Par respect pour Benoît XVI, je n’avais pas commenté la visite-invasion à Mater Ecclesiae des néo-cardinaux emmenés par François, après le consistoire du 5 octobre (*). Mais Mgr Vigano dit haut et fort, ou plutôt écrit noir sur blanc à AM Valli, qu’il n’a pas apprécié « l’ignoble instrumentalisation » qui a été faite de l’image du Pape émérite. Une opinion autorisée qui fait plaisir à lire.

(*) Voir Les nouveaux cardinaux chez le Pape émérite

Le message nous parvient par l’intermédiaire d’AM Valli, le correspondant choisi par l’ex-nonce, assorti d’une très brève présentation:


Quand Benoît XVI a averti:

« Ne parlez jamais pour obtenir les applaudissements du monde ».

AM Valli
7 octobre 2017
Ma traduction

Mgr Carlo Maria Viganò m’a écrit: une brève intervention, dans laquelle il condamne l’instrumentalisation de la visite des nouveaux cardinaux au Pape Benoît XVI et rappelle un avertissement fort que Benoît XVI lui-même a lancé en 2006.

A.M.V.


Nous avons vu dans tous les journaux télévisés les nouveaux cardinaux, emmenés par le pape Bergoglio, qui ont rendu visite au pape émérite. Les images des deux papes et des nouveaux cardinaux, voulues tout exprès et largement diffusées, ont encore une fois une fonction d’instrumentalisation mystificatrice, pour montrer l’harmonie et la continuité complète du magistère des deux papes. Il a également été rapporté que le Pape Benoît XVI aurait recommandé aux nouveaux cardinaux la fidélité et l’obéissance au pape.

En réparation de l’ignoble abus commis contre le pape émérite et de l’indigne manipulation de son image, il me semble normal et opportun qu’aux évêques réunis au Synode pour l’Amazonie pour protéger la « Mère Terre » d’où nous sommes nés et où nous allons retourner, puisse aussi parvenir un mot du Pape Benoît XVI, cette fois authentique.

Elle nous provient de l’homélie de Sa Sainteté Benoît XVI lors de la concélébration eucharistique avec les membres de la Commission théologique internationale, dans la chapelle Redemptoris Mater, le vendredi 6 octobre 2006.

« Nos paroles et nos pensées ne doivent servir qu’à ce qu’elle soit entendue, qu’elle trouve sa place dans le monde, la parole de Dieu, la Parole de Dieu. C’est ainsi, encore une fois, que nous nous trouvons invités sur ce chemin du renoncement à nos paroles ; sur ce chemin de la purification, afin que nos paroles soient le seul instrument par lequel Dieu puisse parler ».

« Dans ce contexte, je me souviens d’une belle parole tirée de la première lettre de saint Pierre, dans le premier chapitre, verset 22. En latin, il se lit comme suit : « Castificantes animas nostras in oboedentia veritatis« . L’obéissance à la vérité doit « punir » notre âme, et donc conduire à la parole juste et à l’action juste. En d’autres termes, parler pour trouver des applaudissements, parler orienté vers ce que les gens veulent entendre, parler en obéissance à la dictature de l’opinion publique, est considéré comme une sorte de prostitution du mot et de l’âme. La « chasteté » à laquelle fait allusion l’apôtre Pierre n’est pas de se soumettre à ces normes, de ne pas chercher les applaudissements, mais de chercher à obéir à la vérité. Et je pense que c’est là la vertu fondamentale du théologien, [et donc aussi du pasteur] cette discipline aussi dure d’obéissance à la vérité qui fait de nous des collaborateurs de la vérité, bouche de la vérité, parce que nous ne parlons pas dans ce fleuve des paroles d’aujourd’hui, mais vraiment purifiés et rendus chastes par obéissance à la vérité, la vérité parle en nous. Et ainsi, nous pouvons vraiment être porteurs de vérité.

w2.vatican.va

Benoît conclut ainsi son homélie :

« Celui qui t’écoute m’écoute. Quel avertissement, quel examen de conscience ces paroles ! Est-il vrai que ceux qui m’écoutent écoutent vraiment le Seigneur ? Prions et travaillons pour qu’il soit toujours plus vrai que ceux qui nous écoutent écoutent le Christ. Amen ! »

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