L'agneau des sept sceaux


Un passage magnifique de la lettre de Benoît XVI à l'Eglise qui est en Chine, en 2007, où il cite l'Apocalypse de saint Jean: "l'histoire demeure incompréhensible, indéchiffrable. Personne ne peut la lire" (8/2/2017)

La conférence tenue par Mgr Gänswein la semaine dernière pour la présentation du livre de Marco Mancini "Un Pape total" a heureusement rappelé à notre souvenir la "puissante" lettre de Benoît XVI aux catholique chinois, écrite en 2007. Injustement passée inaperçue à l'époque, sans que cela étonne: rien de ce que faisait Benoît XVI ne trouvait grâce aux yeux du monde - que ce soit les médias, les politiques ou les gens d'église.
C'est une occasion de la découvrir (ici: www.vatican.va), particulièrement au moment où François accorde une interview à un quotidien chinois en langue anglaise, tenant des propos «frénétiquement absolutoires du passé, du présent et du futur de la Chine, exhortée à être "miséricordieuse envers elle-même" et à "accepter son chemin tel qu'il a été" comme "l'eau qui coule" et purifie tout, même ces millions de victimes que le pape ne nomme jamais, même de façon voilée» (voir l'article de Sandro Magister).
Pour rafraîchir ma mémoire, j'ai cherché dans les archives de mon site... où j'ai trouvé un seul article, dans lequel je me limitais à relever les passages de la lettre qui m'avaient particulèrement touchée.

Benoît XVI, s'adressait sur un ton paternel, empreint d'une profonde humanité et d'une touchante affection au «petit troupeau présent et agissant dans le vaste territoire d'un Peuple immense qui marche dans l'histoire»:

«(...) comme elles résonnent pour toi, encourageantes et provocantes, les paroles de Jésus: "Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume (Lc 12, 32)!".... Vous êtes le sel de la terre, ... la lumière du monde».

Il insistait sur la nécessité du pardon, reconnaissant par la même occasion, les souffrances infligées aux catholiques:

«L'histoire de l'Église nous enseigne aussi qu'une authentique communion ne s'exprime pas sans un effort douloureux de réconciliation... La purification de la mémoire, le pardon de ceux qui ont fait le mal, l'oubli des torts subis et la pacification des cœurs dans l'amour, qui sont à réaliser au nom de Jésus crucifié et ressuscité, peuvent exiger le dépassement de positions ou de visions personnelles issues d'expériences douloureuses ou difficiles, mais ce sont des pas qu'il est urgent d'accomplir pour accroître et manifester les liens de communion entre les fidèles et les Pasteurs de l'Église en Chine».

Mais je voudrais surtout souligner à nouveau ici un passage splendide, à méditer aujourd'hui, non seulement pour les persécutions que subissent toujours les chrétiens dans différentes parties du monde, mais pour la situation... spéciale que vit l'Eglise juste en ce moment:


La Parole de Dieu nous aide, une fois encore, à découvrir le sens mystérieux et profond du chemin de l'Église dans le monde. En effet, l'une des principales visions de l'Apocalypse a pour objet l'Agneau en train d'ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n'était en mesure d'ouvrir. Jean est même présenté en train de pleurer, car il n'y avait personne digne d'ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4).
L'histoire demeure incompréhensible, indéchiffrable. Personne ne peut la lire. Peut-être ces pleurs de Jean devant le mystère de l'histoire si obscur expriment-ils le trouble des Églises en Asie devant le silence de Dieu, malgré les persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque.
C'est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi devant les graves difficultés, les incompréhensions et les hostilités dont souffrent également aujourd'hui les Églises dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l'Église n'a certainement pas méritées, pas plus que Jésus lui-même n'a mérité son supplice. Elles révèlent cependant la méchanceté de l'homme quand il s'abandonne aux suggestions du mal, comme aussi la manière dont Dieu mène supérieurement les événements ».