Foules pour le Pape: Benoît vs François


Pour expliquer la chute de participation aux évènements impliquant le Pape, tous les arguments sont bons, pour les habituels "pompiers" de service, y compris des comparaisons indûes avec Benoît XVI: Massimo Introvigne "s'invite" donc chez Sandro Magister. Les arguments imparables de mon amie Raffaella (12/1/2016)

>>> Ici, l'article de Settimo Cielo avec la lettre d'Introvigne.



Les chiffres fournis par la préfecture de la maison Pontificale (PMP) sur l'affluence aux rencontres avec le Pape n'en finissent pas de faire des vagues, tels qu'ils sont relayés par Sandro Magister et Antonio Socci, notamment.
Dernier épisode, sur son blog en italien "Settimo Cielo", le premier accorde ce qu'il faut bien appeler un droit de réponse au "grand" sociologue des religions, l'inventeur génial de la formule "l'effet François", et surtout depuis mars 2013 l'inlassable paladin et l'admirateur inconditionnel du Pape, Massimo Introvigne (on relira à ce sujet l'article de Fr Hunwicke, au sujet des "ultramontains").
Ce dernier commence sa longue lettre au "cher Magister" par un récapitulatif du nombre des participants à TOUTES les rencontres à Rome avec le Pape - donc pas seulement les audiences du mercredi - fournies par la PMP. entre 2008 et 2015/
Les voici (les chiffres de 2010, pour une raison quelconque, n'ont pas été fournis):

Il en ressort(irait) que la chute entre 2013 et 2015 reste relative, et que même dans sa moins bonne année, François surclasse(rait) encore Benoît XVI (bien que les photos disent toute autre chose!).
Du reste, Introvigne le souligne de façon bien peu élégante, après avoir invoqué pour 2015 l'excuse des craintes d'attentat (dont Socci a fait justice, en comparant avec les chiffres record de visiteurs pour la Rome Antique): «Les chiffres nous disent que le Pape François attire plus de fidèles à Rome que le Pape Benoît XVI», avant de concéder du bout des lèvres que «cela ne dit rien sur la qualité de son magistère».
Ouf! Nous sommes soulagés.
Je n'ai pas été plus loin, n'ayant pas le courage de me plonger dans l'avalanche de chiffres et de considérations "scientifiques" censée impressionner le profane par leur technicité et leur érudition (disons que j'ai déjà donné, au moins jusqu'en 2013!).

Sandro Magister relève par ailleurs, dans un préambule à la lettre de son confrère, que:

Comme prémisse à l'étude de l'affluence aux rencontres avec le Pape, je considère comme plus adaptés à la comparaison, parce que récurrents d'année en année de façon plus régulière, les chiffres des audiences du mercredi et de l'Angélus, plutôt que ceux des audiences spéciales et des célébrations liturgiques, bien plus discontinues, mais incluses elles aussi dans les chiffres globaux.
Pour s'en tenir malgré tout aux données globales, il est utile d'ajouter à ceux mentionnés par Introvigne également les chiffres des trois années précédentes (tiens... pourquoi cet oubli d'Introvigne?), les premiers du pontificat de Benoît XVI, dont l'un est plus élevé que le chiffre de 2015:

>| 2005 - 2.855.500
>| 2006 - 3.222.820
>| 2007 - 2830000

LES CONTRE-ARGUMENTS DE RAFFAELLA
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La lettre d'Introvigne n'a pas plu davantage à Raffaella qu'à moi, et comme elle a fait, entre 2008 et 2013, un travail considérable de documentation sur le sujet des participations aux rencontres avec Benoît XVI à travers les chiffres "officiels" de la PMP, elle est mieux placée que quiconque pour formuler un avis argumenté.
Dans un article d'aujourd'hui intitulé ""QU'ON N'UTILISE PAS BENOÎT XVI POUR JUSTIFIER LES FLOP, OU ATTÉNUER L'INQUIÉTUDE ACTUELLE À CAUSE DES CHIFFRES DÉCEVANTS" , elle remarque à juste titre que:

«Benoît XVI n'a jamais eu et N'A TOUJOURS PAS "bonne presse" et pourtant la Place [Saint-Pierre] était toujours remplie. Souvent, le jour de l'Epiphanie, les Rois Mages ne pouvaient pas atteindre la crèche car il y avait trop de foule. Le pontificat actuel est exalté par tout le monde. Comment cette chute est-elle possible? Telle est la question à se poser, sans appeler à la rescousse celui qui ne peut même pas se défendre. Même sa démission n'a pas suffi! Ratzinger doit toujours et en toutes circonstances servir de paratonnerre aux autres. Cela suffit!»


Elle conclut en renvoyant le lecteur à une rubrique qu'elle avait ouverte en 2009, sous le titre "INCOHÉRENCE DES DONNÉES STATISTIQUES" où elle relevait l'incongruité des chiffres de participation aux rencontres avec le Pape Benoît, à travers une série de témoignages et d'analyses personnelles au jour le jour, et d'articles de presse qui confirment ses propres observations (cf. benedettoxvielencospeciali.blogspot.it). Parmi ces derniers, on retrouve les signatures de bons observateurs comme Salvatore Izzo et Andrea Gagliarducci.

Parmi les témoignages personnels de Raffaella, en voici un, particulièrement significatif, qu'elle nous livre en novembre 2009, alors que la PMP venait de publier les chiffres de 2008:

Le chiffre qui saute instantanément aux yeux est celui de l'Angélus du 20 Janvier 2008: la préfecture calcule 150 mille présences [pour janvier 2008], mais ce chiffre est manifestement erroné, et en contradictionn flagrante avec ce que le directeur adjoint de la salle de presse, le père Ciro Benedettini, avait déclaré justement le 20 janvier 2008 lors du fameux "Angelus de réparation" après la honteuse affaire de la Sapienza.
A cette occasion, la salle de presse déclarait que la gendarmerie du Vatican (pas la préfecture!) avait estimé à 200 mille les présences à l'Angélus du 20 Janvier.
En conséquence, le chiffre de la Préfecture qui donne 150 mille pèlerins pour les Angélus de l'ensemble du mois de Janvier 2008 est incohérent et manifestement faux!
De l'incongruité de ce cas, nous avons la preuve par A + B, mais d'autres erreurs ne sont pas à exclure...


Au final, cette synthèse, que Raffaella nous rappelle aujourd'hui, est un document précieux qui mériterait une ample diffusion... ne serait-ce que pour apporter des contre-arguments au rouleau compresseur du sociologue Introvigne et de ses semblables.


Ce qui nous empêche pas, évidemment, d'être bien conscients que sur sa "montagne", Benoît XVI est bien au-dessus de toutes ces bassesses qui le poursuivent pourtant encore à trois ans de son retrait.