Vingt et un ans avec Benoît XVI


Mgr Gänswein a accordé une interview à un magazine italien... Pas de sccop, mais beaucoup de gens seront heureux d'avoir des nouvelles du Pape émérite (24/3/2016)

Mais ne surestimons pas la valeur de l'article, qui reprend et ré-accomode de nombreux éléments déjà publiés à plusieurs endroits depuis trois ans....




Dans la foulée, il est question d'une autre interview au magazine allemand people "Bunte" (propriété d'Hubert Burda), dont un journaliste (ou une équipe) s'est rendu(e) à Rome et dit avoir rencontré le Saint-Père (cf. ICI).

En attendant, Avvenire propose un résumé de l'interview de Georg Gänswein dans la revue italienne.

Notons que l'image de la "bougie qui s'éteint" (qu'on peut trouver, comme moi, parfaitement déplacée, et même choquante) n'est pas une nouveauté mais un marronnier, et il pourrait fort bien s'agir d'une invention journalistique. Je l'avais lue pour la première fois il y a un peu plus de trois ans, au moment de la renonciation du Saint-Père (c'était le titre donné par quelconque 'titriste' à un article de Marco Tosatti rapportant l'épuisement du Pape: voir ICI). A l'époque, à lire le titre au premier degré, on avait des sueurs froides. Trois ans après, on peut relativiser.

Vingt et un ans de collaboration avec Benoît XVI


23 mars 2016
www.avvenire.it
Ma traduction

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Une ample interview, celle que le préfet de la Maison pontificale et secrétaire du pape Benoît XVI a accordé à la revue "BenEssere - La salute con l'anima" (Bien-être - La santé avec l'âme) à paraître jeudi 24 mars, avec des photos inédites de ses excursions dans les montagnes des Abruzzes. «Je me tiens en forme avec des randonnées et des excursions dans le Velino ou le Gran Sasso» , dit Mgr Georg Gänswein, qui admet ses deux «faiblesses»: «J'ai un faible pour les gâteaux et j'ai une quantité limitée de patience. Mais je cherche constamment à me corriger».
Disponible et affable, Mgr Gänswein retrace ses 21 ans de collaboration avec le pape émérite, sans négliger la tristesse éprouvée pour «les accusations infondées contre le Pontife», et la stupéfaction pour la démission de Benoît XVI. Et il dit: «En Avril, le Pape Benoît XVI aura 89 ans: il est comme une bougie qui, lentement et sereinement, s'éteint comme cela arrive à beaucoup d' entre nous. Il est serein, en paix avec Dieu, avec lui-même et le monde. Il est intéressé par tout et conserve son humour fin et subtil, avec lequel il sait "donner du sel". Il a conservé une passion pour les félins. Dans nos jardins, vivent Contessa et Zorro, deux chats qui viennent souvent "saluer" le pape émérite».

L'archevêque allemand parle, pour la première fois, de son équilibre intérieur savamment trouvé entre le corps et l'âme: «Le vrai secret pour rester en forme est de vivre une vie ordonnée, à la fois physiquement et spirituellement, et d'avoir une boussole à suivre, avec toutes les difficultés et les échecs humains qui, bien sûr, existent».
Une fois par mois, avec quelques amis prêtres, il se rend dans les Abruzzes, pour faire des randonnées ou du ski.
Enfant, son rêve était de devenir comme Beckenbauer. Aujourd'hui où il a moins de temps pour faire du sport, il conserve toutefois ses enseignements: «Jouer en équipe vous enseigne l'importance des règles et la nécessité de les respecter».

Dans une série de déclarations à cœur ouvert, Mgr Gänswein ne cache pas non plus l'histoire de sa vocation. «Je n'ai pas eu une illumination particulière - confie-t-il - ça n'a pas été une révélation, un événement fulgurant. Jusqu'à 17 ans, je n'avais aucune idée de devenir prêtre. Après le lycée, j'ai senti le besoin de devoir trouver le sens de la vie. J'ai donc décidé d'étudier la philosophie et la théologie à l'Université. Puis, avec l'aide d'un prêtre, j'ai compris que la vie demande son prix et je suis entré au séminaire».
Jusqu'à 1995, quand au cours d'un petit-déjeuner au Collège teutonique de Rome, il fait la connaissance du cardinal Ratzinger: «C'était un jeudi matin, quand j'ai eu ma première rencontre "personnelle" avec le futur pape», se souvient - il. «Puis, vers la fin de 1995, il m'a demandé de devenir collaborateur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dont il était préfet. Depuis ce moment, je travaille avec Joseph Ratzinger».

Mgr Gänswein reparcourt ces 21 années et admet:«J'ai été attristé par les nombreuses attaques contre le pape Benoît XVI. Combien de fois ai-je dû entendre et lire que Ratzinger ne réagissait pas de manière satisfaisante contre la pédophilie, alors que ce fut lui, déjà en tant que cardinal, qui a commencé à la combattre. Combien de critiques, d'accusations sans fondement et de calomnies contre lui dans d'autres circonstances! Cela m'a fait mal. Puis, il y a eu l'affaire Vatileaks:. Je me suis senti personnellement atteint, parce que c'est moi qui avais accordé pleine confiance à une personne qui l'a trahi sans scrupules».

Cas unique dans l'histoire de l'Eglise, l'archevêque allemand coopère simultanément avec François et Benoît XVI.
D'eux, il dit: «Ils sont différents dans leurs caractères, leurs personnalités et même dans la façon dont ils communiquent. Pour moi, vivre avec François est un stimulus: il cherche un contact direct, même physique, caresse et se laissse caresser, surmontant ainsi les distances personnelles. Le pape Benoît, au contraire, est plus réservé: il caresse avec les mots plutôt qu'avec les étreintes. Ce sont deux personnalités différentes, mais la chose la plus importante est qu'ils sont tous authentiques, ils ne cherchent à "copier" personne».
Une dernière pensée sur le renoncement de Benoît: «Je le savais depuis longtemps, ce n'était pas une décision soudaine, mais mûrie graduellemnt et soigneusement. Pour moi, cela a été difficile de digérer cette décision et de garder le secret». Il a essayé de lui faire changer d'avis, il l'admet: «J'ai essayé de "ramer contre" et j'ai fait quelques propositions pratiques pour faciliter l'exercice de son ministère pétrinien. Mais je me suis rendu quand je me suis aperçu que Benoît ne m'avait pas confié une pensée hypothétique, mais une décision définitive».

Aujourd'hui, comment va Benoît? «C'est un vieil homme, certes, mais il est très lucide; malheureusement, la marche est devenue difficile, , pour cette raison, il utilise un déambulateur. Il maintient une correspondance assez ample, mais il n'écrit plus de livres, il se limite à dicter des lettres à son secrétariat. Volontairement, il mène une vie de moine, mais est loin d'être isolé: il prie, lit, écoute de la musique, reçoit des visites, joue du piano».