Le film, (avec Anthony Hopkins dans le rôle de Benoît XVI!!) « qui offre un regard intime sur une période de tournant historique dans l’Eglise catholique » vient d’être présenté en avant-première au festival de Toronto. Il sortira en salle et sur Netflix en décembre. La bande-annonce laisse malheureusement présager une maladroite opération de propagande, et pire encore.

Voir aussi: « Les deux papes » au cinéma

La bande-annonce en français (qui diffère de celle en italien)


Le rédacteur des « Cronache di Papa Francesco » a vu la bande-annonce du film « Les deux papes » annoncé en France pour Noël.
Si on l’en croit, et malgré la date de sortie choisie, le film ne sera sans doute pas un cadeau.

Un des aspects les plus scandaleux de cette farce est que la bande-annonce affirme « d’après une histoire vraie »…. mentant ainsi depuis le début, dès lors que tout le contenu du film ne contient pas même un dialogue, pas même une phrase, entre Ratzinger et Bergoglio, qui ait jamais été dite en vrai….. Les deux sujets, dans la vie réelle, ne se sont jamais fréquentés et tous les dialogues sont construits à partir du néant, ils sont littéralement inventés pour donner vie à la farce. Si l’on voulait parler de « vraie » histoire, il fallait aller chercher le « Journal » du Cardinal Gottfried Danneels, et à partir de là expliquer – avec la vraie histoire – le rôle joué par Bergoglio dans le pré-conclave…… et ce qui s’est passé déjà depuis 2000 et ensuite en 2005 contre Ratzinger…

Cronache di Papa Francesco

En réalité, cette bande-annonce (il semble que la version italienne diffère sensiblement de celle française) fait penser à une grossière opération de propagande – une de plus… mais du fait de qui? Disons que les premières images laissent effectivement augurer le pire du pire. Au-delà de l’absence totale de ressemblance physique (à part la soutane blanche et la calotte, il n’y a vraiment rien en commun entre l’acteur et le personnage qu’il est censé incarner) voir Benoît XVI sous les traits d’Hannibal Lecter alias Anthony Hopkins a de quoi susciter sinon un sentiment de répulsion (c’est mon cas), du moins un vrai malaise – comme si une caricature maléfique et ricanante, s’était substituée au doux et pur Benoît.
La suite ne vaut pas mieux, avec une série d’images choisies pour présenter un Benoît XVI totalement déphasé, coupé du monde, avec ses mocassins rouges et sa collection de bagouses, à qui un Bergoglio cool et branché explique qui sont les Beatles.

Sur Campari & de Maistre, Paolo Filipazzi écrit:

Ayant visionné la bande-annonce, qui est de celles qui résument un film en rendant superflu d’aller le voir, non seulement l’attente est confirmée, mais elle est même renforcée par l’impression que tout a été confectionné avec une malice et une malhonnêteté intellectuelle qui n’essaie même pas de se cacher. Mais c’est justement pour cette raison qu’il vaut la peine d’en parler: en effet, si, d’un côté, nous nous trouvons face à un véritable manifeste de l’hybris consubstantielle au pontificat de Bergoglio tout entier, de l’autre, il est si éhonté qu’il trahit sa véritable nature.

La bande-annonce est un montage de scènes dans lesquelles Benoît XVI (pour l’interpréter, on a dérangé rien de moins qu’Anthony Hopkins) et le cardinal Bergoglio (avec l’acteur Jonathan Pryce) interagissent, suggérant entre les lignes l’existence d’une relation de confrontation constante qui, dans la réalité, n’a jamais existé. Le contraste entre les deux est ouvertement décrit. Évidemment, Ratzinger est toujours présenté dans une lumière crépusculaire et mélancolique, alors que Bergoglio a imprimé en permanence sur son visage un sourire éblouissant, tandis qu’il a l’intention de faire des choses comme se promener en vélo et en serrer cinq à tous ceux qu’il rencontre ou regarder un match dans un bar.

(…) On connaît désormais bien les manoeuvres venant du Vatican et de milieux proches contre les méchants opposants à Bergoglio, si infâmes qu’ils exploitent Benoît XVI pour créer l’impression d’une opposition entre les deux qui en réalité n’existerait absolument pas.

Et puis voilà que sort ce film, et le voile de Maya de schopenaueresque mémoire tombe sur la réalité: que l’opposition entre les deux papes a été construite dès le premier moment de son pontificat par les partisans de Bergoglio; que l’appréciation du pape actuel a sa raison même d’exister dans l’hostilité envers son prédécesseur; et que le message de rupture, jamais formulé verbalement, a cependant été donné sans équivoque par l’Argentin à travers une série de symboles très clairs, commençant avec le choix des chaussures.

La bande-annonce continue avec de la propagande pure, se concentrant entièrement sur la promotion de Bergoglio comme une figure positive en tant qu’anti-Ratzinger.

L’ultime sursaut consiste en Ratzinger-Hopkins qui déclare, sarcastique: « Il y a un dicton: Dieu corrige un Pape en donnant au monde un autre pape. Je veux admirer son oeuvre »
En somme, Ratzinger défie Bergoglio et Dieu lui-même, sûr de gagner. Le clin d’œil des auteurs du « chef-d’œuvre », qui se réjouissent qu’à la fin leur favori ait gagné et que le méchant Ratzinger ait pris une belle raclée de Dieu lui-même, est ici évident.

On objectera que la bande-annonce n’est pas le film et que la critique est prématurée. Attendons donc la sortie officielle, mais mon petit doigt me dit que le film sera pire.
Toutefois, l’opération de propagande risque de faire pschitt… et le film un flop mémorable. Le grand public, auquel il est destiné, qui ignore tout de cet épisode, ne s’intéresse pas aux histoires de l’Eglise, sauf lorsqu’il est question de sexe et de pédophilie. Bref, l’échec commercial est vraisemblable, sinon inévitable…

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