Après la décision de fermeture hier, la hiérarchie continue à gérer la crise du coronavirus de manière erratique: la barque de Pierre navigue à vue et les timoniers, pape compris, se disputent et se renvoient la responsabilité. Sans doute François a-t-il entendu les protestations de nombreux fidèles, et même du clergé – prêtres et évêques -, et il s’est empressé de désavouer son vicaire pour Rome. Mais le mal est fait. Explications de Riccardo Cascioli.

La lettre du cardinal-vicaire De Donatis au clergé romain

Le Vatican se couvre de ridicule. D’abord, Bergoglio donne l’ordre de fermer les églises. Puis le lendemain (considérant l’indignation générale des fidèles), il change d’avis et revient en arrière. Le énième exemple d’une curie sans boussole et sans foi!!!


« Les églises de Rome rouvrent ».

Pape et cardinal-vicaire, accusations mutuelles

Riccardo Cascioli
13 mars 2020 au soir
La NBQ
Ma traduction

Un nouveau décret du cardinal vicaire de Rome, De Donatis, revient sur la décision prise quelques heures plus tôt, après que le pape ait également tonné ce matin à la messe de Sainte Marthe contre des « mesures drastiques ». Les églises de Rome rouvrent donc, mais le cardinal De Donatis écrit aux curés romains et leur révèle que la décision de les fermer venait du pape. Les protestations de nombreux fidèles et les appels téléphoniques alarmés des évêques et des cardinaux l’ont convaincu de faire marche arrière. Un spectacle déconcertant d’une hiérarchie ecclésiastique en état de confusion. Et maintenant, les évêques prennent leur courage à deux mains et rétablissent les messes avec le peuple (tout en obéissant aux dispositions de sécurité).

Contre-ordres camarades, les églises de Rome rouvrent, du moins celles « paroissiales et celles qui sont sièges de missions avec soin des âmes et des équivalent ». « Les églises non paroissiales et, plus généralement, les bâtiments de culte de toute sorte » restent fermés au public. Un nouveau décret du cardinal vicaire de Rome, Angelo De Donatis, publié le 13 mars au matin, corrige le décret publié quelques heures plus tôt, le 12 mars au soir, qui ordonnait la fermeture totale de toutes les églises du diocèse de Rome.

Une décision sensationnelle, sans précédent, la fermeture les églises avait déconcerté des millions de fidèles, non seulement à Rome et en Italie, mais dans le monde entier. Parce la valeur d’exemple que les décisions concernant Rome a pour les communautés catholiques dans toutes les parties du monde n’échappe à personne. Par ailleurs, le décret de fermeture des églises romaines suivait le communiqué de la présidence de la Conférence épiscopale italienne qui allait exactement dans le même sens en suggérant la même solution pour les églises de toute l’Italie.

Ce revirement, aussi espéré et bienvenu soit-il, n’en est pourtant pas moins déconcertant. Le nouveau décret a été précédé par la torpille lancée le matin par le pape François lors de la traditionnelle messe de 7 heures à Sainte Marthe. Priant pour les pasteurs « qui doivent accompagner le peuple de Dieu dans cette crise », le pape François a déclaré que « les mesures drastiques ne sont pas toujours bonnes » et a invoqué l’Esprit Saint pour donner aux pasteurs la capacité de prendre « des mesures qui ne laissent pas seul le saint peuple fidèle de Dieu », afin que « le peuple de Dieu se sente accompagné par les pasteurs et le réconfort de la Parole de Dieu, des sacrements et de la prière ».

Un désaveu total de la décision prise hier soir. Le pape François étant l’évêque de Rome, il laissait entendre que le cardinal De Donatis et le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la CEI, avaient convenu de mesures aussi sensationnelles dans son dos, sans le consulter. Difficile à croire, vu le profil des deux cardinaux. Mais dans la matinée, ce récit était renforcé par une interview sévère du le cardinal Konrad Krajewski, l’aumônier du pape qui était également présent à la messe à Sainte Marthe. Au journal américain en ligne Crux, Krajewski – qui entretient une relation privilégiée avec le pape – a déclaré qu’il avait ouvert son église de Santa Maria Immacolata all’Esquilino en polémique ouverte avec le décret de De Donatis. « C’est un acte de désobéissance, oui – a dit Krajewski -, j’ai moi-même exposé le Saint Sacrement et ouvert l’église ». « C’est un acte qui doit donner du courage aux autres prêtres », a-t-il ajouté. Une véritable invitation à la rébellion contre les décisions du cardinal-vicaire par un cardinal qui s’est clairement inspiré de l’évêque de Rome, le pape François.

A ce point, la volte-face est inévitable et le cardinal De Donatis est « désavoué » – tandis qu’au même moment, le cardinal Bassetti continue à siffloter en faisant semblant de rien – avec un décret qui non seulement corrige, mais change complètement de perspective par rapport à celui de quelques heures auparavant. Si dans le décret de fermeture le « bien commun », le « sentiment d’appartenance à la famille humaine », étaient utilisés comme raison, dans le décret de réouverture on se rend compte finalement que l’Église a aussi une autre mission: « Toute mesure ecclésiale de précaution doit tenir compte non seulement du bien commun de la société civile, mais aussi de ce bien unique et précieux qu’est la foi, surtout celle des plus petits ».

La narration officielle devrait donc prévoir à ce stade, selon un scénario déjà vu à plusieurs reprises, une très courte vie de De Donatis à la tête du vicariat de Rome. Mais voici un deuxième passage sensationnel. Cette fois, le cardinal-vicaire n’est pas d’humeur à jouer le rôle de l’agneau sacrificiel et ainsi, avec le nouveau décret, il a envoyé une lettre à tous les curés du diocèse romain dans laquelle il explique toutes les raisons de ce qui s’est passé et attribue au pape François la responsabilité de l’ordre de fermeture des églises : « Avec une décision sans précédent – commence la lettre aux curés – après avoir consulté notre évêque le Pape François, nous avons publié hier, 12 mars, le décret établissant la fermeture de nos églises pour trois semaines ».

La bombe est lancée. Suivent une série de considérations pour justifier ce choix et arriver ensuite à la volte-face du 13 mars : « Une nouvelle confrontation avec le pape François ce matin nous a cependant amenés à considérer une autre exigence: la fermeture de toutes nos églises peut provoquer désorientation et confusion. Le risque pour les gens est de se sentir encore plus isolés. D’où le nouveau décret qui vous est envoyé avec cette lettre ».

Incroyable: le pape et son vicaire n’ont remarqué qu’à retardement les conséquences dramatiques de la fermeture des églises pour les fidèles. Pas mal pour quelqu’un qui a fait des « pasteurs avec l’odeur des brebis » le refrain du pontificat.

La réalité est que les bougonnements et les maux de ventre dus à la suspension des messes de nombreux évêques – jusqu’à présent restés à couvert- ont explosé avec la décision de fermer même les églises. Sans parler de la réaction de nombreux fidèles, dont la NBQ est certainement aussi devenue l’interprète. Pour autant que nous le sachions, la nuit dernière, le pape a été submergé d’appels téléphoniques d’évêques et de cardinaux de la curie, afin de l’inciter à faire marche arrière.

Du reste, que la fermeture des églises n’était pas une initiative impromptue du cardinal De Donatis est démontré par le fait que, dès le mardi 10 mars, la fermeture de la basilique Saint-Pierre et de la place adjacente a été ordonnée, avec une indication claire de la direction à prendre.

La fermeture des églises évitée, reste donc le spectacle d’une hiérarchie ecclésiastique dans un état de confusion et de peur. Avec des conséquences dramatiques pour l’Église dans le monde. La malheureuse décision de suspendre les messes en Italie devient maintenant un exemple que d’autres évêques et conférences épiscopales – du Royaume-Uni aux États-Unis – suivent, bien que dans des conditions sanitaires encore moins dramatiques qu’en Italie.

À ce stade, les autres évêques devraient également prendre leur courage à deux mains et rétablir les messes avec le peuple, en suivant évidemment toutes les indications de prudence requises et selon les méthodes de bon sens que nous avons suggérées à plusieurs reprises ces jours-ci. Ce serait la meilleure contribution que l’Église pourrait désormais apporter au bien commun.

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