Ou comment essayer d’exister quand les médias vous ont oubliée. Anne Soupa est candidate à Lyon: pas pour succéder à Gérard Collomb, mais au cardinal Barbarin. Cette énormité fait réagir notre « curé de la Sierra », qui s’étonne de l’absence de réaction dans l’Eglise

Tiens, je croyais que le Carnaval était fini?…

Anne Soupa, c’est qui? Pour ceux, très excusables, qui l’aurait oublié, c’est la très… oubliée (justement!), seconde du duo comique Pedotti-Soupa, désormais réduit au chômage par l’élection en 2013 du Pape de leurs rêves, et qui avait connu son heure de gloire en créant en 2008 un bidule finement baptisé (c’est le cas de le dire!) « comité de la jupe », avant de récidiver avec une « Conférence des baptisé.e.s de France » très… genrée; l’autre ayant pondu sous pseudo – finalement éventé – il y a une dizaine d’années, surfant sur la vague férocement anti-Benoît, plusieurs romans « à clés », ou plutôt de gare, eux aussi très oubliés ‘La confession de Castelgandolfo », récit diffamatoire de l’entretien que Benoît XVI, fraîchement élu pape, avait généreusement concédé à son vieil et déloyal ennemi et « Vatican 2035 », anticipation délirante de l’Eglise que ces dames appelaient de leurs vœux.

A (re)découvrir, malgré tout, ne serait-ce que pour rire, leur grotesque expédition dans les locaux de « Libé« , le 28 mars 2009 , sous les ricanements (sic!) de la rédaction (eh oui! malgré tous leurs efforts, qu’on finit par trouver plus ridicules que méchants, pas facile de désarmer l’anticléricalisme virulent des ennemis de toujours de l’Eglise).
Ceux parmi mes lecteurs qui souhaiteraient aller plus loin (mais je doute que le sujet en vaille la peine) n’ont qu’à taper leur nom dans le moteur de recherche Google personnalisé.

Bref, pour ceux qui ont eu la patience de me suivre, Dame Soupa se trouve au fond du trou de l’anonymat, dont elle n’aurait jamais dû sortir sans La Croix (le journal… ). Et elle a fait ces jours-ci une tentative pathétique pour re-sortir de l’oubli, et se rappeler au bon (!) souvenir des médias, en se portant candidate à la succession du cardinal Barbarin à la tête du diocèse de Lyon. Disons qu’elle y a un peu réussi (juste pour 24 heures), grâce au jeu médiatique habituel qui consiste à ne donner du relief qu’à des informations soigneusement sélectionnées dans un but bien précis – ici, ridiculiser l’Eglise – au point que même dans sa Sierra reculé, le Père Guadalix en a entendu des échos, et réagit avec un commentaire sévère, moins pour elle que pour l’Eglise en général, où « il ne se passe rien », c’est-à-dire que personne ne réagit, même en présence des pires incongruités.


La candidate

Père Jorge González Guadalix
« De profesion, cura« 
27 mai 2020
www.infocatolica.com/blog/cura
Traduction de Carlota

Je n’ai eu aucun plaisir particulier à connaître tant en paroles qu’en écrits Dame Anne Soupa, qui semble être une théologienne et bibliste progressiste (et ce, d’autant plus qu’il n’en manque pas) qui vient d’obtenir ses cinq minutes de gloire en se proposant comme candidate à la succession du cardinal Barbarin à la tête de l’archidiocèse de Lyon.

Une de plus. Nous vivons dans une Église dans laquelle ce qui se vend, ce sont les dernières trouvailles du moment, et plus il y en a et mieux c’est. J’ai l’impression que jusque là nous n’avions jamais autant vu d’âneries. Aujourd’hui c’est Dame Anne Soupa, présidente, par ailleurs, d’une chose nommée « Comité de la jupe », qui s’auto-postule comme archevêquesse, et hier on octroyait cinq minutes de gloire à une religieuse nonagénaire qui avait décidé de consacrer les dernières années de sa vie à la revendication de la suppression des mitres épiscopales. Nous avons vraiment un problème.

Ces sornettes arrivent après de nombreuses années d’autres insanités qui ont acquis leur lettre de noblesse au sein de l’Église, et en face desquelles, conformément à ce qui est devenu ma devise, il ne se passe jamais rien. Aujourd’hui un prêtre célébrant la messe habillé en Superman, hier les révérendes-mères de Ste Gundisalva (1) consacrées à l’eco-yoga, l’évêque Mitrez (2) se lançant en parachute pour promouvoir les vocations, la paroisse de St Apapucio (3) reconvertie en s@n Apapucie pour la chose de l’inclusion, celle qui fut avant de Sainte Gudule, aujourd’hui appelée « Les Gudules » (4) pour ne pas discriminer les non croyants, ou le P. Quirico (5) qui vient de dépouiller Dieu de l’attribut essentiel de tout puissant.

Il ne se passe jamais rien. Dans leur grande majorité, de telles incongruités, qui ne sont pas des nouveautés, passent, sans plus de réaction qu’un sourire bienveillant, qui, je l’espère, ne cache pas, dans le fond, une acceptation. Cela semble en tout cas, lui ouvrir grand la porte. Nous savons bien que n’importe qui peut continuer à s’enfoncer au cours de sa carrière dans une ânerie apparemment la plus banale, pour obtenir, un jour, de faire l’objet d’une nouvelle dans les médias. Ce n’est pas si difficile. Il suffit que la nouvelle déclaration ridiculise un dogme, une règle, pour qu’elle soit amplifiée avec une mise en lumière, des sténographes, des théologiens et l’inébranlable adhésion d’Aradillas (6).

Maintenant, sérieusement, même si cela me coûte. Est-ce vraiment ce dont ont besoin notre monde et notre Église, ce dont ils ont besoin de toute urgence, ce qui va mener à la foi les gens, est-ce une théologienne revendiquant l’archiépiscopat pour un membre (7) du « Comité de la jupe », ou bien une quasi centenaire résolue à ce que les évêques se débarrassent de leurs mitres alors qu’elle est sûrement tellement heureuse avec les coiffes à plumes des indigènes équatoriens (8) ? Bon, nous n’allons pas comparer.

Je lis aujourd’hui que le diocèse de Munich a perdu l’année passée plus de 10 000 fidèles. En France les catholiques sont à peine 50% et 30% de la population se déclare athée. Il n’y a pas besoin d’aller si loin. En Espagne 20% des mariages sont canoniques (ndt à l’église). Pas d’inquiétude. Le problème c’est que les mitres des évêques font peur. Dès qu’elles auront été supprimées nous verrons des gens faisant la queue pour entrer dans les églises en demandant en pleurant la confession (9).

Il ne se passe rien. Il ne se passe jamais rien. Attendons la prochaine surprise. Je n’ose rien avancer. Ici aussi la réalité dépasse la fiction.

Ndt

(1 à 5) Il s’agit de noms fantaisistes et d’exemples inventés mais qui peuvent faire allusion à des faits qui sont de la même engeance.
1- De Gundisalvo au masculin, prénom rare qui peut faire penser à un célèbre traducteur de penseurs arabes et juifs, au sein de la célèbre école de traduction de l’archevêque de Tolède au XIIème siècle, mais aussi à un film satirique de la période de la Transition dont un candidat d’un nouveau parti politique « Concorde démocratique de l’Etat Espagnol », se prénommait Gundisalvo
2 – Évêque Mitrez : l’on peut penser à un jeu de mot avec le mot mitre et la terminaison en ez de nombreux patronymes espagnols.
3 – St Apapucio : Saint ermite qui vécut nu dans le désert, avec néanmoins un large chapeau. Le démon lui envoya deux femmes pour le tenter. La légende raconte que le chapeau se maintint tout seul devant ses attributs masculins.
4- Ste Gudule (Sta Gúdula en espagnol, et patronne de Bruxelles, et « Los Gudolos »)
5 – Cyriaque, nom de plusieurs saints, dont l’un est plus particulièrement vénéré à Málaga depuis la reconquête de la ville par les chrétiens contre les Mahométans.

(6) Antonio Aradillas, prêtre et journaliste espagnol né en 1928. Un curé « adulte » modèle. Suspendu de ses fonctions de prêtre en 1982 par l’archevêque de Madrid (il prônait notamment le mariage à l’église des curés et avait déjà eu des soucis avec sa hiérarchie les années précédentes). « Réhabilité », par l’évêque du diocèse de sa naissance, qui lui a offert un lieu de résidence alors qu’il fêtait ses 90 ans, il a bénéficié d’un bel article de la part de José Manuel Vidal  qui écrit notamment «En pleine identification avec le Concile et son esprit auquel il se maintint fidèlement durant l’époque dorée postconciliaire et lors de la plus grise et hivernale de l’involution wojtylienne » (ndt Jean-Paul II) , et « Il s’est toujours maintenu fidèle à l’Évangile et à Vatican II. C’est pour cela que, arrivé le printemps de François, il n’a pas eu à changer de veste ».

(7) Dans le texte en vo, l’auteur a féminisé le mot (pour l’instant, non reconnu par l’Académie Royale Espagnole)

(8) Évidemment humour, les gens revenant enfin à la confession car les évêques ont renoncé à la mitre.

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