être élues abbesses ou prieures ou sous-prieures. Et même, à certains endroits, seules les religieuses pleinement engagées peuvent avoir une stalle permanente dans un chœur. On n'est tout simplement pas pleinement membre de la communauté jusqu'à la profession finale.

Il y a de nombreuses implications à cela, selon différentes perspectives, mais réfléchissez-y un moment. Certaines communautés contemplatives acceptent des femmes jusqu'à l'âge de 45 ans (Carmélites et Bénédictines en Angleterre et Visitandines partout). Une personne qui a une vocation "tardive" et entre à cet âge ne pourra même pas savoir si elle pourra rester, "brûler sa vie pour Dieu", jusqu'à 54 ans. Elle ne saura pas jusqu'alors si elle va même rester membre de cette communauté. Quel genre de préjudice cela apportera-t-il à l'équilibre intérieur et extérieur, cette composante majeure de la vie contemplative?

Pendant deux mille ans l'Église a compris que de telles règles doivent, dans le respect de la liberté chrétienne, être laissées aux choix de la communauté. Jusqu'ici, jusqu'à ce que le Pape François décide que toutes ces sœurs qui décident les choses pour leur communauté c'est juste un petit peu trop d'autonomie. Malgré tous les discours de François sur la "décentralisation" et la "synodalité", il est en train de devenir un des accapareurs de pouvoir les plus impitoyables et scandaleux de l'histoire catholique, piétinant les droits historiques des fidèles.


Fédérations: Autonomie? Quelle autonomie?
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29. Conscients que « personne ne construit l’avenir en s’isolant, ni seulement avec ses propres forces, mais en se reconnaissant dans la vérité d’une communion qui s'ouvre
toujours à la rencontre, au dialogue, à l'écoute, à l'aide réciproque », ayez soin de vous préserver « de la maladie de l'autoréférentialité » et protégez la valeur de la communion entre les différents monastères comme un chemin qui ouvre à l’avenir, en renouvelant et actualisant en ce sens les valeurs permanentes et codifiées de votre autonomie.

30. La fédération est une structure importante de communion entre les monastères qui partagent le même charisme, afin qu’ils ne restent pas isolés.
L’objectif principal des fédérations est de promouvoir la vie contemplative dans les monastères qui en font partie, selon les exigences du charisme propre, et assurer l’aide à la formation permanente et initiale, et aussi pour les nécessités concrètes par l’échange de moniales et le partage des biens matériels ; en fonction de ces buts, les fédérations devront être favorisées et multipliées.


Eh oui, l'objectif est clairement de pousser tout le monde dans une fédération.
La dernière section du document le dit explicitement: vous êtes dans une fédération à moins que le Saint Siège ne vous autorise à ne pas y être.

Art. 9 § 1. Tout d’abord, tous les monastères devront faire partie d’une fédération. Si pour des raisons particulières un monastère ne pouvait pas être fédéré, l’autorisation de ne pas appartenir à une fédération sera demandée, avec le vote du chapitre, au Saint Siège, qui est compétent pour étudier et décider de la question

Un ami à Rome, d'orientation "traditionnelle", qui est consultant théologique pour un certain nombre de groupes, tout en étant employé dans un bureau du Vatican, dit qu'il s'agit d'un "document centralisateur", visant à rediriger l'autorité des communautés indépendantes et autonomes vers Rome. Il dit qu'il est "axé surtout sur le renforcement des structures".

C'était aussi l'évaluation du magazine d'extrême-gauche The Tablet au Royaume Uni qui disait: "Ce document n'est pas la première action centralisatrice du Pape Jésuite en matière de religieux: en début d'année il avait décidé que les évêques doivent consulter le Vatican avant d'établir un ordre religieux diocésain."

En effet, la section des règlements est pleine de ces petites dispositions que pour telle ou telle exemption ou clause, l’approbation ou la permission doit être demandée à la Congrégation des Religieux. En voici une autre concernant le genre de clôture qu'une communauté désire avoir:

Art.10 §1. Chaque monastère, après un sérieux discernement et en respectant sa tradition propre et ce qu’exigent les Constitutions, demandera au Saint-Siège quelle forme de clôture il veut adopter, au cas où il demande une forme différente de celle en vigueur .

Et, bien entendu, une fois que vous avez révisé et adapté vos constitutions afin qu'elles soient en conformité avec le document, elles devront être jugées acceptables.

§ 2. Les articles des Constitutions ou des Règles de chaque Institut, une fois adaptés aux nouvelles dispositions, devront être soumis à l’approbation du Saint-Siège.


Comparons cette micro-gestion avec les paragraphes correspondants dans un des principaux documents qu'il abroge, Verbi Sponsa (1999).
[Il y a] des différences intéressantes dans la formulation.
Verbi Sponsa aussi a une note sur le changement de forme du cloître:

« Toute adaptation des formes de séparation d'avec l'extérieur doit être faite de telle sorte que " soit toujours maintenue une séparation matérielle" et elle doit être soumise à l'approbation du Saint-Siège.» (n. 11)

Différence subtile mais importante du "demander au Saint Siège quelle forme de cloître il souhaite adopter…". L'ancien paradigme présumait que les monastères examineraient leurs besoins et décideraient ce qu'ils voulaient, et ensuite demanderaient l'approbation. Dans le paradigme bergoglien, vous commencez par demander au Saint Siège "quelle forme de cloître" vous voulez adopter, et ensuite vous apprendrez à l'aimer.

Mon ami commente : « À court terme, cela sera probablement problématique pour les communautés plus petites et pour ceux qui veulent démarrer des communautés…En particulier, les groupes ayant des liens avec des institutions religieuses plus larges comme les groupes franciscains, ayant des affiliations plus lâches avec les "familles" religieuses plus importantes, verront probablement des tentatives de les faire conformer aux institutions plus larges… De nouveaux groupes - des gens, disons, qui veulent être Dominicains, ou Passionistes - auront beaucoup plus de mal à démarrer, à moins qu'ils aient envie d'adopter l'état d'esprit des institutions plus larges ».

Pour le moment, presque toutes les fédérations existantes de tous les ordres sont du type Vatican II résolument libérales, sinon "ultra-libérales". Cela signifie en bref que si vous voulez fonder une nouvelle maison bénédictine qui soit selon les lignes de Fontgombault ou Le Barroux ou Clear Creek, vous allez avoir vraiment beaucoup, beaucoup de mal. Et il sera encore plus difficile de déplacer une maison existante qui fait partie d'une de ces fédérations loin des courants libéralisants et désacralisants. Si vous êtes dans une maison existante mais que vos tendances hippies (flower-power trendies) se sont éteintes et vous voulez revenir à des habitudes traditionnelles, Latin, Chant grégorien, vous n'avez pas de chance.

Mon contact a été très spécifique sur cela, disant «En pratique, il semble que cela rendra presque impossible de démarrer un nouvel ordre de type "tridentin"».

On m'a demandé aujourd'hui, « Comment commencer un nouvel ordre, qui par définition est toujours petit et isolé, s'il doit faire partie d'une fédération dès le début?» Bonne question. Comment est-on censé faire avec ces règles? Évidemment, on n'est pas censé faire. C'est l'objectif de la chose, s'assurer qu'il y ait un "bouchon" ou un frein à ce qui est évidemment une tendance alarmante pour les hommes du Vatican bergoglien.

On a signalé que sous ce document, aucun des monastères ou communautés conservatrices ou "traditionalistes" qui fleurissent actuellement n’aurait pu être fondé. Cela inclut les Bénédictines de Marie Reine des Apôtres (Mary Queen of Apostles) dans le Missouri, particulièrement traditionalistes, ou des groupes plus généralement "conservateurs" (mainstream "conservative") comme les Sisters of Life (Sœurs de la Vie) de New York.


Un dispositif de veille automatique (deadman's switch)….
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Art. 8 § 1. À l’autonomie juridique doit correspondre une réelle autonomie de vie, ce qui signifie : un nombre minimum de sœurs pourvu que la majeure partie ne soit pas d’un âge trop avancé ; la vitalité nécessaire dans le vécu et la transmission du charisme ; une réelle capacité de formation et de gouvernement ; la dignité et la qualité de la vie liturgique, fraternelle et spirituelle ; la pertinence et l’insertion dans la vie de l’Eglise locale ; la possibilité de subsistance ; une structure adaptée des bâtiments du monastère. Ces critères sont à considérer dans leur globalité et dans une vision d’ensemble.
§2. Si les exigences ne sont pas remplies pour une réelle autonomie du monastère, la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Société de Vie Apostolique étudiera l’opportunité de constituer une commission ad hoc formée de l’Ordinaire du lieu, de la Présidente de la fédération, de l’Assistant fédéral et de l’Abbesse ou de la Prieure du monastère. En tout état de cause, une telle intervention aura comme objectif de mettre en route un processus d’accompagnement pour une revitalisation du monastère, ou pour engager sa fermeture.


Et pas de sournois recrutements en provenance d'autres Pays…

Art.1 § 6. Même si les constitutions des communautés internationales et multiculturelles manifestent l’universalité du charisme, on doit absolument éviter le recrutement de candidates venant d’autres pays dans le seul but de préserver la survie du monastère. Des critères seront établis pour en assurer l’application.

C’est le couperet pour presque tous les monastères en Italie. Ce Pays a la plus grande concentration au monde de maisons religieuses contemplatives, et presque toutes sont constituées d'une, deux ou trois Italiennes âgées, le reste de la population étant des Philippines, des indiennes ou des africaines. Si vous allez naviguer sur internet en langue italienne et cherchez "monache benedettine" vous trouverez cette composition dans presque chaque maison dans le pays. Le recrutement dans d'autres Pays a été la seule raison pour laquelle les monastères en Italie sont encore ouverts.

Cet ensemble de dispositions donne à la Congrégation pour les Religieux, actuellement présidée par un homme qui hait la vie religieuse traditionnelle et la Sainte Foi Catholique, tout le pouvoir dont il a besoin pour commencer simplement d'un bout de la botte et progresser à coups de hache, fermant presque chaque maison dans le Pays.

Par ailleurs, cette petite note sur "la pertinence et l’insertion dans la vie de l’Eglise locale" est plus importante qu'elle n’y paraît. S'insérer "dans la vie de l'Église locale" signifie que vous ne devez pas scandaliser le curé local Novus Ordo et son petit groupe de dames dominatrices du conseil paroissial. Cela signifie que si vous voulez du Latin, vous devez vous assurer que l'"Église locale" est d'accord. Si par exemple ce n’est pas le cas, cela signifie qu'un monastère qui veut avoir la Vieille Messe en aura la possibilité uniquement si l'idée est approuvée par l'"Église locale", c'est à dire les paroisses Novus Ordo dans les environs.

Or, avant que tout le monde ne commence à se plaindre et gémir, je pense vraiment que c'est un bon signe pour diverses raisons. D'abord, l'état lamentable de la vie religieuse est quelque chose qui ne peut pas être guéri aussi longtemps que l'Église continue de préserver cette fausse pseudo-religion au sein de ses institutions. La vie religieuse a été un des remparts les plus importants contre cette nouvelle pseudo religion, "Novusordoïsme", néo-modernisme, Vaticandeux-isme… peu importe le nom. Les monastères ont adopté le nouvel ordre, et ceux qui ont survécu en ont été corrompus à différents degrés. Plus on oblige rapidement les religieux à choisir entre l'extinction et revenir à la vraie Foi, entre le couperet d'un Vatican prêt à détruire complètement la Foi et se réformer, mieux ce sera. De toute façon c'est nous qui y gagnons.

L'idée qu'un homme comme le cardinal João Braz de Aviz soit autorisé par le pape à sillonner la botte italienne et fermer tout monastère qui ne lui plait pas semble effroyable si vous ne comprenez pas la réalité de la vie dans les monastères italiens. J'ai eu une conversation aujourd'hui avec un prêtre qui est proche d'une religieuse dans un monastère de Rome. Elle voulait démarrer un nouveau monastère qui n'autoriserait pas la télévision. Elle a dit, "Toutes les sœurs italienne regardent deux fois par jour les feuilletons de la RAI", la chaine publique laïque". Cette sœur n'a pu trouver que quatre candidates disposées à réformer leur vie et revenir à une vie religieuse fervente, dévote et traditionnelle. J'ai dit à mon ami, "La raison pour laquelle votre amie n'a pu trouver de vocations est que ses exigences étaient catholiques et elle cherchait des candidates dans une population qui est devenue radicalement dé-catholicisée."

La vie religieuse italienne meurt de l'intérieur de l'infection fongique provoquée par la nouvelle religion. La ferveur n'est vraiment pas quelque chose qu'on trouve aux quatre coins de l'Église italienne Novus Ordo. Franchement, c'est trop tard pour l'élagage.

Deuxièmement, il est clair que c'est une réaction contre la montée de nouvelles communautés "conservatrices" attachées à la tradition. Cela semblerait une mauvaise chose en apparence, mais réfléchissez-y un moment. Pourquoi une telle réaction se produirait-elle contre ces hommes s'il n'y avait pas quelque chose à quoi s'en prendre? La promulgation de ce document, destiné comme il est à étouffer cette relance, signifie qu'un renouveau est vraiment en acte…Il vise à suffoquer les pousses. Cela signifie que l'Hiver de Cent Ans (l'hiver sans fin instauré par la Sorcière Blanche dans le Pays de Narnia de C.S. Lewis, ndt) montre les signes du printemps. C'est la meilleure nouvelle que j'ai entendue de toute la semaine.

Le document, en somme, est une tentative pour barrer des voies d'opposition (et d'évasion) au nouveau paradigme que François et ses amis ont œuvré à installer dans l'Église, et pour bétonner la nouvelle direction ultra-libérale et, selon les mots de son lieutenant le Cardinal Maradiaga, pour faire en sorte que ses changements ne puissent jamais être défaits. La restructuration permanente de fond en comble de toute l'Église, l'instauration d'un paradigme radicalement différent, a été l'objectif dès le début.

Le régime est en effet tellement déterminé à s'assurer qu'il n'y ait pas de doutes à la modification de la vie contemplative, que François a affirmé dans le texte que ce document prévaut même sur le Droit Canon. Il précise que tout canon qui "contredit directement un article quelconque de la présente Constitution" sera abrogé.

Et ne croyez pas qu'ils aient fini avec ce document; une de ses clauses est que nous devons attendre un document législatif directement de la Congrégation des Religieux qui donne des précisions sur comment les religieuses doivent "réviser" leurs constitutions pour se conformer à cette nouvelle législation.

Qu'est-ce qu'on fait? Depuis un certain temps, je n'ai pas soutenu l'idée d'un renouveau général de la vie religieuse dans toute l'Église. Beaucoup de capital émotionnel a été investi en de petites pousses qui surgissent ici et là, et elles sont indéniablement un bon signe. Mais un renouveau de la vie religieuse dans toute l'Église, dans toutes ses formes, ne sera pas possible jusqu'à ce qu'il y ait un renouveau de la Foi dans l'institution, jusqu'à ce qu'en somme Rome revienne à la Foi de nos pères. Jusqu'alors chaque petite pousse sera vulnérable aux aléas capricieux des évêques et de leurs maîtres dans le Vatican.

J'ai une idée si quelqu'un est intéressé. Je crois que la seule manière pour que la vie contemplative - les mitochondries du Corps du Christ - soit préservée à travers la tempête qui vient est la même que celle dont on dit que les mammifères ont survécu à l'astéroïde qui a anéanti les dinosaures. Je parle de groupes si petits, flexibles et adaptables qu'ils ne peuvent pas nous trouver et nous écraser.

C'est la solution de guérilla de la Chrétienté souterraine. Les prières sous la persécution sont plus puissantes que toute autre sorte; en effet, toute notre civilisation s'est fondée sur elles. Il semblerait que Dieu nous prépare pour exactement ce genre d'éventualité. Et nous devons nous souvenir que ce n'est pas la liberté civique, ni même ecclésiastique et sa promotion qui provoquent l'épanouissement de la vie religieuse et même de la vie spirituelle laïque mais la grâce de l'Esprit Saint.

Pensez-y: pour les vœux privés on n'a pas besoin d'approcher un évêque, ils peuvent être prononcés directement chez un prêtre ou un abbé. On n'a pas besoin d'être reconnus par un évêque sous le canon 603 pour vivre la vie d'ermite laïque sous la supervision et l'obéissance à un abbé ou un prieur ou même un simple curé. Aucun évêque n’a besoin de rien en savoir. En fait, cette supervision privée est quelque chose que personne sauf les sœurs et leurs directeurs doivent connaître. Elles peuvent être les ninjas de prière contemplative de l'Église Catholique. Et compte tenu du don de l'internet nous pouvons disséminer le remède partout.