Responsable du scandale dit du Lettergate, Dario Vigano reçoit une promotion après sa fausse mise à pied: il est nommé vice-chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, dirigées par Marcelo Sorondo. Même un bergogliophile comme John Allen n’est pas dupe et trouve cela louche. Sous François, au Vatican, l’honnêteté est une option (Steve Kojek, 1 Peter 5)


La nomination de Viganò prouve une fois de plus que pour le Vatican de François, le personnel, c’est de la politique

Steve Skojek
1 Peter 5
31 août 2019
Ma traduction

Mgr Dario Viganò, l’apparatchik vatican en disgrâce à l’origine du scandale « Lettergate » de Benoît XVI en 2018, a été nommé aujourd’hui vice-chancelier des Académies pontificales des Sciences et des Sciences sociales.

Dans le souvenir récent, les catholiques qui entendent le nom de Viganò pensent sans doute surtout à l’archevêque Carlo Maria Viganò, ex-nonce apostolique aux États-Unis, qui, il y a un an ce mois-ci, a rendu public son témoignage sans précédent sur les abus sexuels dissimulés au plus haut niveau de l’Église catholique – avec des allégations qui vont jusqu’au pape actuel.

Mgr Dario Viganò a sans doute été reconnaissant que l’attention sur son nom de famille ait été détournée de lui, après la honte qu’il a causée au Vatican qui a finalement conduit à sa démission de son poste.

Pour ceux qui ont besoin qu’on leur rafraîchisse la mémoire, en 2018, le ‘petit‘ Viganò était Préfet du Secrétariat du Vatican pour la Communication. Au cours de son mandat, il a omis sélectivement des passages d’une lettre du pape émérite Benoît XVI pour faire croire qu’il louait sans réserve une série récemment publiée de 11 livrets sur la théologie du pape François, puis il a utilisé ce texte – avec une photo numérique modifiée de la lettre qui masquait des parties indésirables – comme un élément de marketing.

En réalité, bien que Benoît ait fait l’éloge de François et de l’initiative, il a aussi dit qu’il n’avait pas eu le temps de lire les fascicules, et il a carrément remis en question l’inclusion de l’un des auteurs, le professeur Peter Hünermann, qui, écrit l’ancien pape, « s’était distingué par ses initiatives anti-papales durant mon pontificat ».
Peu après, Mgr Vigano a démissionné de son poste de Préfet des Communications du Vatican, mais il a été maintenu dans un nouveau rôle de conseiller, ce qui m’a amené à demander :

La question reste ouverte de savoir s’il s’agit d’une démission seulement de nom, laissant Viganò continuer à diriger le Secrétariat depuis son nouveau poste, ou s’il a vraiment perdu la faveur du pape pour son traitement embarrassant de la lettre de Benoît XVI.

Aujourd’hui, nous avons notre réponse.
Même les types de la publication bergogliophile Crux ont pris note de l’étrangeté.
Commentant la décision, John Allen, rédacteur en chef de Crux, écrit :

Sous la direction de l’évêque argentin Marcelo Sánchez Sorondo, l’Académie pontificale des sciences sociales est devenue l’une des principales têtes de pont du Vatican pour promouvoir la vision du monde pro-immigration et anti-‘capitalisme sauvage‘ articulée par le pape François.
Parce que cette vision est controversée, l’académie l’est aussi, ce qui signifie qu’elle a souvent besoin d’une aide en matière de relations publiques. En réponse à cette lacune perçue, François a fait un geste samedi – et c’est le moins qu’on puisse dire, c’est bizarre.
(…)
Beaucoup de gens connaissant l’histoire de Viganò pourraient être tentés de dire que c’est un peu comme faire de Barry Bonds (joueur de baseball né en 1964, soupçonné d’avoir utilisé des produits dopants) votre conseiller spécial sur l’utilisation des stéroïdes au baseball, ou un peu comme confier à Bernie Madoff la responsabilité de votre réforme financière.

Allen dit que dans son nouveau rôle, « François a confié à Viganò une responsabilité spéciale pour les communications ».

Allen note que cette nomination « est donc un autre triomphe pour ce que j’ai appelé la gestion ironique des ressources humaines du Vatican. »

Elise Harris, qui a couvert en direct pour Crux la nouvelle nomination, écrit:

Le scandale, qui a poussé Viganò à démissionner, a eu lieu quelques semaines à peine après la publication du message de François à l’occasion de la Journée mondiale de la communication en 2018, consacré à la condamnation des fautes professionnelles et des « fausses nouvelles ».
François a fait appel au laïc italien Paolo Ruffini pour prendre la direction du département de communication, mais il a gardé Viganò en tant qu’assessore, une espèce de rôle consultatif qui n’avait jamais existé auparavant.
Six semaines après avoir démissionné, Viganò a de nouveau été la cible de critiques après avoir fait un exposé sur les fake news lors d’une conférence très médiatisée à Rome. Lors de la table ronde du 28 avril, intitulée « Fake news et responsabilités éthiques des médias « , Viganò a parlé de l’importance de la transparence dans les médias et a déclaré que les journalistes qui publient des informations fausses ou inexactes risquent d’ « empoisonner » leurs lecteurs, mais il n’a pas dit un mot de sa propre histoire.
Dirigées par l’archevêque argentin Marcelo Sánchez Sorondo, les académies des sciences et des sciences sociales ont eu leurs propres problèmes de communication.
Non seulement la plupart de leurs initiatives sont discrètes et peu médiatisées, mais les académies ont souvent été critiquées pour le type de personnalités qu’elles invitent à prendre la parole lors de conférences tenues au Vatican, dont plusieurs experts scientifiques consultés pour Laudato Si’, l’encyclique sur l’environnement de François, publiée en 2015.
Parmi ces personnalités figure Jeffrey Sachs, directeur du Earth Institute de l’Université Columbia, qui a été conseiller spécial de l’ancien Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, qui est membre de l’Académie et qui est connu pour promouvoir le contrôle de la population.

A vrai dire, je ne savais pas que Viganò avait eu l’audace de s’insurger contre les fake news après la débâcle. Le culot de ces hommes est vraiment spectaculaire.

Mais avec la vision et la mission très controversées de l’Académie pontificale des sciences sociales et les associations inexcusables sous la direction de Sorondo, il devient de plus en plus clair qu’ils ont besoin d’un artiste expérimenté pour les aider à communiquer.

Comme toujours avec le Vatican de François, l’honnêteté est seulement une option, les corrompus sont récompensés s’ils sont loyaux envers le patron, et le personnel est de la politique.

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