Dans un billet au titre quelque peu énigmatique (au moins pour nous français), le « curé madrilène » s’en prend à ses confrères qui, par peur de se compromettre, et à cause de l’atmosphère délétère qui sévit actuellement dans l’Eglise, n’osent pas dire ce qu’ils pensent et pratiquent un double (au minimum) langage. Pratique largement répandue, semble-t-il, aussi dans certains milieux romains.


C’est un peu jouer avec deux jeux de cartes

(Es poco jugar a dos barajas)

Illustration du Père Guadalix, pour son article

Père Jorge González Guadalix
infocatolica.com
9 novembre 2019
Traduction de Carlota

Il y a des experts qui jouent avec deux, trois, quatre, …un nombre élevé, infini, de jeux de cartes.
Ils sont nombreux les amis que m’adressent leur plus sincère félicitation pour ce que je publie. En privé, évidemment. Il y en a un, parfois, qui s’aventure même à m’envoyer un « whatsapp » (1) : un, seulement un, parce qu’un « whatsapp », on peut le garder et le ré-envoyer, ce qui signifie la possibilité de « montrer ses fesses ».

Il y en a aussi, il faut le dire, qui très timidement, laissent un commentaire sur le blog, évidemment sous pseudo, faudrait pas qu’on sache ce qu’ils pensent

D’autres m’appellent, ils sont un certain nombre, c’est vrai, pour me raconter, me dire, m’informer, et même me suggérer des choses à publier, se montrant horrifiés devant tout ce qui se passe. Mais pour le dire carrément et publiquement, personne. Et plus encore, tu arrives à une réunion et ceux-là mêmes qui t’ont dit A sur une affaire, ce n’est pas qu’ils se taisent, non, c’est qu’ils admettent B en public et vont jusqu’à y apporter leur soutien.

Finalement, on en arrive aux conclusions suivantes :

La première: Que là, le personnel, les curés pour bien nous comprendre, changent leurs pantalons gris noirs pour une couleur qui masque mieux leur incontinente. Allons, mais bien sûr qu’ils le font. Je ne sais pas si, en la circonstance, c’est à cause des peurs, des terreurs face aux supérieurs, ce qui ne m’étonnerait pas dans cette Église que se présente face au monde comme une mère de miséricorde, ou peut-être pour essayer de ne pas avoir d’histoire parce qu’on ne sait jamais, ce que je trouverais compréhensible chez un jeune prêtre, mais pas chez un prêtre retraité…

La deuxième : Que nous sommes plus compliqués qu’une messe version pontificale selon le rite extraordinaire, avec plus de variétés de couleur qu’un caméléon psychotique et  un vestiaire d’une variété digne de celui d’une Celia Gámez (2) qui nous amène selon les circonstances de la soutane tout ce qu’il a de classique, […], au clergyman commun, en passant par le vague faux col et  le jean, ou la chemise à carreaux.

La troisième: Que les évêques et les autres supérieurs agissent en conséquence. Les mêmes qui vous passent la main dans le dos, l’auront passée avec une identique frénésie au précédent et au précédent du précédent…et ce, alors qu’ils étaient tellement différents. Les mêmes qui en public applaudissent toute initiative ou idée épiscopale, mais qui en priver les critiquent violemment. Ou pire, en fonction de qui sera l’interlocuteur, changent d’opinion plus encore que de veste comme l’aurait fait un ancien de la Phalange devenu aujourd’hui député de « Podemos » (3). Ne pas vous y fier.

La quatrième Que tout curé qui pourrait se reconnaître au vu des précédentes conclusions, en étant découvert ou parce que l’on a mis en évidence sa condition de caméléon, a toujours la même réponse: obéissance, fidélité à l’Église et esprit de collaboration avec l’évêque.

Je ne sais pas si je m’explique bien… Et je ne sais pas si vous croyez à ce qui se passe. Chez les laics, les curés, les évêques… Également chez les évêques ?

NDT (Carlota):

(1)WhatsApp  pour ceux qui n’utilisent pas ce “truc” et dont je fais partie, quelques informations, qui ne rendent pas forcément plus clair le terme employé !  Disons un «échange » par  téléphone « intelligent », de l’anglais What’s up ? : Quoi de neuf ? Comment ça va ?. Les hispanophones utilisent plutôt le mot « Guasap ». https://fr.wikipedia.org/wiki/WhatsApp

(2) grande comédienne et danseuse hispano-argentine née en 1905, qui fit une grande partie de sa carrière en Espagne et  à qui l’on a prêté les plus illustres amants dont le roi Alphonse XIII. Elle terminera sa vie en Argentine dans une modeste résidence pour personnes âgées, atiente de la maladie d’Alzheimer.

(3) donc qui serait passé d’un extrême à l’autre de l’éventail politique, mais « y’a pas » qu’en Espagne !

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