Super Ex, l’invité récurrent de Marco Tosatti analyse le mécanisme de toute révolution (celles de 1789 et de 1917 sont les cas d’école, et la révolution bergoglienne n’échappe pas à la règle): une succession d’avancées et de pas en arrière. Après François, qui a fini par lasser tout le monde, il faut quelqu’un qui, tout en portant les mêmes idées et donc ne rompant pas la dynamique, soit son antithèse humaine: Tagle est sympathique, cultivé, bon théologien. Et, ce qui ne gâche rien « propre », càd éclaboussé par aucun scandale. Est-ce suffisant pour voir en lui le prochain Pape?

Malgré les apparences, l’auteur ne cherche pas à faire passer François pour Staline ou Robespierre (il n’a encore tué personne!), ni Tagle pour Khrouchtchev – sinon métaphoriquement: ce sont les situations, pas les hommes, qui sont comparés. Et l’analyse me paraît juste, ou du moins intéressante.


Réflexions éparses sur la défenestration de Filoni et l’ascension de Tagle

(Ma traduction)

C’était le 14 avril et le cardinal Tagle tirait la sonnette d’alarme à propos de « cordées [cordate, qu’on peut traduire par « alliances », « coalitions d’intérêt »] espérant en quelque chose que seul l’Esprit Saint peut décider ». Le cardinal faisait référence à des manœuvres présumées en vue d’un futur conclave. En lisant ce cri « désespéré », j’ai tout de suite pensé que la première poule qui chante a pondu l’œuf (la prima gallina che canta ha fatto l’uovo: quand quelque chose de déplaisant arrive, le premier à parler est généralement le coupable). En fait les termes de la question étaient déjà connus: cela fait longtemps que Bergoglio a lassé tout le monde; Tagle a été indiqué par beaucoup comme l’héritier désigné par Bergoglio lui-même.
Et voyez un peu, Tagle tire la sonnette d’alarme sur d’autres, qui aspireraient à remplacer François et… lui-même !


La question est la suivante: existe-t-il vraiment une mafia saint-galloise « à l’envers » en action? La réponse est non: c’est toujours la même mafia de Saint Gall, avec de nouveaux sujets et de vieilles idées, qui travaille pour l’après-Bergoglio comme elle a travaillé pour l’après Jean-Paul II, en vain, et pour l’après-Benoît, avec succès.

Tagle, comme le montre sa récente nomination, en est le candidat idéal.

Pourquoi Tagle ? C’est très simple: la révolution, on le sait, fait toujours trois pas en avant et un pas en arrière. Après Robespierre, la guillotine et la terreur, vient le Directoire. Après Staline, Nikita Khrouchtchev.
C’était en 1956, Staline était mort depuis trois ans, et son successeur, Khrouchtchev, dénonçait le stalinisme, dans l’ombre duquel il avait grandi et prospéré, et le « culte de la personnalité ». Il avait compris que soit le communisme se modérait, soit il finirait par être submergé par ses propres horreurs et erreurs.


Dans l’Eglise d’aujourd’hui, la même chose se produit : la guillotine de Bergoglio a exercé sa miséricorde sur trop de gens (Filoni n’est que le dernier d’une série interminable); tout comme Staline, avec ses purges, est devenu le plus grand exterminateur des communistes, ainsi Bergoglio fut le plus ardent persécuteur des prélats et des catholiques laïques fidèles à l’Evangile… Maintenant le climat est devenu insoutenable. Or, le « culte de la personnalité », construit avec la complicité des journaux ennemis de l’Église, a perdu toute crédibilité: personne ne croit plus au pape réformateur, au nouveau saint François, et il est donc temps de tourner la page avant qu’il soit trop tard.

Un autre Khrouchtchev est nécessaire pour enrayer l’hémorragie des fidèles, de la crédibilité et de l’argent: continuité, malheureusement, en hétérodoxie ; mais discontinuité dans les méthodes. Tagle est parfait pour la besogne: il n’est pas un homme impulsif, vindicatif, irascible, comme Bergoglio; il n’est pas non plus aussi grossier et aussi peu préparé théologiquement.
Il pourrait être l’homme qu’il faut pour la déstalinisation guidée. Contrairement à beaucoup d’autres pupilles de Bergoglio, de Cupich à Farrell, il n’a pas non plus de scandales économiques ou sexuels qui pèsent sur sa tête. C’est l’homme qui, en somme, est apte à recoudre une partie des lacérations humaines produites par ce mallheureux pontificat… avec Matteo Maria Zuppi (l’archevêque et néo cardinal de Bologne)

La dernière pensée que j’ai eue est le Pape Roi, Pie IX. Une fois élu en 1848, il accorda une amnistie aux prisonniers politiques, comme il était d’usage depuis longtemps. Il est probable que Tagle lui aussi, qui est rusé, a l’intention de faire la même chose. Il pourrait commencer par redonner la liberté à un ordre, les Franciscains de l’Immaculée, qui justement aux Philippines ont beaucoup de vocations et ont fait beaucoup de bonnes choses. D’une façon générale, il pourrait consacrer les 100 premiers jours à la « miséricorde », la vraie, cicatrisant les nombreuses blessures de ceux qui aiment vraiment l’Église, mais qui en ces jours l’ont ressentie plus comme une marâtre que comme une mère.

Mais si le futur pape n’était pas Tagle? Et si l’Esprit Saint voulait vraiment souffler avec force, perturbant les desseins de Bergy et de la ‘cordée’ qui le soutient ?
Comme catholique, je ne l’exclurais pas: à la fois parce que « qui entre pape au conclave en sort cardinal » [ndt: dicton souvent démenti…)], et parce que j’adore encore le Dieu qui semblait mort, et qui, après trois jours, est ressuscité.

J’ai comme le soupçon que l’histoire se répète: même l’Église, corps mystique du Christ, semble morte et enterrée… le temps de sa Résurrection est donc proche.

Super Ex

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