Nous sommes heure après heure submergés de chiffres qui nous laissent abrutis: il n’est pas facile de les vérifier, sinon par recoupements d’informations, et encore moins de les interpréter. Or, les grosses disparités que l’on constate entre les pays, même voisins, contredisent ce qu’on nous a seriné depuis le début: le virus ne connaît pas les frontières. Parle-t-on de la même chose? Riccardo Cascioli tente d’analyser les données brutes, et le résultat de son enquête sérieuse, loin de tout sensationnalisme ou complotisme, a de quoi rendre – au minimum – perplexes.

J’ai inséré dans ma traduction de son article des tableaux (pas tout à fait récents…) qui permettent de se faire une idée de la situation hospitalière dans les différents pays.

Contagion et morts: les comptes ne tournent pas rond

Riccardo Cascioli
La NBQ
11 mars 2020
Ma traduction

Statistiques mondiales et italiennes : il y a trop de disparité de données entre les différents pays, et aussi entre les régions italiennes, pour ne pas avoir de doute sur l’homogénéité des chiffres présentés. Et en Italie, il y a le mystère de la Lombardie : plus de décès et plus d’hospitalisations que dans toutes les autres régions.

Les chiffres parlent, les chiffres décrivent la situation. Mais les chiffres trompent, aussi: les statistiques ne sont pas seulement la photographie de la situation, vue selon telle ou telle perspective, elles peuvent assumer des significations opposées. Le même chiffre peut être utilisé pour alarmer et rassurer.

En Italie, on est arrivé la nuit dernière à 10 149 cas, et la panique règne car les infectés croissent de jour en jour, et au rythme de croissance de ces jours, cette nuit, on pourrait avoisiner les 12 000 : c’est l’alerte rouge et toute l’Italie a été mise en quarantaine. Mais 12 000 cas, c’est 0,02 % de la population: rien; vu ainsi, ce chiffre est rassurant et les mesures décidées par le gouvernement sont incompréhensibles. En Lombardie, la région la plus touchée, la nuit dernière, il y avait 5 791 cas : c’est encore 0,057 % de la population. Dit de cette façon, cela fait moins peur.

Mais la situation dans les hôpitaux est déjà dramatique ainsi, il n’y a pas de doute, il n’est pas possible de faire face à tous les malades qui arrivent: de Milan, Brescia, Crémone, Bergame, on a des récits de guerre; et nous sommes dans la région italienne la mieux équipée pour les soins de santé. Nous n’osons pas penser à ce qui se passera dans d’autres régions si l’épidémie se répand.

Mais vient alors le soupçon que le problème réside dans les lits d’hôpitaux. Voici donc d’autres chiffres: rien qu’en Italie, au cours des dix dernières années, plus de 70 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés, et aujourd’hui, on en compte environ 192 000 au total (y compris en soins privés). Soit 3,2 lits pour mille habitants contre 5 en moyenne dans l’Union européenne.

Et encore: les places en soins intensifs sont au total d’environ 5 100: 8,5 pour 100 000 habitants, l’Allemagne en compte 35. Globalement, pour les cas aigus et les soins intensifs, l’Italie est passée de 922 lits pour 100 000 habitants en 1980 à 275 actuellement. Sommes-nous vraiment sûrs que le problème est (seulement) la propagation du virus?


Chiffres de 2018 (?)

Mais même les statistiques mondiales et nationales sur la propagation du Covid-19 sont surprenantes, suscitant des interrogations, pour ne pas dire de la perplexité.

Regardons donc le tableau global: en Chine, face à 80 757 cas confirmés, il y a eu 3 136 décès, soit 3,88%; sur la même ligne, l’Iran, avec 291 décès sur 8 042 cas (3,61%). En Italie, en revanche, les morts sont 631 sur 10 149 cas, soit 6,21%, presque le double. La Corée du Sud est certainement étonnante sur le front opposé: seulement 54 décès sur 7 513 cas, soit 0,72%. L’Allemagne est encore plus incroyable: seulement 2 décès sur 1 457 cas confirmés, soit seulement 0,14%.

Ces chiffres sont trop discordants pour ne pas susciter des interrogations et même des doutes. Sommes-nous sûrs que les mêmes critères sont utilisés pour les diagnostics et les causes de décès? Bien sûr, les stratégies de lutte contre le virus peuvent aussi avoir leur poids, mais les différences sont si grandes qu’il est difficile de penser qu’il n’y a que cela. Il faut rappeler que dans la grande majorité des cas, le coronavirus est une une des causes des décès, nous pourrions dire que dans de nombreux cas, c’est le coup de grâce classique chez des personnes déjà lourdement affaiblies par d’autres maladies, et l’attribution devient alors plus incertaine. Et c’est probablement là que réside la principale raison de la diversité des chiffres.
En tout cas, le chiffre italien est spectaculaire, presque le double du taux de mortalité par rapport à la Chine: constater qu’en Italie la population est plus âgée ne suffit certainement pas à expliquer cette différence (d’ailleurs, l’Allemagne est dans la même situation) [et la Chine? ndt].

À vrai dire, il y a un nota bene dans les données fournies par le gouvernement italien qui laisse songeur: après avoir fourni le nombre de 631 décès, le communiqué déclare textuellement:

« Ce nombre ne pourra cependant être confirmé qu’après que l’Istituto Superiore di Sanità ait établi la cause réelle du décès« .

Autrement dit, on croit comprendre qu’en cas de doute, tout est attribué au coronavirus, après quoi on vérifiera. Et à quoi pouvons-nous nous attendre? Un nombre plus ou moins égal, ou bien la découverte que le nombre de décès dus aux coronavirus a été fortement gonflé? Et surtout: quel est le critère pour attribuer la cause du décès au Covid-19, ou bien à une autre maladie antérieure?

De nombreuses questions, cependant, se posent également à l’intérieur de Italie. Pour une comparaison, prenons seulement les cinq premières régions les plus touchées: la Lombardie (5 791 cas confirmés), l’Émilie-Romagne (1 533), la Vénétie (856), le Piémont (453) et les Marches (394). On découvre qu’en Lombardie, il y a eu 468 décès (8,1%), contre 85 en Émilie-Romagne (5,5%), 26 en Vénétie (3%), 17 au Piémont (3,7%) et 13 dans les Marches (3,3%). En somme, le pourcentage de décès en Lombardie est anormal par rapport au reste de l’Italie, et c’est aussi le chiffre qui fait monter la moyenne générale du pays, étant donné qu’en Lombardie, il y a environ 84% de tous les décès italiens.

Comment expliquer cela? Certainement pas avec l’âge élevé de la population, car par rapport aux autres régions examinées, la Lombardie est de loin la plus jeune, et a également le taux de mortalité le plus bas.

Il serait intéressant que quelqu’un donne des réponses, car l’anomalie lombarde ne se limite pas aux décès. Toujours selon les données officielles fournies par le ministère de la Santé, 75% des personnes actuellement positives en Lombardie sont hospitalisées (3 319 sur 4 427). En Romagne, ils sont 47 % (669 sur 1 417), en Vénétie 26 % (204 sur 783), au Piémont 70 % (306 sur 436) et dans les Marches 39,9 % (152 sur 381). Il y a des différences considérables entre les régions, ce qui suggère qu’il existe également des critères différents pour l’admission des patients, mais la Lombardie détient un record négatif aussi dans ce cas.

Un argument analogue s’applique aux patients en soins intensifs: jusqu’à la nuit dernière, il y avait en 466 en Lombardie, soit 10,5% du total des cas actuellement positifs. En Émilie-Romagne, le pourcentage tombe à 6,9 % (98 cas); en Vénétie, à 8,5 % (67); au Piémont, 15,1 % (66) ; dans les Marches, 14,1 % (54). Comme on peut le voir, deux régions dépassent la Lombardie en pourcentage, mais il faut dire qu’elles ont des chiffres totaux beaucoup moins importants et donc plus susceptibles de changer de pourcentage. En tout cas, en Lombardie, sont hospitalisés en soins intensifs 53,13% du total en Italie, un pourcentage plus élevé que dans les cas positifs actuels, en Lombardie 51% du total.

L’évolution de la maladie en Lombardie est donc un mystère, elle semblerait d’après ces données beaucoup plus grave que dans le reste de l’Italie.

Mais est-ce vraiment le cas ou les chiffres cachent-ils une autre réalité?

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