Décidément, il ne fait pas bon être proche des tradis sous ce pontificat. Le mouvement né au Brésil, très florissant, très apprécié par Benoît XVI, a le gros défaut d’être lié au penseur brésilien Plinio Correa de Oliveira et au mouvement qui s’en réclame (bête noire du progressisme) « Tradition Famille Propriété » (*). Information sur La Bussola.

(*) Mouvement comme par hasard très actif ces jours-ci dans la critique contre le Synode sur l’Amazonie, à travers leur portail exhaustif Pan Amazon Synod Watch.
Voir aussi sur mon site Amazonie, ce qui est en jeu.

Benoît XVI et le fondateur, Mgr João Scognamiglio Clá Dias, 26/11/2009
es.gaudiumpress.org

En examen les « Hérauts », l’ordre qui freinait les sectes

Nico Spuntoni
La NBQ
29 septembre 2019
Ma traduction

Le pape François donne le feu vert à la nomination d’une nouvelle commission. Elle concerne l’association internationale de fidèles les « Araldi del Vangelo » (« Hérauts de l’Évangile »), nés du charisme de Pline Correa de Oliveira. L’accusation? Traditionnalisme. Mais seulement par ceux qui en sont partis. Pourtant, Benoît XVI en avait fait l’éloge comme un frein à l’avancée des sectes protestantes en Amérique latine.

Le pape François a donné le feu vert à la nomination d’une nouvelle commission. La mesure, ordonnée par la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, concerne l’association internationale de fidèles « les Hérauts de l’Evangile » et les sociétés de vie apostolique qui lui sont liées; celle cléricale, Virgo Flos Carmeli et celle féminine, Regina Virginum. La visite apostolique initiée par le même organisme vatican en 2017 arrive donc à cet épilogue. L’association, qui a obtenu la reconnaissance du droit pontifical en 2001 à la demande de Saint Jean Paul II, a été fondée par Mgr João Scognamiglio Clá Dias, disciple du penseur brésilien Plinio Correa de Oliveira.

Un « mouvement » spirituel qui se présente dans son statut comme « un instrument de sainteté dans l’Église, promouvant l’unité intime entre la foi et la vie et œuvrant pour l’évangélisation des réalités temporelles, spécialement à travers l’art et la culture ». Un charisme caractérisé par la forte dévotion de l’Eucharistie et de Marie, qui a déclaré parmi ses buts principaux la « défense de l’orthodoxie, de la pureté des coutumes et de l’esprit de la hiérarchie ».

Depuis le début du nouveau millénaire, contrairement à des réalités similaires, les Hérauts de l’Évangile ont connu un véritable « boom »: nés au Brésil, ils sont aujourd’hui présents dans 78 pays avec 4000 membres et leurs activités, telles que rapportées sur le site du Dicastère pour les laïcs, concernent plus d’un million de personnes. Un succès qui ne fait cependant pas l’unanimité: les critiques accusent en effet l’association d’être une « secte traditionaliste » et fondent leurs soupçons sur les témoignages de certains anciens membres qui en sont partis. L’enquête de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique a commencé en juin 2017, en même temps que la publication par l’ex-« adepte » Alfonso Beccar Varela de plusieurs vidéos « volées » de réunions du mouvement dans lesquelles auraient été exprimées des théories controversées.

Vidéoclips qui, selon Andrea Tornielli qui en parle dans « Vatican Insider », ont été à l’origine des vérifications entamées par l’organisme dirigé par le Cardinal João Braz de Aviz, même si la motivation officielle n’a jamais été rendue publique. Au moment de l’ouverture de l’enquête, Mgr João Scognamiglio Clá Dias avait choisi de démissionner par lettre adressée à François.

Hier, donc, épilogue de l’affaire avec la nomination comme commissaire pontifical du cardinal Raymundo Damasceno Assis, co-audité par Mgr José Aparecido Gonçalves de Almeida et par Sœur Marian Ambrosio. Le commissaire pontifical n’est pas l’un des cardinaux sud-américains les plus « progressistes » et l’un de ses assistants, Mgr Gonçalves de Almeida, vingt ans de carrière à la Curie romaine avant le début du nouveau pontificat, en tant qu’évêque auxiliaire de Brasilia s’est montré très ouvert aux groupes des catholiques dits traditionnels et n’a pas manqué de célébrer selon la forme extraordinaire. Sœur Marian Ambrosio, en revanche, qui s’occupera de la Société de vie apostolique féminine Regina Virginum, a été l’auteur de plusieurs interventions qui ont placé l' »option préférentielle pour les pauvres » au centre de sa réflexion théologique.

Entre-temps, Vatican News tient à faire savoir que « dans ce cas aussi, comme dans d’autres cas similaires, la décision du Saint-Siège ne doit pas être considérée comme une punition mais comme une initiative visant le bien des institutions de la Commission pour essayer de résoudre les problèmes existants ». Il est un fait, cependant, que dans ce cas comme dans d’autres cas similaires, les destinataires des mesures de la « main de fer » sont considérés comme des réalités liées au monde catholique qui rappelle le plus la tradition.

Selon Marco Tosatti, qui en parlait il y a deux ans sur la NBQ, « les caractéristiques qui unissent ces mouvements sont généralement au nombre de trois: ils sont liés à la tradition de l’Église (…) ; ils ont de nombreuses vocations, ce qui semble être un motif de suspicion de la part de la hiérarchie et des évêques; et ils disposent moyens substantiels ».

Rencontre du 13/4/2018
es.gaudiumpress.org

Les Hérauts de l’Évangile avaient trouvé leur pleine légitimité canonique dans l’Église sous les pontificats de saint Jean Paul II et de Benoît XVI. Ce dernier, en plus d’avoir approuvé la société cléricale et la branche féminine en 2009, les avait publiquement loués dans le livre-entretien « Lumière du monde », déclarant qu' »au Brésil, par exemple, d’un côté, il y a une forte croissance des sectes, souvent très mal comprises, car elles promettent essentiellement richesse et succès extérieur; de l’autre, nous assistons aussi à de grandes renaissances catholiques, à une floraison dynamique de nouveaux mouvements tels que les Hérauts de l’Evangile, des jeunes pleins d’enthousiasme pour avoir reconnu dans le Christ le Fils de Dieu et désireux de l’annoncer au monde« .

Le Pape émérite a ensuite continué à recevoir les membres de l’association même après sa démission [la dernière rencontre a eu lieu en janvier 2019, cf. es.gaudiumpress.org, ndt ], renouvelant à chaque occasion son appréciation pour leur apostolat et demandant des nouvelles de la démission de Mgr João Scognamiglio Clá Dias.

Share This