Suite de l’affaire de l’exhumation des restes du Caudillo. La réaction tardive (et embarrassée) du Vatican, formulée dans la plus pure langue de buis. Et en réponse, les commentaires-mises au point de Pezzo Grosso (qui avait soulevé le lièvre il y a deux semaines), sur le blog de Marco Tosatti.

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Le Saint-Siège sur Franco. Un communiqué embarrassant (et tardif)

Dans mon article de Stilum Curiae du 9 juillet, je commentais l’interview du Premier ministre espagnol Sanchez au Corriere della Sera concernant la vengeance des communistes espagnols, qui s’étaient acharnés sur la dépouille mortelle de Francisco Franco, en l’exhumant et en la transférant contre l’avis de la famille et des bénédictins de l’Abbaye desquels il avait été enterré en 1975.

Dans l’interview du Corriere, le Premier ministre Sanchez explique, à propos de Bergoglio :

« Les relations sont sereines. François est un pape charismatique, j’espère le rencontrer. Je vais vous dire une chose : dans l’histoire de la dépouille de Franco, il m’a aidé. Dans la Valle de los Caidos, il y avait une communauté de bénédictins, très opposés à l’exhumation. J’ai demandé au Vatican d’intervenir. Et tout a été résolu ».

Le Premier ministre espagnol Sanchez a-t-il menti? Pourquoi aurait-il menti?

Le communiqué de presse du Saint-Siège d’aujourd’hui explique: (notez l’utilisation sophistiquée et affectée des expressions et des verbes)

En ce qui concerne les déclarations du président du gouvernement espagnol, M. Pedro Sánchez, dans son interview publiée le 8 juillet dernier dans le quotidien Il Corriere della Sera, il convient de préciser que le Saint-Siège, sur la question de l’exhumation de Francisco Franco, a réaffirmé à plusieurs reprises son respect de la légalité et des décisions des autorités gouvernementales et judiciaires compétentes, a sollicité le dialogue entre la famille et le gouvernement et ne s’est jamais prononcé sur l’opportunité de l’exhumation ou du lieu de la sépulture, car cela ne relève pas de sa compétence.

Parfait! en quatre lignes rédigées avec l’orgueil miséricordieux et l’arrogance habituels, et l’utilisation de sophismes machiavéliques (plus que diplomatiques), le Saint-Siège :

  • Affirme qu’il se moque du caractère sacré de la sépulture d’un chrétien, et du caractère sacré des cimetières.
  • Laisse profaner la tombe de quelqu’un qui a défendu l’Église et les prêtres pendant la guerre civile espagnole. (45 ans plus tard!!!).
  • Explique que si un « gouvernant » communiste athée, sur une question morale, lui demande de ne pas intervenir, il ne se prononce pas … Y compris en ignorant la position de la famille du défunt et en ignorant la position des Bénédictins dont il [le défunt] a lui-même fait reconstruire l’abbaye, la transformant en mausolée pour accueillir les morts des deux camps, faisant preuve de générosité et de grandeur d’âme.

La Septième « Œuvre de Miséricorde » (ensevelir les morts, ndt) s’est adaptée à la miséricorde bergoglienne.

Mais il est probable que le porte-parole qui a rédigé la note du Vatican a lui aussi menti. Ou du moins, qu’il n’a pas dit toute la vérité. Sinon, c’est le Premier ministre espagnol Sanchez qui aurait menti. Non? Voyons cela:

Premièrement – Le Vatican est intervenu pour apaiser la résistance des moines bénédictins qui ne voulaient pas que le corps soit transféré. Nous savons que (ci risulta che) le prieur des Bénédictins (l’abbé Cantera) a été dissuadé de résister. Nous savons que le prieur a été appelé par l’archevêque de Madrid le cardinal Osoro (et peut-être aussi par l’Abbé Suprême espagnol, son supérieur) pour stopper sa résistance.
Vrai ou faux ?

Deuxièmement – Le Vatican, ignorant les suppliques de la famille du général Francisco Franco, a permis la profanation du tombeau.
Vrai ou faux ?

Les héritiers de Franco contre l’exhumation: « Nous portons plainte »:
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Sept descendants de Francisco Franco ont exprimé leur opposition « ferme et unanime » à l’exhumation du défunt dictateur, se déclarant prêts pour une éventuelle bataille juridique. Cette déclaration fait suite au décret de vendredi, une proposition du gouvernement visant à transférer les restes du dictateur qui se trouvent actuellement dans le mausolée de la Valle de los Caídos, le dernier monument européen dédié à un leader fasciste. La famille a également précisé que, dans le cas d’une exhumation, elle s’occupera des restes et procédera à un enterrement chrétien. « Nous ne les laisserons pas entre les mains du gouvernement », a tonné Francis Franco, l’un des héritiers.
Mais l’espoir « que l’ordre bénédictin responsable du site empêchera cette vengeance d’Etat » a été répété.
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Repubblica, 27/8/2018 (ma traduction)

Troisièmement. Le Vatican a très probablement accueilli des pressions politiques. Le 4 octobre 2019, la vice-présidente du gouvernement espagnol (Carmen Calvo) s’était rendue chez le secrétaire d’État du Vatican, Parolin, pour empêcher le Vatican d’intervenir dans cette affaire. Le porte-parole lui-même, Greg Burke, avait déclaré dans le communiqué de presse que le Vatican ne s’opposerait pas à l’exhumation :

A propósito de la citada reunión, Burke ha querido precisar que Parolin “no se opone a la exhumación de Francisco Franco” si así lo han decidido las autoridades competentes, pero que “en ningún momento se pronunció sobre el lugar de la inhumación”

Vrai, ou faux?

Comme je le disais plus haut, il s’agit de la nouvelle Septième Œuvre de Miséricorde à la mode de Bergoglio.

Pezzo Grosso

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