C’est ce que semble croire, ou en tout cas, c’est ce qu’affirme le Père Spadaro, qui n’est pourtant ni complotiste ni illuminé (mais « éclairé », ça oui) Selon lui, François n’a pas de plan de gouvernement, « le plan, c’est qu’il n’y a pas de plan » (selon l’expression savoureuse du Père Guadalix, ex-« curé madrilène » devenu le don Camillo de la Sierra). Il reçoit directement ses ordres d’en haut – ce qui permet de faire passer tout et n’importe quoi…

La géniale illustration du site italien cronicasdepapafrancisco.com

L’actualité se succède à un tel rythme que l’on n’a pas toujours le temps de lire certains articles pourtant particulièrement percutants, en voilà donc un du 29 juillet dernier écrit par le P. Jorge Jorge González Guadalix qui a son habitude, n’y va pas de main morte ! J’ajouterai que s’il l’on s’en réfère à la conception « sparadesque » de l’Esprit Saint, où est passée la liberté donnée aux hommes par Dieu lui-même !

Carlota
8 août 2020

Le plan, c’est qu’il n’y a pas de plan

Jorge González Guadalix
29 juillet 2020
Traduction de Carlota

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est rien de moins qu’Antonio Spadaro, sj, directeur de La Civiltà Cattolica, que l’on considère depuis toujours comme la voix officieuse du Saint Siège: « François n’a pas un plan de Gouvernement, il suit l’Esprit ». Spadaro poursuit : « Si François avait une idée de réforme, il ne la mettrait pas directement en place, mais il prierait pour cela, et il attendrait la confirmation de l’Esprit ». On s’y perd.

Cela fait des années que supportons des critiques de la définition dogmatique de l’infaillibilité pontificale selon lesquelles tous sont infaillibles à l’exception du pape, surtout si le pape s’appelle Jean-Paul II ou Benoît XVI. Infaillibles les Küng, Castillo, Arregui, Aradillas ou sœur Lucía Caram (ndt noms bien connus en Espagne et notamment en ce qui concerne la religieuse, déjà évoquée notamment ici). Que l’anathème soit (ndt expression canonique latine en vo dans le texte !) sur celui qui ose porter la contradiction à de telles personnes si grandement éclairées. Ce que dit le pape c’est autre chose, évidemment non seulement il n’est pas infaillible, mais de par sa condition de pasteur suprême il est essentiellement faillible. Mieux, il l’était. Nous avons changé de pape cela fait maintenant sept ans et avec le changement de pape, un changement radical de la théologie la plus progressiste.

Les choses de François, elles n’ont aucune logique soutenable. Nous avons tous écouté ou lu des choses contradictoires. La grande sensation d’une bonne partie de l’Église catholique c’est que nous sommes installés dans un relativisme qui n’augure rien de bon. On a la sensation qu’on ne sait pas où l’on va, ni ce que l’on veut, ni a quoi obéissent les déclarations du pape François.

En une extraordinaire mauvaise foi acrobatique et sans la moindre honte, Spadaro nous balance l’explication du pourquoi de ces choses. Ce n’est pas qu’il manque un plan pastoral ou un plan pour la bonne marche de l’Église. Non. C’est qu’il a un téléphone direct avec le Saint Esprit, et l’Esprit, comme il souffle là où il veut et comme il veut, demande aujourd’hui une chose, demain une autre et après une troisième. C’est pas grave. Si l’Esprit le demande dans la prière, il n’y a rien à objecter.

Évidemment s’il en est ainsi, nous devons en tirer quelques conclusions :

La première, c’est que ce n’est pas la peine de faire perdre du temps et de l’argent au groupe du G8, ou aux autres cardinaux, en mettant en place des synodes, en demandant des avis, en lançant des enquêtes, ou en créant des groupes d’études ou de travail, car c’est inutile. Il vaut beaucoup mieux parler directement avec l’Esprit et qu’il dise ce qu’il faut dire. C’est vrai que l’Esprit peut suggérer que l’on fasse les choses comme les lois et les normes l’écrivent, et dans ce cas on le sait déjà, pas besoin de nous le répéter, ni même que ce soit l’Esprit qui le fasse, avec ses plumes et tout et tout (ndt devons-nous penser à la Pachamama ?!).

La seconde, c’est que cette affaire de l’Esprit est une grande et extraordinaire trouvaille qui sert pour tout et justifie tout. Voyons, Saint Père, et ça, quelle en est la raison ? L’Esprit me l’a suggéré ce matin au cours de la prière. Pardonnez du peu.

La troisième. Moi ce que j’en dis, c’est que cette affaire de l’Esprit, elle vaut donc pour tous. Parce que, ce que j’en dis moi, c’est que, une supposition, imaginez que j’écrive un article qui dérange et fait bondir. Il se pourrait que ce matin ce soit l’Esprit qui me l’ait demandé dans la prière. Parce que, que l’on ne me dise pas que l’on va conditionner la spontanéité de la troisième personne de la Très Sainte Trinité.

Soyons sérieux. Il n’y a personne qui comprenne les sorties du Saint-Père et il n’y a pas de moyen facile de les justifier. L’unique possibilité, c’est le truc du téléphone doré avec ampli archangélique et fond sonore du Veni Creator à travers lequel c’est l’Esprit Saint qui dicte décrets, homélies, opinions et critères. Et évidemment ce que l’Esprit Saint porte le mieux, c’est d’obtenir une Église pauvre. Encore un peu plus et ce sera, pour la gloire de Dieu, une Église misérable et en faillite. Le Vatican et beaucoup de diocèses. Et nous sommes bien proches d’y arriver à une Église pauvre. Fruit des indications de Esprit lui-même.

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