La belle foi de Benoît


Présentation par Peter Seewald à Milan de ses "Dernières conversations" avec Benoît XVI (26/10/2016)

>>> Dossier:
Dernières conversations avec Peter Seewald

>>> Images ci-dessous: www.vdj.it




Un lecteur m'informe d'un article publié sur le site <Terre de Compassion> , rapportant l'unique présentation en Italie (à Milan) par Peter Seewald le 21 octobre dernier de son livre interview avec Benoît XVI "Dernières conversations".
L'article s'inspire d'un autre, paru sur le site de Communion et libération <Tracce>.
Pour ne pas faire double emploi avec un travail déjà (très bien) fait, et très complet, je propose à mes lecteurs ma propre traduction de l'article en italien, qui diffère légèrement de celui de <Tracce>.
Sous une forme ou l'autre, c'est un magnifique hommage à notre cher Benoît.

La belle foi de Benoît


Luca Fiore
21/10/2016
tracce.it

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Hier, l'auteur de «Dernières conversations», Peter Seewald a présenté à la Cattolica [l'Université] sa longue interview avec le pape émérite: une «promenade» dans la «vie d'un géant de la pensée, mais avec une simplicité contagieuse». Le récit de la soirée.


«En le rencontrant, on a la sensation d'avoir en face de soi d'un homme qui vit déjà, en partie, dans l'autre monde. Quand, récemment, je lui ai demandé s'il était content de célébrer ses quatre-vingt dix ans, il a répondu: «Oh, non, j'espére que non».
Quand il raconte Joseph Ratzinger, Peter Seewald, journaliste au Spiegel, au Süddeutsche Zeitung Magazine et à Stern [il y a longtemps!], sait restituer cette alchimie de profondeur et de légèreté qui caractérise le discours et la personne du pape émérite.

Hier, 20 Octobre, dans l'Aula Magna de l'Université Cattolique du Sacré Coeur de Milan, Seewald a tenu l'unique présentation publique en Italie de «Dernières conversations», son dernier livre interview avec Ratzinger (le quatrième, le deuxième depuis son élection à la Chaire de Pierre).
Lors de la rencontre, organisée par le Centre culturel de Milan, le journaliste allemand a également révélé le message arrivé au couvent Mater Ecclesiae (habitation du pape émérite), depuis la résidence Sainte Marthe: le Pape régnant a remercié son prédécesseur et présenté ses compliments. Il l'avertit seulement d'une erreur: «Ce ne devrait pas être les dernières conversations ....»

Don Stefano Alberto, modérateur de la rencontre, demande comment est né ce livre et Seewald admet qu'avec la démission du 11 Février 2013, il était convaincu que là s'arrêtait sa carrière d'intervieweur papal et que s'ouvrait le temps bien mérité de la retraite. C'est l'éditeur allemand qui a insisté pour qu'il revienne sur le "thème Ratzinger" avec un livre biographique. Ainsi, les visites au Vatican ont recommencé. Pourtant, le pape ne voulait pas qu'une biographie soit publiés, mais il a accepté, non sans une certaine insistance de la part du journaliste («J'avais en main un livre historique, il n'était pas juste que le monde ne le connaisse pas»), pour que ces conversations soient publiées alors qu'il est encore en vie. Il a posé une seule condition: qu'il y ait l'approbation de François.

«Je m'étais rendu compte que s'était propagée une image de Ratzinger et de son pontificat qui allait à l'encontre de la vérité historique. On a dit que le choix de l'élire aurait été une erreur, et sa démission soudaine une confirmation de ce fait».
Pour Seewald la thèse est non seulement fausse, mais aussi dangereuse: «Elle empêche d'accéder à son message».
Du récit du journaliste, le Pape Benoît émerge comme un géant de la pensée, dont l'oeuvre théologique avant l'élection aurait suffi pour le faire entrer dans l'histoire. Mais même son pontificat a connu un succès extraordinaire et, pourquoi pas, de la popularité (pensons au tirage astronomique de ses encycliques).

«C'est un livre très personnel, peut-être trop» explique le journaliste: «Je n'avais pas l'intention de parler du magnifique théologien et du grand intellectuel, pour cela, j'ai écrit trois autres livres. Je voulais approcher cette personnalité si charismatique: capable, d'un côté, de se sentir prêt à faire quelque chose que personne n'a jamais fait, de l'autre de se montrer une personne vraiment humble».
Oui, parce que Joseph Ratzinger, dit Seewald, n'a jamais entendu la vie «comme une carrière, mais comme un chemin».

Don Stefano Alberto loue le courage de l'intervieweur d'avoir indiqué Benoît XVI comme «le pape de Jésus»: «C'est le premier pape qui nous a laissé un livre justement sur Jésus de Nazareth, montrant que, sans le lien avec cette présence réelle, la joie n'existe pas».

Sa foi catholique, explique le journaliste, «est extrêmement belle: poétique et musicale. Il y a une musicalité intrinsèque à son langage, qui donne une signification à ses paroles. Benoît possède une capacité de composition impressionnante: ses mots n'arrivent pas seulement à la tête, mais touchent aussi le cœur».
Et encore: «Dommage que vous n'ayez pas eu ma chance de le rencontrer aussi souvent et de faire l'expérience de la sainteté qu'il exprime d'une manière si simple et contagieuse. Avec lui, on s'amuse, on rit beaucoup».

«Quiconque lit ce livre se trouve immergé dans le bonheur et la paix », observe don Stefano Alberto.
Seewald lui fait écho: «A la fin de sa vie, il reste le grand penseur et le maître, mais il conserve la foi d'un enfant, il répond à l'invitation de l'Evangile de conserver le cœur des enfants»

«Ce livre est une promenade dans la vie d'une personne qui n'a pas d'équivalent et qui a porté la foi à son accomplissement», conclut le journaliste: « Benoît est du catholicisme pur. Aujoud'hui, en cette période historique dans laquelle nous ne savons pas où nous allons, c'est un livre auquel nous pouvons nous accrocher. Benoît XVI est la pierre sur laquelle construire l'Eglise de demain».