Nico Spuntoni a épluché pour la Bussola la liste des invités au prochain Synode. Sans surprise, et dans la droite ligne de l’Instrumentum laboris. On y trouve l’inévitable Jeffrey Sachs (qu’on pourrait presque qualifier de « vice-pape », ou de « numéro deux du Vatican »). Manque juste Greta Thunberg!


Synode: ONG, ONU et « climatistes » anti-Bolsonaro dans la liste

Nico Spuntoni
La NBQ
23 septembre 2019
Ma traduction

Idéologues du changement climatique et monde écologiste-indigéniste anti-Bolsonaro, comme tracé par l’Instrumentum laboris. La liste des participants au Synode sur l’Amazonie révèle une ligne précise. A cela s’ajoutent des hommes de l’ONU tels que Ban Ki-moon et les ONG de la forêt.

A quelques semaines de l’ouverture de l’Assemblée Spéciale pour la Région Panamazzonienne, le Vatican a publié la liste complète des participants. Les pères synodaux avec droit de vote seront au nombre de 185, mais participeront également à l’événement auditeurs, collaborateurs, observateurs spéciaux et représentants des communautés indigènes et évangéliques. Le Brésil se taillera la part du lion avec la plus grande délégation dans laquelle se distinguent les figures des cardinaux Hummes et João Braz de Aviz, respectivement rapporteur général et président délégué de l’assemblée.

Une liste qui toutefois ne devrait pas beaucoup plaire au Président Jair Bolsonaro: selon une indiscrétion rapportée par le journal « Clarìn », en effet, l’inquiétude de son administration pour les travaux de ce Synode serait telle qu’il aurait demandé ces dernières semaines, par l’intermédiaire de son nouvel ambassadeur auprès du Saint-Siège, Henrique da Silveira Sardinha Pinto, la présence d’un délégué gouvernemental à Rome. Désir non satisfait.

Il n’est pas étonnant que l’exécutif de droite, qui subit actuellement une forte pression internationale sur l’Amazonie, se méfie de l’Assemblée souhaitée par le Pape François. Ce n’est pas un hasard si le chef du Cabinet de la sécurité nationale, le général Augusto Heleno Ribeiro, avait explicitement parlé d' »ingérence dans les affaires intérieures du Brésil », dénonçant une prétendue alliance entre « clergé progressiste, partis de gauche et mouvements sociaux » pour utiliser le Synode et discréditer le gouvernement face à l’opinion publique internationale. L’ex- militaire s’était également plaint de l’influence des ONG dans la forêt, suggérant que cela pourrait affecter le programme de travail de l’événement qui s’ouvrira le 6 octobre.

Les évêques brésiliens s’étaient mobilisisés pour défendre les organisations non gouvernementales, avec une note dans laquelle ils parlaient de « délires dans les jugements et les discours ».

La liste des participants publiée par le Bureau de presse du Saint-Siège marque une reconnaissance significative de ce monde: parmi les invités d’honneur, on retrouve en effet les noms de Jean-Pierre Dutilleux, président de Forêt Vierge, association française créée pour la cause « indigène » et active sur le territoire contre la déforestation de l’Amazonie, Mgr Pirmin Spiegel de Misereor et le Père Miguel Heinz d’Adveniat, les deux ONG de la conférence épiscopale allemande qui ont le plus soutenu – y compris financièrement – la Repam, organisation fondée en 2014 pour organiser justement un synode de ce type.

Les autres invités spéciaux appartiennent également à un background culturel assez homogène: la liste comprend des personnalités provenant de grandes agences internationales, telles que l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le Sous-Directeur général de la FAO pour le climat et la biodiversité René Castro; le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones Victoria Tauli-Corpuz, le secrétaire général de la CIDSE Josianne Gauthier (Alliance catholique internationale des agences de développement), le leader indigène de COICA (coordination des organisations autochtones du bassin amazonien) José Gregorio Díaz Mirabal, l’économiste américain de la Columbia University Jeffrey D. Sachs, le « gentil prophète du changement climatique » et ancien conseiller de Mme Merkel, le professeur Hans J. Schellnhuber, le scientifique des études sur le réchauffement climatique Carlos Nobre et l’homme d’affaires argentin Luis Libermann, considéré dans sa patrie comme l’un des plus proches du pape.

Une compagnie unie par l’attention accordée publiquement au thème du changement climatique, et qui semble refléter le contenu écologico-indigèniste de l’Instrumentum laboris. Une orientation familière également à la majorité des auditeurs, consultants et collaborateurs qui figurent sur la liste des participants. Il y a aussi lesdits « délégués fraternels – c’est-à-dire les représentants des différentes confessions évangéliques présentes dans la région amazonienne -, majoritairement brésiliens: pasteurs de ces communautés évangéliques protagonistes d’une croissance rapide dans le pays sud-américain, qui déterminent pour la première fois le retrait du catholicisme.

Mais le monde des évangéliques brésiliens n’est pas uni sur le Synode souhaité par François: beaucoup de ces groupes, en effet, ont été les protagonistes de la victoire électorale de Bolsonaro et continuent à soutenir la ligne de son exécutif. Il suffit de regarder les médias sociaux et les commentaires des lecteurs des journaux brésiliens pour se rendre compte que les partisans de l’actuel président sont très critiques à l’égard de la direction qui semble destinée à prévaloir à l’Assemblée spéciale des évêques: certains accusent le Synode de « verser de l’essence sur les incendies éteints par les militaires » en Amazonie, d’autres se plaignent de l’absence de religiosité parmi les thèmes sur la table des travaux et d’autres voient même une « menace à la souveraineté du pays ». Une accusation, qualifiée de « pure mensonge » par Andrea Tornielli dans une interview vidéo diffusée sur le portail portugais de Vatican News.

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