Le cardinal allemand, opposant historique de Benoît XVI et maître à penser de François, a accordé une interview au portail hispanophone (très progressiste) Religion Digital. L’intervieweur, José-Maria Vidal, un prêtre défroqué que nous avons souvent croisé dans ces pages avant et après mars 2013, est très proche de François. Kasper répond sans langue de bois aux questions les plus diverses, en particulier sur l’ordination d’hommes mariés et le prochain conclave…

Kasper ces jours-ci à Madrid

Présentant l’interview (traduite de l’espagnol en anglais), Peter Shojec commente:

Le portail internet en espagnol Religión Digital publie cette semaine une nouvelle interview avec le cardinal Walter Kasper, qui semble toujours apparaître dans les médias juste avant que le pape François ne fasse un autre grand pas dans l’avancement de son programme de « réforme ».
Cette fois, il parle de la possibilité du schisme, de la syntonie de l’Eglise allemande avec Rome, et des attentes non seulement pour le Synode amazonien, mais aussi pour le prochain conclave. Kasper croit, compte tenu du « verrouillage » du collège des cardinaux par le pape, qu’un pape de la même veine sera élu. « Je ne crois pas qu’un pape ‘contraire’ puisse être élu au prochain conclave », dit le cardinal allemand. « Les gens ne l’accepteraient pas »

OnePeterFive

Cardinal Kasper :

« Je ne crois pas que les gens seraient satisfaits si le prochain conclave élisait un pape d’un esprit opposé. »

José Manuel Vidal
Religion Digital
26 septembre 2019
Ma traduction (d’après OnePeterFive

C’est un ami fidèle et un défenseur du pape et il ne le cache pas. Le cardinal allemand Walter Kasper vient de se rendre à Madrid, à l’occasion de la réunion internationale pour la paix de l’archevêché de Madrid et de la communauté de San Egidio, et nous a accordé cette interview exclusive. Simple et proche, il répond à tout sans détours ni fausse prudence. Il croit que le pape n’a pas peur de « l’épouvantail du schisme » soulevé par « très peu », il dit que l’ordination des hommes mariés, après le Synode, dépendra de la décision unanime des évêques de la région, il évacue les frictions de l’Eglise allemande avec Rome et affirme avec emphase que le pape prépare sa succession, avec la nomination de nouveaux cardinaux, et que « le peuple n’acceptera pas que le prochain conclave choisisse un pape contraire ».

Vous venez de rencontrer le pape François. Est-il toujours aussi énergique?

Oui, le Pape a encore beaucoup d’énergie. Il a cette volonté intérieure qui le fait avancer et il n’a pas peur des critiques qui l’entourent, même de l’intérieur du monde catholique. Il continue sa route et semble en bonne santé pour un homme de 82 ans. La preuve en est qu’il continue à travailler sans relâche.

Il n’a même pas peur du schisme, comme il vient de le dire.

Le Pape n’a pas du tout peur du schisme.

Et vous, qu’en pensez-vous?

Je ne crois pas non plus qu’un schisme se produira. Ceux qui essaient de nous faire peur avec ce croquemitaine sont de petits groupes qui s’opposent ouvertement au Pape, mais nous devons garder à l’esprit qu’ils sont peu, très peu nombreux, mais qu’ils font beaucoup de bruit dans les médias. On ne devrait pas leur donner d’importance. [!!!]

Quelles sont vos attentes à l’égard du Synode de l’Amazonie ?

Ce Synode amazonien sera très important et significatif pour les Eglises incarnées dans les cultures de ce coin du monde.

Le Synode approuvera-t-il l’ordination sacerdotale des hommes mariés ?

La question de l’absence de vocations en Amazonie est très grave et le thème de l’ordination des hommes mariés, tout comme les autres questions, dépendra de la décision et de l’unanimité des évêques de la région en question. Le Pape, dans un esprit synodal, exécutera leurs décisions s’il y a un consensus suffisant entre les évêques.

L’Eglise allemande aura aussi un Synode et elle semble aller vers des problèmes avec le Vatican.

Oui, certains ont des problèmes avec le Vatican. Il y a toujours eu des tensions entre l’Allemagne et Rome. C’est un fait historique, mais à l’heure actuelle, je peux dire que la grande majorité des évêques allemands sont sur la même longueur d’onde que Rome. Il y a une certaine appréhension dans l’air, mais je crois qu’elle sera surmontée.

Vous êtes considéré comme l’un des piliers sur lesquels François repose.

Oui, je suis ravi de ce Pape. Je crois que ce Pape est exactement le bon pour ce moment de l’histoire du monde.

Au prochain consistoire, les cardinaux nommés par François seront majoritaires. Le Pape assure-t-il ainsi son successeur?

Oui. On a l’impression qu’avec les nouvelles nominations, le Pape veut assurer sa succession.

Dans quel sens?

Je ne crois pas qu’un Pape « contraire » puisse être élu au prochain conclave. Les gens ne l’accepteraient pas.

Qui pourrait succéder au pape François, d’après vous ?

C’est une question ouverte et on ne peut pas en dire beaucoup plus.

Êtes-vous donc convaincu qu’après François, il n’y aura pas de retour en arrière ?

Non, ce n’est pas possible. Les gens ne l’accepteraient pas parce qu’ils veulent un Pape qui soit normal, qui soit humain. Ils ne veulent pas d’un Pape impérial, comme ceux du passé.

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