C’est celle de Jean-Dominique Michel (*), elle vient de Suisse. Dans la blogosphère francophone (à part celle du Pr. Raoult et de très rares autres non alignés), il était temps! car le matraquage médiatique, indépendamment de la réalité du virus et des perspectives de rebond, devient franchement insupportable: port du masque obligatoire, micro-trottoirs bidon, « clusters » qui se multiplieraient (sans préciser de quoi il s’agit et sans jamais donner la parole à une voix discordante), menaces, tout y passe. Et tout cela en boucle, H24. Un goutte-à-goutte savamment distillé d’angoisse pure pour les malheureux destinataires. Dans un tel contexte, n’importe quelle voix alternative est la bienvenue. Mais celle de JDM s’impose (en plus) par la qualité des arguments et de la documentation qui les sous-tend.

(*) Jean-Dominique Michel est anthropologue médical. Il tient un blog sur la pate-forme de La tribune de Genève, « Anthropo-logiques » (sous-titre: Être humains en 2020, mais quelle histoire), sur lequel il a décrypté la crise au jour le jour. Une vraie mine. Il vient de publier « Covid: anatomie d’une crise sanitaire« . Inutile d’ajouter qu’il est dans le collimateur des « décodeurs » et autres chasseurs appointés de fake news, plus soucieux selon une habitude bien ancrée de discréditer la personne que d’affronter ses arguments.
Il a été interviewé le 10 juillet dernier sur Figaro Vox.

Je reproduis l’article du 19 juillet (presque) en entier, il mérite selon moi une large diffusion:

Deuxième vague.

« C’est difficile de rester silencieux »

Jean-Dominique Michel
19 juillet 2020
(Les soulignements typographiques sont de moi)

Nous vivons une époque formidable ! Alors que l’épidémie, selon les critères usuels en la matière, n’existe plus chez nous, le matraquage médiatique continue de plus belle. Avec des titres confinant au surréalisme comme celui-ci provenant de l’OFSP : nous vivons une stabilité dangereuse. Ah, la vache !

La perte des repères abondamment soulignée au long des mois sur ce blog semble ne pas être prête de prendre fin. La réalité est qu’il y a une augmentation mécanique de « nouveaux cas » due au fait que l’on teste de plus en plus. Mais corrélée à une baisse tout aussi significative en Europe des cas graves, des hospitalisations et des décès.

L’immunité de groupe -grâce notamment à l’immunité croisée avec les autres coronavirus- semble sur le point d’être atteinte, le virus a perdu (comme il est naturel) de sa virulence à la faveur d’un processus d’adaptation à la nouvelle espèce d’hôtes que nous sommes pour lui, les indicateurs sont dans l’ensemble aussi rassurants qu’il est possible de l’être… mais il en faudrait plus pour calmer la panique chronique des autorités et de la presse.

On prend comme un danger terrible la circulation résiduelle du coronavirus alors que sauf à trogloditiser durablement la population, il est normal et même bon à ce stade qu’il circule ainsi, puisqu’il le fait aujourd’hui à peu près sans dommages et essentiellement auprès des jeunes, qui ne risquent rien, hors cas bien sûr tristes mais heureusement exceptionnels.

Tout ceci alors qu’après huit mois d’épidémie worldwide, le Sars-CoV-2 a fait moitié moins de victimes que la grippe de Hong Kong de 1968-69, avec une surestimation évidente tenant à la manière de comptabiliser les décès, dont la plupart ne sont de toute manière pas dus au coronavirus mais aux conséquences de la panique qui s’est emparée de nos sociétés et des décisions qui ont été prises.

Bref, la bouffée délirante perdure et il serait tout de même temps de remettre -enfin- les choses en perspectives !

(…)

Dans ce concert de distorsions informationnelles et cognitives, la voix du Pr Yonathan Freund, médecin-urgentiste à la Pitié-Salpêtrière, s’est fait salutairement entendre. Je livre aux lectrices et lecteurs de ce blog le texte intégral du fil de Tweets qu’il a publiés avant-hier.

Le thème est le même aujourd’hui qu’hier : comment donner des informations pertinentes et mesurées qui invitent à une saine prudence sans entretenir une panique elle-même excessivement dommageable pour la population ? L’équation est évidemment complexe, mais c’est peu dire que nous sommes encore loin du compte en entretenant diligemment la panique comme continuent à le faire les médias et les autorités.

« C’est difficile de rester silencieux. Quand je vois le délire alarmiste qui envahit les médias et les réseaux sociaux, et qui fait fi de toute mesure. Des journalistes qui infantilisent, ceux qui veulent punir les français mal disciplinés.
Alors on va debunker un peu. Ma position n’est pas imprudente. Je livre une analyse que j’espère circonstanciée et critique des données. Je rappelle que si mon hypothèse est contredite par les chiffres, alors on pourra agir et ce ne sera pas trop tard.

Le délire de certains spécialistes en rien sauf en plateau télé et en consultation privée, n’ayant jamais vu un patient COVID, qui nous apprennent que l’épidémie reprend : rien ne justifie ces discours. A part la peur. Voilà deux mois qu’il existe des arguments pour douter d’une seconde vague meurtrière et d’une reprise de l’épidémie. Les épidémiologistes chefs d’entreprise vendeurs de modèles nous prédisaient 80 000 morts à la levée du confinement même avec gestes barrières. RAS.

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Il n’y a eu aucune reprise nulle part. Les évènements et comportements qu’on adorait critiquer (fête de la musique, manifestations etc.) n’ont causé aucune reprise. Il y a une circulation du virus. Il y a des nouveaux cas. Mais, et c’est le point central, toujours le même, à ce jour, il y a chaque jour, chaque semaine, de moins en moins de nouveaux cas hospitalisés ou en réanimation. Et ce partout (hors Guyanne). Alors bien sûr, on arrive à un niveau si bas que nous allons forcément voir des hausses. Quand on est tout en bas, ça ne peut qu’augmenter. Le virus n’est pas mort je le rappelle. Mais est-ce nécessaire de dire qu’on a un signal de reprise quand on passe de 1 à 3 par semaine ? On va arriver à un bruit de fond. En tout cas dans les régions déjà très touchées.

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Le R est à 2 et quelques en Bretagne [ndlr, sur la signification de ce coefficient « R », voir sur mon site: Prenez au sérieux les mesures de prophylaxie]. Alerte ! Mais non. Il y a juste eu des clusters et des dépistages systématiques. Donc des cas.

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R (on l’a déjà dit) n’a aucun sens quand l’épidémie est au point mort, outre des clusters. Aucun sens. Sur toute la Bretagne, on est passé de 6 hospitalisations la semaine dernière à 8. Est-ce une explosion ? Soyons sérieux. Bien sûr qu’il y aura toutes les semaines des régions qui verront une augmentation des cas. On part de tellement bas. En Mayenne alerte rouge ? Quasi zéro hospitalisations. Zéro.

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La décision d’imposer le port du masque est très difficile à comprendre. Pourquoi avoir pris cette décision au moment où tous les indicateurs sont au vert ? Quel est le plan ? Pour combien de temps ? Faut-il vraiment changer la société pour une durée indéterminée sans savoir si c’est nécessaire, et surtout sans savoir ce qui fera revenir en arrière ? Nous sommes nombreux à être d’accord : dans les régions fortement touchées, l’immunité est importante. Probablement suffisante, l’immunité n’est pas uniquement visible sur la sérologie. Il n’y a aucune reprise nulle part dans le monde là où l’épidémie a frappé violemment. Aucune.

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Pourquoi cette décision du port du masque obligatoire ? Pour protéger les personnes vulnérables ? Mais les personnes vulnérables se protègent. Elles peuvent respecter strictement les mesures de distanciations et autres. En revanche, il faut se poser la question : veut-on totalement arrêter la circulation du virus ? Je pense que c’est illusoire. Ou alors j’espère que vous avez du temps devant vous. La solution de le laisser circuler tout en le contrôlant est probablement la bonne. Certains disent « pour protéger les personnes vulnérables, protégez-vous ». C’est peut-être faux. Pour protéger les personnes vulnérables, protégez LES, mais si vous êtes malades puis immunisés, vous les protégerez à vie. Attention, je ne dis pas qu’il faut disséminer le virus partout. Mais vouloir à tout prix arrêter sa diffusion, partout, est illusoire et pas forcément un bon calcul à long terme.

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Il n’y a pas d’autre plan cohérent que de poursuivre les mesures de distanciations sans les renforcer, en pouvant assouplir selon l’évolution, et surveiller les vrais indicateurs (pas les appels à SOS médecin qui augmentent au début des vacances et face à l’alarmisme ambiant). Il y a une part d’incertitude dans cette maladie. Tout le monde est d’accord là-dessus. Mais pourquoi la prendre systématiquement sur le pire scénario possible ? Pourquoi une telle symbiose des médias, « experts » etc, alors que c’est incertain ? Ce n’est pas logique. »

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