Aldo Maria Valli fait un bref historique de l’affaire, et souligne à quel point le malheureux cardinal a été la victime d’une campagne de diffamation et d’une chasse aux sorcières sans précédent. Mais « avec la prison, il a mérité la meilleure des promotions ecclésiastiques, approchant la condition originelle des apôtres dans les premières années de l’Église ».

La lettre de prison du cardinal Pell


Aldo Maria Valli
12 août 2019
Ma traduction

La « lettre de prison » écrite par le cardinal George Pell a fait sensation: le cardinal, qui est en prison pour abus sur mineurs, y exprime sa préoccupation pour l’avenir de l’Eglise, menacée, à son avis, par le prochain synode sur l’Amazonie.

Incarcéré à la prison d’évaluation de Melbourne, le cardinal australien est malgré tout bien informé des événements de l’Eglise et a ressenti le besoin de confier ses pensées à deux pages écrites. La date est celle du 1er août et la publication de la lettre, qui figurait sur la page Twitter « Cardinal George Pell Supporters« , un profil ouvert par les soutiens du cardinal, fait l’objet d’une enquête par le ministère de la Justice et de la Sécurité, pour vérifier comment il était possible de diffuser le texte, puisque les prisonniers ne sont pas autorisés à accéder à Internet et aux réseaux sociaux.

« Il y a de quoi être troublé par l’Instrumentum laboris du synode amazonien », écrit Pell, qui ajoute ensuite: « Ce n’est pas le premier document de basse qualité produit par le secrétariat synodal ».

En fait, le cardinal australien en sait quelque chose, puisque déjà à l’occasion du double synode sur la famille, il avait décidé de monter au créneau pour défendre la doctrine correcte.

« Amazonie ou pas Amazonie, dans aucune terre, l’Église ne peut permettre qu’une quelconque confusion, et encore moins un quelconque enseignement contraire, porte atteinte à la Tradition apostolique », affirme le cardinal, qui tient à répéter: « Un point est fondamental, la Tradition apostolique, l’enseignement de Jésus et des apôtres, tiré du Nouveau Testament et enseigné par les papes, les conciles et le Magistère, est le seul critère valable sur le plan doctrinal pour tous les enseignements relatifs à la doctrine et à la pratique ».

Dans la lettre, Pell mentionne aussi sa souffrance pour sa détention, remercie tous ceux qui lui ont envoyé des messages de solidarité et dit : « La conscience que ma petite souffrance peut être utilisée pour un bon objectif en union avec la souffrance de Jésus me donne un but et une direction ».

Pell purge une peine de six ans de prison, un verdict que beaucoup ont jugé scandaleux puisqu’il repose exclusivement sur le témoignage d’un présumé agresseur (l’autre est mort il y a des années d’une overdose) qui a raconté les violences sexuelles subies de la part du cardinal au milieu des années 90 dans la sacristie de la cathédrale St Patrick à Melbourne, immédiatement après une messe dominicale, dans des circonstances totalement invraisemblables.

Entré au tribunal avec les menottes aux poignets, le cardinal a été offert en pâture aux médias, comme un condamné déjà en partance vers sa peine. En réalité, un premier jury appelé à se prononcer sur l’affaire n’a pas été en mesure d’établir si les accusations étaient vraies ou fausses, tandis qu’un deuxième jury a rendu son verdict de culpabilité dans un climat de chasse aux sorcières.

La peine de six ans et demi de prison s’est donc ajoutée à la détention obligatoire, malgré l’âge avancé du cardinal.

Devant les juges d’appel, le procureur de la République n’a pas été en mesure d’expliquer comment l’archevêque de Melbourne, alors numéro un de l’Église catholique en Australie, a pu abuser de deux jeunes garçons dans la sacristie, encore revêtu des parements liturgiques, au milieu d’une quantité de gens et alors qu’il saluait (un fait confirmé par les intéressés) de nombreux fidèles. Le même juge a qualifié les circonstances décrites par les deux accusateurs de « hautement improbables ». Mais dès le début, il est devenu évident que Pell a été traduit en justice non pas tant par soif de justice que par désir de frapper l’Église.

Le procès contre Pell « a toute l’apparence d’un sacrifice sur les autels d’un vilain agenda politique », écrit Anna Silvas de l’Université de la Nouvelle-Angleterre.
La persécution contre le cardinal vient de loin, au moins depuis 1996, quand Pell refusa de donner la communion à un groupe de militants qui avaient organisé une manifestation « arc-en-ciel » pendant la messe dominicale. Le milieu homosexuel australien ne le lui a pas pardonné.

Anna Silvas écrit : « L’une des attaques les plus brutales contre le cardinal, ces derniers temps, a été celle de David Marr, un intellectuel engagé de la gauche australienne, homosexuel déclaré depuis longtemps, défenseur de la cause gay et anti-catholique viscéral ».

Mais Pell a longtemps été la cible de certains secteurs de l’Église australienne, qui l’accusent de conservatisme et d’avoir défendu l’encyclique Humanae vitae.

Nous-mêmes avons souvenir qu’en 2008, lorsque nous nous sommes rendus en Australie à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse avec Benoît XVI, le cardinal Pell était déjà l’objet de graves attaques de la part de secteurs ‘libéraux‘ et des catholiques progressistes.

Andrew Bolt, éditorialiste à News Corp Australia, dit que Pell a été victime d’une persécution judiciaire sans précédent : « Un homme a été déclaré coupable non pas sur la base des faits, mais en raison de préjugés ».

Miranda Devine, chroniqueuse dans plusieurs journaux australiens, parle à propos de Pell de verdict « dévastateur », fruit d’une « campagne de diffamation », mettant en doute à la fois l’impartialité du jury et la légitimité de certaines actions policières.

Il est probable, commente Anna Silvas, qu’avec la Prison Pell a mérité la meilleure des promotions ecclésiastiques possibles, approchant ce qui était la condition originelle des apôtres dans les premières années de l’Église.

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