Les deux séismes durant le Pontificat de Benoît


En 2009, dans les Abruzzes et en 2012, en Emilie-Romagne. Superbe (et désabusée) réflexion de Raffaella, que je partage entièrement (28/8/2016)

>>> Sur mon site
:
¤ Le tremblement de terre de juin 2012, en Emilie-Romagne
¤ Le tremblement de terre d'avril 2009 dans les Abbruzzes (et les polémiques sordides ICI et ICI)

>>> Raffaella avait de son côté exploré de façon absolument exhaustive la presse de l'époque, consacrant à chacun des séisme un dossier très complet, qu'elle évoque ci-dessous:
¤ Onna et L'Aquilà
¤ Emilie-Romagne


Le Pape à Onna, le 28 avril 2009, l'un des villages les plus touchés par le séisme des Abruzzes

Benoît XVI, un pontificat marqué par des polémiques cruelles, stériles et inutiles


Raffaella
29 août 2016

* * *

J'ai vu hier à la télévision les funérailles des victimes du tremblement de terre qui a frappé l'Italie centrale. On ne peut pas rester indifférents à cette douleur, difficile à comprendre et impossible à supporter.
Il m'est venu à l'esprit les visites de Benoît XVI à Onna, et à L'Aquila, et dans les zones touchées par le séisme en Emilie-Romagne.
Je ne peux pas oublier la proximité du pape aux victimes des deux tremblements de terre qui ont frappé l'Italie en 2009 et 2012.
Je ne peux pas oublier les signes tangibles de la proximité de Benoît XVI à l'Aquila (comme l'envoi de dons, de l'huile sainte, des calices et l'annonce de la visite deux jours après le tremblement de terre!), ainsi que le grand geste d'envoyer le secrétaire d'Etat célébrer les obsèques de plus de trois cents victimes et surtout la grande délicatesse d'envoyer son secrétaire personnel, Mgr Georg Gänswein visiter les camps de tentes et, ne l'oublions pas, lire un message personnel du Saint-Père lors des funérailles (vidéo).

Je me souviens des étreintes et du grand réconfort apporté par le Pape lors de ses visites dans les Abruzzes et en Émilie-Romagne.
Je ne peux pas oublier la robe blanche maculée de boue lors de la visite à Onna, l'émotion en rencontrant les survivants, la douleur ressentie devant les décombres de la "maison des étudiants" et l'hommage à Célestin V (triste, très triste présage... ).
Mais je ne peux pas oublier non plus les polémiques stupides et stériles que certains "plaisantins" se sont permis de faire à l'époque. Il y en a même qui ont dit que le Pape aurait dû se rendre immédiatement à L'Aquila (certainement inconscients de la gêne qu'une telle visite aurait causée en un moment si délicat quand tout le monde était occupé à chercher des survivants dans les décombres ou à récupérer les corps des victimes ).
Que de polémiques! Inutiles! Stériles! Puériles! (ndt: non, en ce qui concerne le dernier qualificatif. Elles étaient voulues, montées de toutes pièces et foncièrement vicieuses).
Ces jours-ci pas une voix ne s'est élevée allant dans le sens des mêmes reproches insensés.
Ah, oui ... tout a bien changé depuis 2009!
Et aujourd'hui, pas une seule allusion au fait qu'aux funérailles d'hier il n'y avait même pas un représentant du Vatican, et que pas le moindre message n'a été envoyé. Et pas seulement: il n'y a même pas eu l'annonce d'une visite - alors que le pape Benoît avait fait l'annonce quarante-huit heures après le tremblement de terre (1)
Cela vaut mieux ainsi! Ces polémiques ne font du bien à personne.
Les journalistes auront-ils appris de leurs erreurs? Allons donc!
C'était le Pape, CE Pape, qui dérangeait. Quoi qu'il fît, ce n'était jamais assez.
Désormais, nous avons compris que les présumées erreurs de communication ou les naïvetés (ou autre) des collaborateurs d'un Pontife n'avaient rien à voir
, aussi parce que dans les derniers mois, des erreurs de communication, il y en a eu pléthore, et il ne s'est rien passé.
Quand les médias décident de démolir quelqu'un, ils le font , peu importe ce qu'il fait. De l'autre côté quand ils décident de glorifier quelqu'un, ils le font , peu importe ce qu'il ne fait pas.
Mais laissons tomber ... continuons à prier pour les victimes du tremblement de terre comme le Pape Benoît le fait sûrement.

Ici la playlist (youtube) avec les cinq vidéo consacrées à la visite de Benoît XVI dans les Abruzzes: https://youtu.be.

* * *

(1) Il semble que l'annonce ait finalement été faite. Après mûre réflexion et sans doute avoir lu les critiques.

 


Et pour conclure par autre chose que des images, même si celles-ci disent beaucoup, voici le discours plein d'émotion que le Saint-Père avait prononcé à Onna, le 28 avril 2009 (ma traduction d'alors):

Chers frères et soeurs !

Merci pour votre accueil, qui m'émeut profondement.
Je vous embrasse tous avec affection au nom du Christ, notre solide Espérance.
Je salue votre Archevêque, le cher Mgr Giuseppe Molinari, qui comme pasteur a partagé et partage avec vous cette dure épreuve; à lui va mon remerciement pour les mots touchants et pleins de foi et de confiance évangélique par lesquels il s'est fait l'interprète de vos sentiments. Je salue le Maire de l'Aquila [énumération de toutes les personnes et organisations] ... et toutes les Autorités civiles et militaires : la Protection Civile, les Pompiers, la Croix rouge, les Équipes de Secours, et tant de volontaires de beaucoup de différentes associations. Les nommer tous me serait difficile, mais à chacun, je voudrais faire parvenir un mot spécial d'appréciation. Merci de ce que vous avez fait et surtout de l'amour avec lequel vous l'avez fait. Merci de l'exemple que vous avez donné. Allez de l'avant, unis et bien coordonnés, afin que puissent se réaliser dès que possible des solutions efficaces pour ceux qui aujourd'hui vivent dans les tentes. Je le souhaite de tout coeur, et je prie pour cela.

J'ai commencé ma visite par Onna, très fortement frappée par le séisme, pensant aussi aux autres communautés frappées.
J'ai dans le coeur toutes les victimes de cette catastrophe : enfants, jeunes, adultes, personnes âgées, qu'ils soient abruzziens ou d'autres régions d'Italie ou même de nations différentes.
De m'arrêter dans la Basilique de Collemaggio, pour vénérer la dépouille du saint Pape Celestin V, m'a donné l'occasion de toucher de la main le coeur blessé de cette ville. J'ai voulu rendre un hommage à l'histoire et à la foi de votre terre, et à vous tous, qui vous identifiez avec ce Saint. Sur son urne funéraire, comme Monsieur le Maire l'a rappelé, j'ai laissé en signe de ma participation spirituelle le Pallium qui m'a été imposé le jour du début de mon Pontificat. En outre, il a été pour moi très touchant de prier devant la Maison des étudiants, où plusieurs jeunes vies ont été brisées par la violence du séisme. En traversant la ville, je me suis rendu encore plus compte combien graves avaient été les conséquences du tremblement de terre.

Me voici maintenant ici, dans cette Place sur laquelle se dresse l'École de la Garde de Finance (les Douanes), qui pratiquement depuis le premier instant fait fonction de quartier général de toute l'oeuvre de secours. Ce lieu, consacré par la prière et par les pleurs pour les victimes, constitue comme le symbole de votre volonté tenace de ne pas céder au découragement. « Nec recisa recedit » : la devise du Corps de la Garde de Finance, que nous pouvons admirer sur la façade de la structure, semble bien exprimer ce que le Maire a défini comme la ferme intention de reconstruire la ville avec la constance caractéristique de vous autres abruzziens. Cette vaste place, qui a reçu les corps des nombreuses victimes pour la célébration des obsèques présidées par Cardinal Tarcisio Bertone, mon Secrétaire d'État, rassemble aujourd'hui les forces engagées pour aider l'Aquila et les Abruzzes à renaître vite des décombres du tremblement de terre.
Comme l'a rappelé de l'Archevêque, ma visite au milieu de vous, par moi désirée dès le premier instant, veut être le signe de ma proximité à chacun de vous et de la solidarité fraternelle de toute l'Église. En effets, comme communauté chrétienne, nous constituons un seul corps spirituel, et si une partie souffre, toutes les autres parties souffrent avec elle ; et si une partie s'efforce de se relever, toutes participent à son effort.
Je dois vous dire que des manifestations de solidarité me sont parvenues pour vous de partout dans le monde. Des nombreuses hautes personnalités des Églises Orthodoxes m'ont écrit pour assurer leur prière et proximité spirituelle, envoyant aussi des aides economiques.

Je désire souligner la valeur et l'importance de la solidarité, qui, quoique se manifestant particulièrement dans les moments de crise, est comme un feu caché sous la cendre. La solidarité est un sentiment hautement civique et chrétien et mesure la maturité d'une societé. Elle se manifeste en pratique dans l'oeuvre de secours, mais elle n'est pas seulement une efficace machine d'organisation : il y a une âme, il y a une passion, qui dérivent vraiment de la grande histoire civile et chrétienne de notre peuple, soit qu'elle se produise dans les formes institutionnelles, soit dans le volontariat. Et à cela aussi, aujourd'hui, je veux rendre hommage.

Le tragique évènement du tremblement de terre invite la Communauté civile et l'Église à une profonde réflexion. Comme chrétiens nous devons nous demander : « Que veut nous dire le Seigneur à travers ce triste évènement ? ». Nous avons vécu la Pâque en affrontant ce traumatisme, en interrogeant la Parole de Dieu et en recevant la crucifixion et la résurrection du Seigneur comme une nouvelle lumière. Nous avons célébré la mort et la résurrection du Christ, portant dans l'esprit et dans le coeur votre douleur, priant pour que ne s'évanouissent pas chez les personnes frappées la confiance en Dieu et l'espérance. Mais même comme Communauté civile, il faut faire un sérieux examen de conscience, pour que le niveau des responsabilités, à tout instant, ne soit pas occulté. À cette condition, l'Aquila, même blessée, pourra reprendre son vol.

Je vous invite maintenant, chers frères et soeurs, à tourner le regard vers la statue de la Madone de Roio, vénérée dans un Sanctuaire qui vous est très cher, pour Lui confier, à Notre-Dame de la Croix, la ville et tous les autres pays touchés par le tremblement de terre. À Elle, la Madone de Roio, j'offre une Rose d'or, comme marque de ma prière pour vous, tandis que je recommande à sa maternelle et céleste protection toutes les localités frappées.

Et maintenant prions :

O Marie, notre Mère très aimée!
Toi qui es près de nos croix,
comme tu restas auprès de celle de Jésus,
soutiens notre foi, afin que, bien qu'accablés de douleur,
nous conservions le regard fixé sur la face de Christ
en qui, dans l'extrême souffrance de la croix,
s'est montré l'amour immense et pur de Dieu.
Mère de notre espoir, donne-nous tes yeux pour voir,
au-delà de la souffrance et de la mort, la lumière de la résurrection;
donne-nous ton coeur pour continuer,
même dans l'épreuve, à aimer et à servir.
O Marie, Madone de Roio,
Notre-Dame de la Croix, prie pour nous !