à Louisville (Kentucky) lors des émeutes raciales consécutives à la mort d’un jeune noir tué par un policier blanc (est-ce une coïncidence que cela arrive lors d’une année d’élections où le mot d’ordre unanime des médias est « TOUS CONTRE TRUMP »?). La réaction pleine de dignité du Duc d’Anjou.

Le souvenir français aux USA est très vivant notamment pour ce qui se rapporte au soutien que le Roi Louis XVI a apporté…

Gepostet von Louis de Bourbon, Duc d’Anjou am Freitag, 29. Mai 2020

Evidemment, on pourra toujours dire que le jeune émeutier ignorait qui était Louis XVI, et ne savait donc pas (lui non plus !! on peut donc lui pardonner), ce qu’il faisait (contrairement à ceux qui fomentent les émeutes pour en tirer un profit politique).

Inutile de rappeler ici que Louis XVI fut un roi humaniste, au sens chrétien du terme. Il aurait voulu (j’emploie le conditionnel, n’étant pas sûre de la fiabilité de la source -l’abbé de Véri – du texte ci-dessous, mais cela est bien en accord avec son esprit et sa conception de sa charge) abolir l’esclavage dès son avènement, en 1774 – il avait 20 ans!


Louis XVI voulait abolir l’esclavage en 1774

Lorsqu’il devint roi, le 10 mai 1774, Louis XVI, qui n’avait pas encore 20 ans, aurait envisagé d’abolir l’esclavage dans les colonies françaises, dont le principe le choquait.

Il en aurait parlé dès l’été 1774 à son ministre de la Marine (et des colonies), l’antiesclavagiste Turgot (qui n’avait pas été nommé à ce poste par hasard).

Ce projet se serait ébruité, et une délégation représentant les armateurs négriers des ports français serait montée à Versailles pour s’opposer à ce projet, ce qui aurait eu pour effet de faire céder le jeune roi..Le sujet est évoqué de manière incidente dans le Journal  de l’abbé de Véri qui retranscrit une conversation que l’auteur aurait eue à l’époque (octobre-décembre 1775) avec Turgot.

Turgot était un anti-esclavagiste notoire. Voici le réquisitoire implacable qu’il rendait public 9 ans avant de devenir ministre (in Éphéméride du Citoyen, Paris, 4 novembre 1765, texte republié dans Œuvres de Turgot, tome 5, Paris 1808 pp 21-23)

« Ce brigandage et ce commerce règnent encore dans toute leur horreur sur les côtes de la Guinée où les Européens le fomentent pour aller acheter des noirs pour la culture des colonies d’Amérique. Les esclaves n’ont aucune justice à réclamer utilement vis-à-vis des gens qui n’ont pu les réduire en esclavage sans violer toutes les lois de l’ordre et de la morale, et tous les droits de l’humanité »

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L’abbé de Véri rapporte une conversation avec Turgot où le sujet de l’esclavage apparaît à propos de la suppression de la ferme générale (le système de collecte de l’impôt en vigueur sous l’ancien régime). Véri note que le principe d’équité imposerait que la suppression de la ferme générale, souhaitée par le Roi et son ministre Turgot, soit compensée par une indemnisation des fermiers généraux, ce que les finances publiques d’alors ne permet pas avant une date très éloignée. Il ajoute ensuite, citant Turgot, que le fait de ne pas rembourser immédiatement les fermiers généraux serait une injustice, mais que cette injustice est inférieure à celle que subit le peuple du fait de l’existence du système de la ferme générale.

L’abbé de Véri cite encore Turgot lorsque ce dernier fait un parallèle avec l’abolition de l’esclavage, dont on ne peut douter – malgré le terme de « supposition », prudemment utilisé par le ministre – qu’elle faisait alors partie des discussions qu’il pouvait avoir avec le jeune roi:

« Faisons une supposition, m’a-t-il dit [Véri rapporte les propos de Turgot], sur un sujet absolument étranger [au sujet de la ferme générale qui est l’objet de leur conversation]. Le Roi juge utile et juste de supprimer l’esclavage des nègres dans les colonies en remboursant leur valeur aux propriétaires. Il ne peut faire ce remboursement que dans dix ans pour produire un bien si considérable que la justice réclame dès aujourd’hui et qui n’aura peut-être jamais lieu si on le laisse à l’incertitude des événements ? … »

Le sens du texte, assez alambiqué il est vrai, semble être le suivant:

En supposant que le Roi veuille abolir l’esclavage, parce que ce serait à la fois utile et juste, faudrait-il différer l’abolition de l’esclavage de 10 ans au motif de l’impossibilité de rembourser les esclavagistes immédiatement ?

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Si ce texte n’est pas une preuve indiscutable de l’état d’esprit du roi Louis XVI au début de son règne, il montre suffisamment que le jeune roi, comme Turgot, considéraient très probablement l’abolition de l’esclavage non seulement comme quelque chose d’utile, mais aussi comme quelque chose de juste, au point d’ouvrir le dossier et d’étudier de quelle manière l’abolition pourrait concrètement être réalisée.

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La « supposition » de Turgot ne peut-être le fruit du hasard. Elle correspond au contraire, de toute évidence, à l’évocation d’un des sujets importants du moment.

Le fait que Louis XVI ait fait abolir le recours à la torture dans la procédure pénale et le servage sur les terres de la couronne en dit assez long sur la position humaniste qui pouvait être la sienne au début de son règne à propos de la situation dans les colonies françaises.

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http://une-autre-histoire.org/louis-xvi-voulait-abolir-lesclavage-en-1774/
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