le film totalement à charge contre le cardinal Barbarin, ours d’argent à Berlin et multi nominé à nos (minables par ailleurs) Césars, ce qui en dit long sur l’hostilité du monde envers l’Eglise – effet François ou pas! -. Il est toujours intéressant de savoir ce que l’on pense de nous à l’étranger. A noter: la seule salle de sa ville à proposer le film est… la salle paroissiale.

Il paraît que dans le film (que je n’ai pas vu) on apprend qu’en France, l’Eglise est « puissante »: prière de ne pas rire…


Le film sur Barbarin, diffamation d’un innocent…

Rino Cammilleri
La NBQ
3 mars 2020
Ma traduction

Il s’intitule, de façon sacrilège, « Grâce à Dieu » et a été diffusé dans les salles de cinéma en 2019, avant même le procès contre Barbarin pour avoir prétendument couvert des abus sur mineurs. Procès dans lequel le cardinal a été acquitté cette année. Mais pour le film d’Ozon, rempli de clichés, l’archevêque de Lyon était coupable a priori… Et ils lui ont même donné l’Ours d’argent.

Mais on peut faire un film qui accuse une personne alors qu’elle est encore en procès? A l’évidence, en France, oui. Nous ne savons pas si le cardinal Barbarin de Lyon a donné son accord pour être représenté. Nous savons seulement qu’en son temps, il a présenté sa démission au pape François qui l’a refusée.

Barbarin, qui a voulu affronter le procès au civil, a été acquitté en 2020, tandis que le film le concernant est sorti dans les salles en 2019. Dans ma ville, il n’avait pas été distribué, il n’y avait qu’un seul cinéma qui le présentait. Oui, vous l’avez deviné. Celui de la paroisse. D‘essai (en français dans le texte). En fait, l’idée de le proposer à ceux qui fréquentent la paroisse est juste et louable: le fléau des prêtres pédophiles est une réalité et c’est bien qu’on en parle aussi, pour ainsi dire, à la maison. Aussi parce que, comme nous venons de le voir à propos des scouts américains – des laïcs, remarquez bien – la pédophilie et la pédérastie ne sont pas le monopole du clergé catholique, bien au contraire. Mais il est inutile de brandir les statistiques des autres religions et des autres structures rassemblant des jeunes, des sportives aux scolaires: le clergé catholique est dans le collimateur, à la fois parce que cela fait impression (le clergé catholique est désormais le seul à défendre la chasteté, du moins en paroles), et parce que le mysterium iniquitatis veut et que ce soit toujours lui et lui seul qui soit sous les feux des projecteurs.

C’est bien, disions-nous, de montrer un film qui en parle. Moins bien, cependant, après l’avoir vu. En fait, il est pratiquement à sens unique et la thèse est que le cardinal de Lyon a non seulement couvert le cas montré dans le film, mais a remis le pédophile en contact avec les enfants.

L’histoire est vite racontée: il y a un type qui, comme d’habitude après trente ans, voit en photo le prêtre qui a abusé de lui quand il était enfant et qui entre en crise. Il s’active et contacte les autres abusés. Ils forment un comité qui proteste auprès du cardinal. Mais, comme le cardinal fait la sourde oreille, ils s’adressent à la police et portent plainte.

Plusieurs clichés politiquement corrects finissent dans les mailles de l’intrigue. Par exemple, dans la conversation houleuse entre la première victime et le cardinal, ce dernier mentionne l’homosexualité et la pédophilie de certains cas portés à son attention. La victime proteste immédiatement: eh, non, l’homosexualité est une simple orientation – implicite, inoffensive – alors que la pédophilie est une affaire très grave. Le spectateur, toutefois, est induit à glisser sur le fait que les victimes du prêtre pédophile dont on demande la tête sont toutes des hommes.

Et puis d’autres clichés prévisibles, comme celui qui perd la foi en Dieu à cause des abus subis et personne pour lui expliquer que parmi les Apôtres il y avait aussi Judas.

Un autre lieu commun, qui semble frapper l’imagination de l’utilisateur moyen, concerne la « puissance » de l’Eglise de France. Le comité, en effet, est mis en garde à plusieurs reprises sur le fait qu’il risque de finir comme Don Quichotte avec des moulins à vent.

C’est sûr que dans le pays le plus déchristianisé d’Europe, avec un clergé catholique numériquement réduit à presque rien, avec la franc-maçonnerie la plus importante et la plus ramifiée du continent, avec le plus grand nombre d’attaques et de profanations sur les édifices sacrés, avec les banlieues où les catholiques n’entrent même pas, avec la laïcité obligatoire imposée par l’État, parler sérieusement de la « puissance de l’Église ne peut venir à l’esprit que d’un réalisateur.

Ah, j’oubliais : le film s’intitule « Grâce à Dieu » et le réalisateur et auteur du sujet est François Ozon. Ours d’argent au Festival de Berlin (8 nominations aux Césars, mais une seule récompense, celui du meilleur second rôle masculin, ndt) …

Tout est dit.

Share This