Le président de la conférence des évêques allemands, conseiller papal influent et leader de la fronde allemande a rencontré François. Selon lui, l’idylle germano-romaine se poursuit sans accroc, et malgré les admonestations « sévères » en provenance de Rome de ces derniers mois, le Pape n’aurait pas élevé d’objection à la poursuite du « chemin » initié avec l’appui des laïcs.

Info ou intox? Un peu des deux, sans doute L’argent allemand n’y est sans doute pas étranger, et l’on assiste au énième épisode de ce que Steve Skojec, sur 1Peter5 qualifiait à juste titre au début du mois de « Pas de deux Rhin-Tibre » (cf. Le jeu de bonneteau de François)

Sur ce sujet, on relira aussi dans ces pages:

Marx : « Pas d’arrêt du Pape au parcours synodal »

Marco Tosatti
La NBQ
25 septembre 2019
Ma traduction

Après les lettres sévères du Vatican, le président de la Conférence épiscopale allemande a rencontré Bergoglio. Selon Marx, les principales divergences sont clarifiées et « il n’y a aucun signal d’arrêt » du « parcours synodal » à travers lequel la majorité des évêques d’Allemagne a l’intention de changer l’enseignement sur la morale sexuelle et les normes sur le célibat et l’ordination sacerdotale.

Le lundi 23 septembre, premier jour de l’assemblée d’automne des évêques allemands à Fulda, le cardinal Reinhard Marx a donné une conférence de presse dans laquelle il a parlé de sa récente rencontre avec le pape François et le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, ainsi que de ses projets pour le « parcours synodal » allemand, qui – insiste-t-il – n’est ni « un synode » ni un « concile particulier ». Les évêques allemands veulent ainsi éviter que leur « parcours » soit soumis au droit canonique. Une circonstance qui imposerait des contraintes et des limites très fortes.

Marx est venu à Rome ces derniers jours pour discuter avec le Pape et avec Ouellet, après la lettre de Bergoglio fin juin, et celles écrites par Ouellet et par le Président du Conseil pour les textes législatifs, Filippo Iannone, qui critiquaient de manière explicite et sévère certains aspects et modalités du parcours synodal allemand. Parlant de sa visite et des entretiens à Rome, qui se sont achevés le 20 septembre, le président de la Conférence épiscopale allemande a insisté sur le fait qu’ils ont été « positifs et encourageants ». Selon Marx, « il n’y a pas de stop » et il s’est agi « une rencontre constructive ». Et il a ajouté: « Je ne vois pas comment le parcours synodal serait en danger d’une façon quelconque ».

Selon les déclarations de Marx, qui est actuellement l’un des deux hommes (avec Maradiaga) les plus puissants et les plus écoutés par le Pontife, il semble que François n’ait pas dit au cardinal allemand d’interrompre le projet qui prévoit de remettre en question l’enseignement de l’Église sur le célibat sacerdotal, la morale sexuelle, le sacrement de l’ordre, ainsi que le lien entre ordination et gouvernement de l’Église.

Marx a ensuite commenté la lettre de juin du Pape aux catholiques allemands, dans laquelle il mettait en garde les prélats contre des mesures qui pourraient compromettre l’unité de l’Église. Bien entendu, le cardinal en a donné une lecture positive: « Le Pape a vraiment ouvert les portes avec sa lettre et, comme nous la comprenons, comme je la comprends – et comme j’an ai aussi trouvé confirmation dans ma conversation [avec lui] – elle indique des aspects que nous devons garder à l’esprit, et qui ne sont pas nouveaux pour nous, et que nous acceptons ».

Une question spécifique et très importante concernait l’approbation éventuelle par le Saint-Siège des statuts définitifs du parcours synodal allemand. Les évêques voteront à leur sujet ces jours-ci; et sur ce point Marx a répondu: « Une condition pour laquelle une approbation supérieure est nécessaire ? Je ne l’ai pas entendue ». Or, la lettre que Mgr Iannone avait écrite, jointe à celle du Cardinal Ouellet, soulignait précisément que les thèmes de nature à concerner toute l’Église, et pas seulement une nation, doivent être approuvés par Rome. La réponse de Marx laisse penser que dans la pratique, cette objection serait surmontée.

Il faut rappeler que le « chemin synodal » se veut « contraignant », c’est-à-dire donner des indications qui devraient être suivies par tous les diocèses d’Allemagne. Cette condition est jugée par le Saint-Siège comme étant en dehors de la « compétence » allemande, selon les lettres de Ouellet et Iannone. Et tout processus de décision doit être lié à la structure hiérarchique de l’Église; ainsi, par exemple, on ne peut pas avoir un rôle équivalent pour les évêques et les comités de laïcs. « Comment une assemblée d’une Église particulière peut-elle prendre des décisions sur les affaires de l’Église universelle et comment une conférence épiscopale peut-elle être dominée par une assemblée dont la majorité des membres ne sont pas des évêques? » écrivait Mgr Iannone.

Comme Marx l’a déclaré lors de la conférence de presse, ce point semble avoir été édulcoré, parce que le parcours synodal allemand serait vu comme une « discussion », à l’issue de laquelle les évêques d’Allemagne enverront un « votum » à Rome, demandant à Rome de poursuivre ce débat. « Bien sûr, nous ne pouvons pas, à l’aide d’un parcours synodal, supprimer le pouvoir législatif d’un diocèse », affirme l’archevêque de Munich, qui insiste également sur le fait que les évêques allemands souhaitent rester en union avec l’Église universelle. « Nous ne pouvons prendre des décisions qu’en communion avec le Pape ».

« Même cela n’est pas la fin du synode », a expliqué Marx, parce qu’alors le chemin synodal se poursuit par Rome. Le cardinal a défendu l’idée de « changer la loi de l’Église ». Et il ajoutait : « Si rien n’avait changé, nous n’aurions pas eu de concile », faisant référence au Concile Vatican II. « C’est même légitime, a ajouté Marx, de parler d’un prochain Concile; ce n’est pas interdit ».

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