Les marionnettes en bois de Pachamama ont terminé leur séjour romain dans le Tibre. Bon vent! (et bravo au courageux justicier anonyme qui s’est chargé de les accompagner dans leur dernier voyage). Récit mi sarcastique mi sérieux d’Andrea Zambrano sur la Bussola.

Capture d’écran de la vidéo, la NBQ

Justice est faite: les statues païennes volent dans le Tibre

Andrea Zambrano
La NBQ
21 octobre 2019
Ma traduction

Blitz à l’aube à Santa Maria in Traspontina. Un « justicier » inconnu a fait la seule chose à faire: il est entré dans l’église où se déroulent les rites pagano-amazoniens et a pris les statuettes de Pachamama faussement attribuées à la Vierge. Arrivé à Castel Sant’Angelo, il les a jetées dans le Tibre. La vidéo devient virale. Et le geste prend un sens qui va au-delà de la Pasquinade: pour éradiquer le paganisme, il faut des moyens expéditifs et une raison droite.

« Non so che viso avesse, neppure come si chiamava » (Je ne sais pas quel visage il avait, ni comment il s’appelait… Ce sont les paroles d’une chanson célèbre « La Locomotiva » de Francesco Guccini, en 1972). Et pourtant, depuis ce matin, nous savons qu’il y a un justicier de la nuit qui a fait la seule chose qu’il fallait faire: il a pris les statuettes amazoniennes adorées dans les rites païens de ces derniers jours et qui ont indigné les fidèles de toutes les latitudes, et ils les a jetées dans le Tibre. La vidéo qui documente « l’exploit » tourne en ce moment sur internet avec une vitesse impressionnante.

Les trois statuettes conservées à Santa Maria in Transpontina et utilisées pour le rituel amazonien de pacotille de ces derniers jours, et même apportées en procession au Pape, voyagent en ce moment paisiblement à Ostie où elles vont bientôt entrer en pleine mer et enfin rejoindre la nature.

Quelqu’un est entré dans l’église de Via della Conciliazione ce matin à l’aube vers 7 heures du matin et après les avoir « furtivement » prélevées, les a jetées dans le fleuve non loin de là. Juste à la hauteur du pont sur le Tibre de Castel Sant’Angelo. La vidéo le montre qui entre dans l’église, pose la caméra sur un banc où quelques fidèles sont déjà entrés pour la prière du matin, rassemble les trois statuettes puis sort. Sur le trajet, on ne voit que le buste, une chemise bleue et les trois statuettes tenues contre lui. Une fois à Castel Sant’Angelo, où se trouvaient autrefois les prisons pontificales, l’homme place les trois statues sur le parapet du pont. Et en trois coups secs, il jette dans le fleuve les artefacts représentant une femme indigène enceinte et nue.

La vidéo s’achève sur les trois objets qui s’enfoncent dans le Tibre, et devient en quelques minutes virale. L’homme a agi sans être dérangé signe que – à l’évidence – ces statues ne devaient pas avoir une grande valeur économique. Mais pas même spirituelles, puisqu’on a essayé d’une certaine manière de les faire ressembler à une iconographie mariale inacceptable: Notre-Dame d’Amazonie. Une Marie inexistante, qu’on a fait passer comme telle pour promouvoir une ritualité tribale qui n’est rien d’autre que du folklore au goût païen. Le Synode perd ainsi l’un de ses principaux protagonistes: la petite Pochaontas, élevée au rang de déesse et maintenant disparue parmi les vagues.

C’est un geste qui va au-delà de la farce mais qui se charge de symbologies précises: le paganisme est tôt ou tard balayé par la juste raison. Même quand celle-ci suggère la manière forte. Dans les symboles païens entrés au Vatican ces jours-ci, les références à un paganisme qui est très, très proche du diabolique sont évidentes. Ainsi s’achève l’histoire des statuettes sur lesquelles le Vatican lui-même n’a jamais été capable de donner une définition iconographique juste, cachant mal embarras et non-dits. Et pourtant, la présence de ces statues, complètement étrangères à la culture catholique, a été considérée comme choquante par de nombreux fidèles et même par des prélats, comme en témoigne la position du cardinal vénézuélien Urosa, qui a critiqué avec force le syncrétisme de la kermesse dans les jardins du Vatican et le cortège d’entrée avec la Pachamama à St Pierre.

Quant à notre nouveau Pasquino (1), nous ne savons pas ce qui lui arrivera si les autorités du Vatican le découvrent et l’arrêtent pour vol de divinités. Il devra certainement avoir des justifications valables étant donné que le fait de lancer des objets imprudemment d’un pont constitue un cas de péché écologique dès qu’un tel péché sera sanctionné. Et la justification que le bois est au fond biodégradable ne vaudra rien.


NDT

(1) Pasquino est une célèbre statue de Rome, célèbre parce qu’elle est devenue parlante, entre le XVIe et le XIXe siècle. A ses pieds, mais le plus souvent à son cou, on accrochait la nuit des feuilles contenant des satires en vers, de façon anonyme, qui s’en prenaient aux plus importantes personnalités publiques: les nommées « pasquinades », dans lesquelles émergeaient, non sans un certain esprit de défi, la mauvaise humeur populaire envers le pouvoir et l’aversion pour la corruption et l’arrogance de ses représentants.

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