La rencontre prévue ce mois-ci à Assise sur « L’Économie de (saint?) François » a été reportée au mois de novembre pour cause de coronavirus. Mais le péril pour l’Église reste bien présent, et ce pourrait être la véritable conclusion du Synode pour l’Amazonie (et pas le célibat sacerdotal, comme on l’a cru). L’analyse (experte) d’Ettore Gotti-Tedeschi.

Ettore Gotti Tedeschi développe pour La Bussola une réflexion publiée la veille sur La Verità (reproduite sur le blog de Marco Tosatti).
L’introduction vaut le détour, dans le contexte d’hystérie coronaviresque actuelle, et elle a même trouvé plusieurs échos dans les infos de ce matin.

Je ne serais pas trop surpris si aujourd’hui un fanatique néo-malthusien exultait à cause du coronavirus. De même, je ne serais pas surpris si un fanatique de l’environnement exultait à la nouvelle qu’en Chine, le virus a fait chuter les émissions de Co2, concluant que le virus est bénéfique pour l’environnement. Ces considérations, apparemment cyniques, ne doivent pas surprendre.
Dans les trois premières décennies du XIXe siècle, un prêtre anglican, Robert Malthus, fondateur du malthusianisme, convaincu jusqu’à l’exaltation des maux de la croissance démographique qu’il jugeait excessive, a même appelé au retour de la peste pour la réduire.
Fasciné par cette perspective, Philip d’Edimbourg, président du WWF, a déclaré dans une interview accordée à la Deutche Agentur en 1988 que s’il devait se réincarner, il voudrait que ce soit sous la forme d’un virus mortel pour aider à résoudre le problème de la surpopulation.
Pour une certaine culture, la famine, les épidémies et les fléaux sont des moyens de contrôle, considérés comme naturels, de la population, auxquels s’ajoute un moyen extraordinaire appelé la guerre. …

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https://www.marcotosatti.com/2020/02/28/ettogre-gotti-tedeschi-coronavirus-e-assisi/

Assise part en fumée, mais pas le projet sur le nouveau bien commun

Ettore Gotti Tedeschi
La NBQ
3 mars 2020
Ma traduction

La rencontre d’Assise de fin mars sur l’économie de François a été reportée de 9 mois à cause du Coronavirus. Mais sur lui plane l’esprit du nouveau bien commun mondial défini par l’UNESCO, mais sans la doctrine sociale de l’Église.

L’annonce a été faite que la réunion d’Assise de fin mars a été reportée de 9 mois au 21 novembre. Curieux, je m’attends à quelques surprises.

Je voudrais également proposer une hypothèse originale, grâce à une métaphore, pour réfléchir aux conclusions du synode amazonien, qui devait inspirer la réunion d’Assise.

Une métaphore inspirée par le vieux proverbe chinois qui dit « Quand le doigt pointe vers la lune, il y en a qui regardent le doigt et non la lune. »
J’ai eu l’impression, confirmée par la conclusion, que le thème du célibat sacerdotal était peut-être le « doigt » et non la lune. La conclusion, en effet était qu’il ne s’agissait pas d’un synode sur le célibat. Je crains que ce soit vrai.

La lune, c’est-à-dire le véritable objectif du synode, passé inaperçu ou sous-estimé, est probablement un nouveau paradigme économique. Je crains qu’on ne puisse le comprendre qu’après la conférence d’Assise, reportée à novembre, sur « L’Économie de François ».

La lune, qui pourrait bien être le véritable objectif du Synode, était d’utiliser l’économie pour « mortifier » la religion catholique en la réduisant à une religion qui ne sait pas protéger la création, donc une religion à réformer. Comme le souci de la création est la véritable priorité et qu’il est reconnu que les religions païennes la protègent mieux, elles ont été indiquées comme exemplaires.

Ces considérations avaient déjà été faites il y a plus de dix ans par l’archevêque anglican de Canterbury, Rowan Williams, qui rappelait l’importance du poumon d’oxygène généré par les forêts brésiliennes, déplorait les incendies causés opportunément et blâmait l’esprit de développement économique au bénéfice de quelques-uns. Le président de la WWF (Philip d’Edimbourg) confirmait que les religions païennes devaient être soutenues précisément pour la protection de la nature.

Mais ce n’est pas tout, ce n’est même qu’une simple prémisse.

La conclusion du Synode souligne aussi l’importance de la relation entre la théologie écologico-environnementale et l’utilisation de l’instrument économique, utopique ou non, pour rentrer dans le rang.

De fait, la véritable conclusion du Synode, du point de vue économique, est que pour respecter la création, nous devons changer notre mode de vie, de consommation, de production. Ce qui, à plusieurs égards, pourrait être vrai mais pour rendre crédible une proposition acceptable, il faut montrer qu’on a compris les causes initiales du problème à résoudre, et pas seulement les effets.

Donc qu’on acompris que ceux qui ont contribué à provoquer ce mode de vie consumériste à l’excès, ce sont précisément les environnementalistes néo-malthusiens, qui ont réussi depuis les années 1970 à faire baisser le taux de croissance de la population (polluante) en Occident, générant un excès de consumérisme (ultra-polluant) pour compenser la baisse du PIB qui en a résulté, et rendant nécessaire la délocalisation de la production vers des pays à bas coûts, et à faible attention environnementale (hyper-polluante).

Mais curieusement ce sont justement ces environnementalistes malthusiens et ces théologiens progressistes qui sont invités aujourd’hui à proposer des solutions à la plus haute Autorité Morale.

Si l’on se livrait à des prédictions, on pourrait dire que le groupe d’experts convoqué à Assise laisse imaginer que le risque, c’est de voir suggérer des modèles de décroissance économique, selon une clé malthusiano-environnementaliste. Sans doute camouflés sous quelques pseudo principes de doctrine sociale de l’Église, ainsi que des menaces apocalyptiques.

La nouveauté, qui a pu émerger grâce au Synode amazonien, est donc un nouveau modèle économique incorporé au Magistère de l’Eglise, donc reconnu par l’Autorité Morale.

Mais une utopie qui devient Magistère risque de devenir une hérésie, de changer les principes de la morale économique. Pour donner un exemple : si le Magistère considère l’iniquité (dans le partage des richesses) comme le pire des maux sociaux, et non le péché, il renverse la vérité selon laquelle c’est la misère morale qui génère la misère matérielle. Ce n’est plus le vice, fruit du péché, engendrant chez l’homme la cupidité, l’égoïsme, l’indifférence, qui provoque la misère matérielle et l’inégalité. Non, c’est la misère matérielle qui provoque la misère morale, c’est-à-dire le péché.

Le thème principal que nous nous attendions à voir discuté à Assise se réfère au nouveau bien commun dans le monde global. Le report de 9 mois nous fait espérer qu’on pourra redimensionner la confusion créée par le « doigt » qui, en indiquant la « lune », aurait peut-être utilisé les suggestives, et vieilles mais toujours vivantes « illusions utopistes » référées au bien commun – telles que bonheur, inclusion, responsabilité, paix, égalité, fraternité, solidarité, etc. – .

Toutes choses bonnes seulement si elles sont centrées sur des références à la Vérité du Christ, et non sur un « nouvel humanisme », (sans Dieu) nécessaire pour dépasser le vieux capitalisme autoréférentiel et obsolète. Ce n’est pas un préjugé de notre part, les noms des participants prévus pour la Conférence ne laissent guère de doutes quant à cette légitime suspicion. Il ne faut pas que la lune passe inaperçue à Assise car c’est la morale catholique qui est en péril.

Elle peut en effet être modifiée en proposant de nouvelles vertus morales adaptées à l’époque, grâce à un nouveau concept d’éducation pour la protection correcte et due de la Terre Mère, qui pourrait être proposé pour remplacer la religion obsolète et inadéquate (comme il ressort des conclusions du synode amazonien). La lune que nous risquons de ne pas voir pourrait être l’esprit du nouveau bien commun mondial défini par l’UNESCO, mais sans la doctrine sociale de l’Église.

Hier, un sage prêtre, faisant référence à la conférence d’Assise, m’a fait le commentaire suivant: « Mon cher ami, cette rencontre d’Assise va enfin faire comprendre à certains que plus que d’Europe (où il y a maintenant une monnaie commune) nous devrions quitter l’Unesco-ONU avant qu’ils ne nous imposent une foi commune« .

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