Les progrès de l'oecuménisme


Reprise: en pleine actualité, une lettre du cardinal Ratzinger à la «Theologische Quartalschrift», revue trimestrielle de théologie de Tübingen, écrite en 1986 (12/2/2016)

 
Dans la perspective de l'avenir, il me semble important de reconnaître les limites de «l'œcuméne contractuel» et ne pas en attendre plus que ce qu'il peut donner: un rapprochement sur des aspects humains importants, mais pas l'unité elle-même.
Il me semble qu'on aurait pu éviter certaines désillusions, si tout avait été clairement présent depuis le début.
Ainsi, au contraire, beaucoup, après les succès des premières années post-conciliaires, ont conçu l'œcuménisme comme une tâche diplomatique selon des catégories politiques. De même qu'on attend de bons intermédiaires qu'ils parviennent au bout d'un certain temps à un accord acceptable pour tous, on a aussi pensé que l'on pouvait attendre cela de l'autorité ecclésiastique en matière d'œcuménisme. Mais de cette façon, on demandait trop à cette autorité. Ce qu'elle a pu faire après le Concile se fondait sur un processus de maturation qui n'a pas été accompli par elle, mais qui avait juste besoin d'être traduit en ordonnancement externe de l'Eglise.

En 1986, le cardinal Ratzinger présentait ce texte avec sa modestie habituelle:

La «Theologische Quartalschrift» a publié en 1986, sous la direction du prof Seckler, un cahier sur l'état de l'œcuménisme. J'ai été aimablement invité à y participer. Cette lettre est ma tentative de réponse à l'invitation

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Après avoir réfuté un oecuménisme "contractuel" qui ne serait en fait que le résultat de démarches diplomatiques, le cardinal s'interroge sur une phrase mystérieuse de l'épître de Paul aux Corinthiens: "Il est nécessaire qu'il y ait des divisions parmi vous".
En réalité, nous ne connaissons ni le jour ni l'heure de l'unité pleine, elle est exclusivement affaire de Dieu.
Le seul but que l'homme peut poursuivre, c'est celui de "l'unité à travers la pluralité, à travers la diversité".
Et le cardinal conclut: "Je suis convaincu que - libérés de la pression de la réussite de nos énergies autonomes et de ses dates visibles et secrètes - nous arriverons au but de l'unité plus vite et plus en profondeur que si nous commençons à transformer la théologie en diplomatie et la foi en engagement"

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Lire ici ma traduction en français d'un texte éjà traduit en italien d'après la version originale en italien: benoit-et-moi.fr/2014-II-1/benoit/les-progres-de-loecumenisme.html