Mgr Viganò répond à travers le blog de Marco Tosatti à un appel qui lui avait été adressé ces jours-ci par l’un des intervenants récurrents de Stilum Curiae, qui signe du pseudo « Pezzo Grosso » (« Gros Bonnet ») et que nous avons déjà croisé à plusieurs reprises dans ces pages: « Soyons chrétiens, parlons la langue du Christ! ++Que votre discours soit: Oui, oui. Non, non. Le reste vient du Malin++« 


Viganò : que faire?

Dire la vérité, parler en chrétiens: oui, oui, non, non

Comme vous vous en souvenez peut-être, « Pezzo Grosso » a adressé une lettre ouverte à Mgr Carlo Maria Viganò, lui demandant : que devons-nous faire en ces temps difficiles pour l’Église et la foi ? Voilà la réponse..

Marco Tosatti

J’ai lu avec intérêt l’appel que « Pezzo Grosso » m’a adressé dans les pages de Stilum Curiae. Comme il s’agit d’une question très sérieuse, qui à juste titre tient à cœur et concerne un grand nombre de vos lecteurs, je m’empresse d’y répondre.

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La réponse qui s’impose immédiatement à mon âme est celle que l’on trouve dans l’Évangile : « Estote parati, quia nescitis diem, neque horam » (Mt 24, 44). Nous devons nous préparer non seulement à la venue du Fils de l’homme, mais aussi à l’épreuve qui la précédera et qui nous obligera à choisir notre camp: soit avec le Christ, soit contre le Christ.

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S’il est vrai que « celui qui veille sur le vent ne sème jamais, et celui qui regarde les nuages ne récolte pas » (Eccle 11, 4), il est tout aussi vrai que le temps dont nous disposons ne nous permet pas d’attendre que le vent tombe, ni que les nuages qui obscurcissent l’Eglise s’éclaircissent, si nous voulons semer quelque chose de bon et récolter le fruit, avec la grâce de Dieu. Nous pouvons nous comporter comme des vierges prudentes: attendre avec les lampes allumées la venue de l’Époux – avec les lampes de la Foi et de la Sainte Messe, des Sacrements et de la prière. Les vierges folles, qui ne se préoccupent pas d’alimenter leurs lampes avec l’huile de la vie de grâce et de la vertu, découvriront trop tard qu’elles ne peuvent pas aller à la rencontre du Seigneur qui vient.

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Une autre chose importante est de savoir déchiffrer ce qui se passe en ce moment de l’histoire. Nous devons apprendre à connaître et à évaluer les faits, non seulement pris en eux-mêmes en tant que carreaux individuels, mais aussi dans leur placement dans la mosaïque globale qui, à la lumière de la Foi, nous permet de découvrir l’ensemble du dessin.

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Des décennies d’inflation de mots qui ont mis l’accent sur une dimension eschatologique générique de l’existence, négligeant la prédication sur les Novissimes, ne nous ont certes pas préparés à affronter l’épreuve finale, nous laissant sans défense contre l’ennemi, et même dans l’incapacité de le reconnaître, lui et ses tromperies insidieuses. Aux phrases creuses de ceux qui tentent de nous circonvenir, opposons fermement les paroles éternelles du Verbe de Dieu contre lesquelles s’écrasent les discours politiquement corrects des vierges folles. Selon certains, la vision de l’Évangile est une vision simpliste qui fait horreur à ceux qui, aimant le monde et sa mentalité fausse et hypocrite, ne peuvent aimer le Seigneur, Vérité fulgurante qui n’admet aucune exception, clivante comme l’est la lumière par rapport aux ténèbres, le bien par rapport au mal.

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Apprenons à appeler les choses par leur nom, avec simplicité et sérénité; cessons de céder aux illusions de ceux qui nous parlent de tolérance et d’accueil uniquement lorsqu’il s’agit de faire place à l’erreur et au vice; cessons de faire nôtres les mots magiques tels que dialogue, solidarité et liberté, qui dissimulent la tromperie de l’adversaire et cachent l’exploitation, la tyrannie et la persécution des dissidents.
Soyons chrétiens, parlons la langue du Christ! « Que votre discours soit: Oui, oui. Non, non. Le reste vient du Malin ». Nous nous trouvons en guerre contre un ennemi qui veut même décider les armes avec lesquels nous pouvons éventuellement lui résister. Nous l’avons laissé pénétrer jusqu’à ce qu’il profane nos autels, les sacrements, la Sainte Eucharistie! Les règles nous ont été imposées pour favoriser sans vergogne l’autre partie. Le temps est venu pour nous de refuser d’accepter cette invasion obscène et ce qui rend impossible toute action efficace de notre part pour le mettre dehors!

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Voilà, la première chose à faire est d’avoir conscience d’être en guerre avec le monde, la chair et le diable. Dans cette guerre, nous ne pouvons pas rester neutres, ni la nier, et encore moins nous ranger du côté de l’ennemi.

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Nous nous trouvons dans la situation absurde où notre commandant lui-même semble refuser de nous diriger, au contraire il semble presque flirter avec l’adversaire, nous désignant comme ennemis de la concorde et fomentateurs de schisme, tandis que nos généraux s’allient à l’adversaire et ordonnent aux troupes de déposer les armes. Il est évident que, sans l’aide de Dieu, tout espoir tombe. Et pourtant nous devons combattre, être prêts, garder les lampes allumées et nos hanches ceintes, certains qu’avec le Christ nous avons déjà vaincu. Tout ce que nous pouvons faire – la prière, en particulier le Saint Rosaire, la fidélité à nos propres devoirs d’Etat, la responsabilité envers les personnes qui nous sont confiées, le témoignage de Foi et de Charité, l’engagement social – doit être réalisé selon les possibilités de chacun et conformément à ce dont la Providence aura voulu disposer. Laissons-nous guider avec une confiance totale par le Seigneur et nous comprendrons ce qui nous est demandé, jour après jour, moment après moment.

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Avec Pezzo Grosso, je reprends la belle Oratio universalis de Clément XI : Redde me prudentem in consiliis, constantem in periculis, patientem in adversis, humilem in prosperis. Rends-moi prudent dans les conseils, fort dans le danger, patient dans l’adversité, humble dans la réussite. Discam a Te quam tenue quod terrenum, quam grande quod divinum, quam breve quod temporaneum, quam durabile quod aeternum. Puis-je apprendre de Toi combien ce qui est terrestre est fragile, combien ce qui est divin est grand, combien ce qui se passe dans le temps est bref, combien ce qui se passe dans l’éternité est durable.

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Mgr Vigano, traduction non officielle
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