L’éditorial de Stefano Magni sur la NBQ nous alerte: l’Oms a lancé une campagne massive contre la « désinformation » sur le Covid-19, en utilisant l’intelligence artificielle et les techniques modernes de collecte de données pour faire la chasse aux bobards. Cette stratégie est la même que celle utilisée par le régime totalitaire chinois.

Sur les traces de la Chine, l’Oms contrôle l’information

Stefano Magni
La NBQ
2 septembre 2020
Ma traduction

L’Oms a lancé une campagne contre la désinformation sur le Covid-19, en utilisant l’intelligence artificielle et les techniques modernes de collecte de données pour faire la chasse aux bobards. Cette stratégie a déjà causé d’énormes dégâts dans la lutte contre l’épidémie, précisément parce qu’elle limite la confrontation entre les théories face à une maladie nouvelle. Et elle est similaire aux méthodes utilisées par le régime totalitaire chinois.

L’Organisation mondiale de la santé a lancé une campagne contre la désinformation sur le Covid-19. Avec un article sur sa page officielle du 25 août, « Immuniser le public contre la désinformation », l’Oms a confirmé qu’elle surveille le Web à la chasse des fausses nouvelles sur l’épidémie afin de lutter contre « la surabondance d’informations et la diffusion rapide de nouvelles, d’images et de vidéos trompeuses ou fausses » sur le nouveau coronavirus.

La campagne de surveillance du Web et de chasse aux bobards est menée par l’Oms en collaboration avec l’initiative Global Pulse, de l’ONU, née pour utiliser des outils modernes de collecte de données et d’intelligence artificielle au service de causes humanitaires. Le directeur de l’Oms, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a affirmé : « Nous ne combattons pas seulement le virus, mais aussi les trolls et les théoriciens du complot qui poussent à la désinformation et sapent la lutte contre l’épidémie », où par « trolls » on entend « les intrus », qui se répandent à tous les niveaux dans les forums en ligne et les réseaux sociaux. Cette « maladie » virtuelle a un nom depuis février : « infodémie« , d’abord elle a été utilisée pour indiquer une surcharge d’informations, toutes sur le Covid, puis elle a été utilisée plus spécifiquement pour indiquer toutes les fausses nouvelles et les bobards. La première conférence sur l’infodémie a été organisée par l’Oms en juin, mais déjà en février, moins d’un mois après le début de l’urgence, l’Oms a pris des dispositions avec Facebook pour contrôler la qualité des informations. Actuellement, l’agence ONU pour la santé travaille avec au moins 50 entreprises du web, y compris tous les principaux réseaux sociaux et moteurs de recherche, tels que Google, TikTok, YouTube, Twitter et Facebook, « pour s’assurer que les messages de santé de l’Organisation et d’autres sources officielles apparaissent en premier lorsqu’un utilisateur recherche des informations sur Covid-19« .

Le problème des nouvelles non fiables et des bobards est un sujet grave et non négligeable. Par exemple, jusqu’au 20 janvier 2020 au moins, après que l’épidémie se soit déjà étendue à Wuhan et à la province de Hubei et que les premiers cas aient été enregistrés en dehors de la Chine, la nouvelle a circulé que le nouveau coronavirus n’était pas transmissible entre humains, mais seulement entre animaux et humains. En février et jusqu’à la mi-mars, des conseils irresponsables circulaient sur la méthode de diagnostic par excellence, le prélèvement, considérant qu’il n’était pas très efficace et qu’il ne devait être utilisé qu’avec parcimonie sur les cas symptomatiques graves. Toujours au cours du mois de mars, selon d’autres suggestions irresponsables, le masque était superflu. La désinformation la plus dangereuse concernait les médicaments et les méthodes de traitement: par exemple, on a prétendu pendant des mois que l’hydroxychloroquine était inutile et nocive, avant que les informations ne soient corrigées, mais aujourd’hui encore, la rumeur de fond sur ce médicament est très forte. D’autres trolls ont au contraire plaisanté lourdement et conseillé aux médecins de ne pas pratiquer d’autopsie : une « plaisanterie » qui a coûté la vie à des milliers de personnes rien qu’en Italie.

Si vous n’avez pas encore compris qui est la source de tous ces bobards, informations trompeuses, suggestions irresponsables, nous vous le disons: c’est l’Organisation mondiale de la santé.

Ses dirigeants et ses fonctionnaires se justifient en disant qu’ils ont fait tout leur possible et qu’ils ont dû faire face à un nouveau virus, de sorte que des erreurs sont possibles à tous les niveaux. C’est très vrai. Mais c’est précisément pour cette raison que, face à un nouveau problème, la plus grande liberté de débat possible doit être préservée. De meilleures solutions peuvent être trouvées en confrontant une grande quantité d’expériences différentes. Mais malheureusement, toute la gestion de l’épidémie a été caractérisée par le strict respect du principe d’autorité : des hôpitaux qui suivent les directives des gouvernements qui, à leur tour, suivent celles de l’Oms. La politique « contre la désinformation » amplifie ce concept, en l’étendant à la société civile, en dehors du monde de la médecine. Non seulement on ne peut pas expérimenter des traitements et des stratégies différents de ceux indiqués par l’Oms, mais on ne peut même pas en parler en privé. Voilà le sens de toute l’opération.

Il faut dire qu’il y a un précurseur à cette stratégie : la République populaire de Chine, qui n’a pas été par hasard la première à faire face à l’épidémie et aussi la première à pratiquer la stratégie du lockdown dans sa province du Hubei. En Chine, depuis janvier, des milliers de fonctionnaires ont passé en revue toutes les conversations de leurs concitoyens sur WeChat (le réseau social chinois par excellence), effaçant tout commentaire critique, tout doute, tout exemple pris à l’étranger. L’Oms, qui suit la ligne chinoise depuis janvier (allant même jusqu’à nier, jusqu’au 20 janvier, comme Pékin, que le nouveau coronavirus pouvait se transmettre entre humains) doit avoir assimilé du Parti communiste l’habitude de la censure.

Il est regrettable de constater que les réseaux sociaux, à commencer par Facebook, jouent le jeu avec beaucoup de zèle, au lieu d’affirmer leur rôle de bastion de la liberté d’expression. Cela montre une fois de plus combien le concept de liberté est fragile dans notre monde aussi.

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